Docteur Frankenstein (2015)

Introduction :

Vous allez certainement me dire : encore une énième adaptation du roman de Mary Shelley? Je ne saurai que vous répondre étant donné que c’est la première fois que j’en vois une. Certes, j’ai bien croisé le fameux Docteur comme personnage secondaire dans Van Helsing (2004) de Stephen Sommers ou dans des séries télévisées comme Once upon a Time ou Penny Dreadful. Mais, le personnage était tellement confus et déformé dans mon imaginaire que je suis revenue aux sources, en lisant le roman, il y a quelques mois pour enfin me confronter aux adaptations cinématographiques. J’ai donc choisi la plus récente : Docteur Frankenstein de Paul McGuigan, sorti en 2015.

Résumé :

Autant être claire tout de suite, le Docteur Frankenstein est une adaptation (très) libre  de Frankenstein ou le Prométhéé Moderne de Mary Shelley. Les puristes seront forcément déçus : seuls les personnages du Docteur et de sa créature ont été conservés. Dans l’Angleterre du XIXème siècle, le Docteur Frankenstein (James McAvoy) fait la rencontre d’Igor (Daniel Radcliffe) dans le cirque où il est exploité comme clown. Remarquant ses extraordinaires aptitudes en médecine, il décide de le faire évader et de le prendre comme assistant pour ses recherches. Mais, sitôt arrivé dans son Laboratoire, le mystérieux Docteur se révèle très vite être dérangé et ses travaux inquiétants…

Les Points faibles :

Adapter (même très librement) un roman culte de Science Fiction ne constitue pas pour moi un point faible. Au contraire, il s’agit pour un réalisateur de se réapproprier une oeuvre et de faire parler son imagination. En revanche, je serai plus critique lorsque cette adaptation ne s’affranchit pas des clichés mais traîne au contraire des idées reçues développées ultérieurement dans les autres films.

– la figure du Savant Fou :  il convient de rappeler que dans le roman de Mary Shelley, le Docteur n’est pas un Savant Fou, recherchant la gloire et la Renommée. Il est juste un passionné, mû par la curiosité scientifique, qui tombe progressivement dans le désespoir car sa Créature commet des méfaits.

– la créature décérébrée : dans le roman, la Créature de Frankenstein est douée de parole, de sensibilité et d’une certaine culture intellectuelle. Dans le film, elle est juste un « monstre » qui n’a pour seul atout sa grande force physique…

Pour rentrer un peu plus dans le coeur du sujet, le film souffre également de quelques incohérences scénaristiques. Je citerai pour exemple, le personnage d’Igor joué par Daniel Radcliffe. Au début du film, ce dernier est un bossu employé comme clown dans un cirque : à priori, il n’a aucune formation médicale, juste quelques ouvrages scientifiques trouvés, on ne sait où. Mais, ce dernier semble développer de grandes aptitudes lorsqu’il doit soigner une acrobate d’une chûte accidentelle. Pour ma part, je n’ai pas trouvé cela crédible.

Les Points forts :

Si le film souffre de clichés et de quelques incohérences, il possède surtout une très belle esthétique : les décors et costumes sont beaux et soignés. Même la Londres du XIXème siècle reconstituée numériquement est de qualité et paraît très onirique. Je citerai également le Laboratoire du Docteur Frankenstein, sombre et inquiétant, niché au coeur d’une ancienne maison aristocratique londonienne. La mise en scène n’est pas en reste : j’ai particulièrement apprécié au début du film la superposition de planches anatomiques sur le corps du lion ou sur celui de la jeune acrobate. Cela m’a beaucoup fait penser à un livre dérangeant mais magnifique que j’avais lu, l’année dernière : Le Cabinet du Docteur Black de Hudspeth.

La musique signée Craig Armstrong (Elizabeth l’Age d’or ou Loin de la foule déchaînée) est tout juste grandiose et m’a complètement immergée dans le film. Difficile de ne pas reconnaître les grandes envolées lyriques, si reconnaissables du style du compositeur. Si vous ne connaissez pas Craig Armstrong,  je vous invite très fortement à aller écouter ses compositions Storm d’Elizabeth l’Age d’Or ou Escape de Plunkett & Macleane.

Et enfin, je voulais revenir sur la performance très inspirée de James McAvoy (X-Men,  Reviens-moi). En effet, si Daniel Radcliffe (désolée pour les fans d’Harry Potter) m’a paru un peu fade, en revanche, la prestation de James McAvoy m’a époustouflé. Il interprête à la perfection un Docteur Frankenstein névrosé, arrogant, excentrique et très conscient de sa valeur. Malheureusement, je n’ai pu voir le film qu’en version française (je tiens d’ailleurs à la signaler, le doublage n’était pour une fois pas mauvais) mais j’imagine qu’en version originale, le jeu d’acteur devait être décuplé.

Conclusion : 

Si le Docteur Frankenstein est un oeuvre cinématographique créative et esthétique qui s’affranchit du roman original et l’assume ; elle ne brille pas en revanche, par son originalité et aura bien du mal à se démarquer des précédentes adaptations.

Note 3,5/5

4 commentaires

  1. Tu oublies une adaptation importante !! Celle co-réalisée avec Coppola !
    Concernant celle-là, de ce que tu écris, ça ne donne pas particulièrement envie de s’y plonger.

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  2. Disons que c’est la seule et unique adaptation que j’ai vue jusqu’à aujourd’hui. Ceci dit, j’ai bien aimé le Dracula de Coppola donc j’irai jeté un coup d’œil : merci de ta suggestion.

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  3. James McAvoy est un acteur formidable ! Mais ce film est complètement passé inaperçu ma parole ! Moi qui adore cet acteur et surveille toujours les films qui sortent, eh bien je ne me souviens pas du tout en avoir entendu parler… Très bonne critique filmographique ne tout cas !

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    • Bonjour Dedanso, un très grand merci pour ton commentaire encourageant : critiquer les films est tout nouveau pour moi. N’hésite pas à le voir tout de même juste pour la prestation de l’acteur.
      Bonne soirée,
      Aelinel

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