La survie de Molly Southbourne (Tome 2) de Tade Thompson

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Quatrième de couverture : 

Qui est Molly ? Une jeune femme frappée de la pire des malédictions, morte dans l’incendie de son domicile… Et pourtant là. Semblable mais différente. Qui est cette Molly ? Certains veulent la voir disparaître. D’autres brûlent de la capturer, de percer à jour les secrets de sa nature étrange.
L’objet d’enjeux qui la dépassent, voilà ce qu’est Molly. Condamnée à fuir, à tenter de survivre. Avant de peut-être, enfin, apprendre à vivre…

Editeur : Le Bélial – Collection Heure-Lumière

Nombre de pages : 128

Prix : 9,90€

Date de publication : 11 Juin 2020

Mon Avis : 

Après le coup de coeur que j’avais eu l’année dernière pour le premier tome, Les meurtres de Molly Southbourne, récompensé d’ailleurs par plusieurs prix dont le Grand Prix de l’Imaginaire 2020 très récemment, j’avais plutôt hâte de découvrir la suite. Si l’effet de surprise est passé, La survie de Molly Southbourne n’en demeure pas moins une novella efficace que j’ai beaucoup appréciée.

AVERTISSEMENT : Cette chronique comprend inévitablement des spoilers du premier tome. Si vous n’avez pas lu ce dernier, je vous conseille de ne pas poursuivre votre lecture.

Molly Southbourne est couverte de sang lorsqu’elle appelle dans une cabine téléphonique le numéro tatoué sur son bras. Non loin de là, la maison dans laquelle elle avait été retenue prisonnière est en train de brûler ainsi que sa geôlière et ses doubles maléfiques. La jeune femme le sait, elle n’est pas la vraie Molly mais elle devra vivre comme si, prendre sa place, se fondre dans la société londonienne alors même qu’elle est née seulement il y a quelques jours et qu’elle possède les souvenirs de l’originale. L’équipe qu’elle a appelée, arrive et procède au nettoyage de la scène, l’illusion est parfaite et Molly donne le change. Mais, quelques jours plus tard, alors que la jeune femme essaye de vivre une vie normale, elle est bien vite rattrapée par son passé et son instinct de survie dicte sa conduite. Lorsqu’une certaine Tamara la contacte et tente de la rassurer, Molly ne peut s’empêcher de répliquer avec violence…

Le contrepied de la première novella

Le récit débute exactement là où le premier tome s’était terminé à savoir l’incendie de la maison dans laquelle Molly (le double ou hémoclone) était emprisonnée, sa libération par sa geôlière (l’originale ou Prime) et l’appel au numéro tatoué sur le bras. Toutefois, les deux novellas sont complètement différentes :
– Si la première s’inspirait du Frankeinstein de Mary Shelley avec son récit enchâssé et se déroulait dans le passé, la seconde en revanche est complètement ancrée dans le présent.
– Le lecteur ne suit plus l’histoire de la Molly originale mais l’un de ses hémoclones qui devient l’héroïne principale et la narratrice.
– Enfin, lorsque la Prime Molly perdait du sang par accident ou lors de ses menstrues, elle créait physiquement des doubles qui au bout de quelques jours devenaient maléfiques et violents. Pour survivre, la Prime n’avait pas d’autres choix que de les tuer. L’héroïne du second tome en revanche n’a pas le pouvoir de créer des doubles physiquement. Mais hantée par les souvenirs de sa Prime et ressentant de la culpabilité pour ces meurtres, elle fait apparaître des hémoclones par le biais d’hallucinations.

De la survie physique…

A de nombreuses reprises, Molly tente d’échapper à la mort : cette survie physique participe à l’efficacité de la novella, aux rebondissements de son récit et permet de tenir en haleine le lecteur.
– cette survie débute dès les premières pages, sauvée par sa Prime, Molly parvient à s’échapper de la maison en flamme et donne le change lorsque l’organisation secrète chargée du nettoyage des scènes de crime, intervient.
– lorsqu’elle rencontre Tamara, bien que cette dernière se veut rassurante, son instinct de survie lui souffle l’idée de combattre cette intruse non seulement en employant la violence mais en privilégiant la fuite.
– enfin, l’organisation secrète chargée de protéger la Prime devient une menace pour l’hémoclone : Molly ignore si elle a été découverte mais elle voit leur rendez-vous fixé comme un piège et préfère ne pas s’y rendre.

… à la survie mentale de Molly Southbourne

Dans ma chronique précédente, j’avais développé l’idée de la Résilience : la Prime n’a malheureusement jamais réussi à l’atteindre, c’est la raison pour laquelle elle se suicide dans les premières pages et se sacrifie pour que son double survive. Malheureusement, l’hémoclone ne parvient pas à mener une vie normale. Elle est non seulement hantée par les traumatismes de la première Molly mais elle culpabilise également pour les crimes commis, à savoir les meurtres de dizaines de doubles. Ces souvenirs ont des conséquences sur le mental de l’hémoclone et elle ne parvient pas à construire sa propre identité. Au contraire, il lui arrive d’avoir des accès de violence incontrôlables (elle blesse des personnes dans la rue lors d’une crise), devient paranoïaque (pense être suivie et blesse Tamara alors que cette dernière se veut rassurante) et développe des hallucinations (les doubles tués par la Prime lui apparaissent : bien qu’ils soient inoffensifs, leur présence brouille la réalité de Molly).

Deux solutions apparaissent alors dans le récit :
– Suite à son accès de violence dans l’espace publique, Molly est incarcérée dans un hôpital psychiatrique et est droguée. Si cette solution permet de la mettre sous contrôle et de faire en sorte qu’elle ne nuise plus à la société, cela ne règle pas pour autant son problème de fond, au contraire, cela ne fait qu’empirer ses symptômes.
– Sa rencontre avec Tamara au contraire est plus déterminante : cette dernière possède le même « don » que La Prime, à savoir créer des doubles à partir de son sang. Mais contrairement à Molly, Tamara vit en harmonie avec ses doubles et a construit une véritable micro-société. Elles ont investi des espaces abandonnés et relativement grands (comme une église ou une friche industrielle) et chaque membre possède une compétence utile au groupe. L’hémoclone s’inspire alors de l’expérience de Tamara.

En conclusion, s’il est vrai que l’effet de surprise et le coup de coeur que j’avais pu ressentir à la lecture de la première novella ont complètement disparu, il n’en reste pas moins que cette suite reste de qualité. Elle comprend de nouveau un double niveau de lecture avec un récit de Science Fiction et d’horreur dans lequel Molly tente de survivre physiquement. Mais, l’auteur aborde aussi toute une partie psychologique durant laquelle la jeune femme en quête d’identité, tente de se reconstruire. Un récit vraiment poignant, haletant et bien construit à découvrir de toute urgence. Vivement le troisième tome!

Autres Avis : 

Apophis (en VO)

Le bibliocosme (Dionysos)

Célindanaé

L’épaule d’Orion 

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