Introduction :
Dès qu’une adaptation cinématographique d’une pièce de Shakespeare sort (encore plus s’il s’agit d’une tragédie), c’est plus fort que moi, il faut absolument que je la voie! J’avais d’ailleurs relu à cette occasion Macbeth pour mieux me préparer à la séance. Malheureusement, j’ai manqué sa sortie en novembre, car le film n’est resté à l’affiche qu’une semaine sur Grenoble et dans un seul cinéma. Je me rattrape donc avec la sortie DVD.
Résumé :
Au XIème siècle, Macbeth, un chef de guerre écossais, vient de remporter courageusement une grande bataille contre les Norvégiens qui avaient envahi le pays. Sur le chemin du retour et accompagné de son fidèle Banquo, ils rencontrent trois sorcières qui leur font une prédiction. Macbeth, après avoir été nommé Thane de Cawdor par son Roi Duncan Ier, deviendra souverain à son tour. Quant à Banquo, s’il ne deviendra pas lui-même roi, ses descendants monteront sur le trône. Encore abasourdis par cette étrange vision, les deux hommes sont rejoints par le Thane de Ross qui leur notifie que Macbeth vient d’être promu Thane de Cawdor par Duncan Ier, afin de le récompenser de sa bravoure…
Les points faibles :
Cette nouvelle adaptation de Macbeth par Justin Kurzel peut paraître assez longue, voire ennuyeuse, de prime abord. En effet, le réalisateur prend son temps pour poser son intrigue. Pour ma part, cela ne m’a pas dérangé mais cela pourrait néanmoins, déconcerter le spectateur néophyte. Je préfère donc avertir ce dernier qu’il ne faut pas s’attendre à un film d’action.
Le second point faible, selon moi, est le choix discutable de certains décors architecturaux.
– Dans la pièce originale, le Roi Duncan Ier est l’hôte de Macbeth et accueilli en son château d’Inverness. Dans le film, le Roi Duncan réside bien sur le domaine de Macbeth mais demeure dans sa propre tente. J’avoue que ce choix scénaristique m’a semblé quelque peu étrange. Macbeth est Thane (l’équivalent écossais d’un aristocrate), proche du Roi et possède son propre château. Pour quelles raisons aurait-il laissé le Roi dormir dehors dans sa propre tente? Cela ne va-t’il pas à l’encontre des lois de l’Hospitalité et du respect dû à son souverain? De plus, accueillir son propre souverain en son château ne devrait-il pas être synonyme de prestige?
– Un peu plus loin, lorsque Macbeth devient Roi, il réside alors au Palais Royal de Fores. Le décor architectural du film ressemble davantage à une église/cathédrale gothique qu’à un Palais Royal. J’avais décelé le même problème dans le film Elizabeth l’Age d’or. Cela m’a beaucoup gêné, d’autant plus que l’Art Gothique, ne sera inventé qu’un siècle plus tard en France…
Les points forts :
Hormis, les quelques écueils recensés plus haut, Macbeth de Justin Kurzel m’a beaucoup plu : elle est une oeuvre soignée et remarquable.
Elle possède tout d’abord une mise en scène originale et extrêmement esthétique. Je citerai en exemple deux scènes du film.
– La première est la scène de bataille qui oppose les Norvégiens aux Écossais, au tout début du film. L’alternance entre des plans rapides et ralentis met en exergue le personnage de Macbeth et dénonce déjà toute l’ambiguïté de son personnage : inquiétant et en même temps courageux.
– La seconde scène est une des dernières du film avec la confrontation entre Macbeth et Macduff, sous fond d’incendie de la forêt de Birnam. Cette séquence de toute beauté m’a complètement happé. La couleur rouge omniprésente de la fumée est oppressante et laisse présager la fin du film : il s’en dégage une grande poésie et un esthétisme prenant.
De plus, si les décors architecturaux minimalistes et peu cohérents ne m’ont pas vraiment convaincu, les paysages naturels écossais m’ont émerveillé. J’en avais déjà eu un petit aperçu dans le film Rob Roy avec Liam Neeson et Skyfall avec Daniel Craig, plus récemment. Mais, ce film est une véritable promotion pour cette région : qui après avoir vu Macbeth, n’a pas envie de programmer ses prochaines vacances en Écosse, pour voir de ses propres yeux, ces paysages sauvages et sublimes?
Enfin, je terminerai sur le jeu inspiré des acteurs : interprêter le personnage de Macbeth et celui de son épouse n’est pas une simple gageure. Ces deux rôles sont connus pour être difficiles car les deux personnages principaux versent progressivement de la culpabilité à la paranoïa pour enfin atteindre la folie. Mickaël Fassbender s’en sort vraiment très bien : il campe un Macbeth assez terrifiant. J’avais déjà rencontré cet acteur dans X-Men mais son rôle ne m’avait pas vraiment marqué. En revanche, je l’avais adoré dans Jane Eyre, dans le rôle de Mr Edward Rochester, bien que le personnage du roman est censé ne pas être « beau »! En ce qui concerne Marion Cotillard, je m’attendais à une prestation beaucoup plus spectaculaire de Lady Macbeth. Bien que je n’aime pas beaucoup cette actrice, elle m’a semblé convaincante, notamment dans la scène de l’église, dans laquelle elle sombre dans la folie.
En conclusion :
Cette nouvelle adaptation de Macdeth est une vraie réussite, certes un peu longue, mais tellement esthétique et poétique. Je la recommande amplement. Si elle ravira aisément les amateurs du dramaturge anglais, j’ai bien peur en revanche, qu’elle déstabilisera les néophytes.
Note 4/5
Eh ben… tu as aimé!!!
Commentaires très intéressants et instructifs. J’ai hâte au prochain.
J’aimeJ’aime
Merci Marianna!^^
J’aimeJ’aime