Quatrième de couverture :
Le « jeune-de-banlieue », c’est l’ogre des temps modernes. Arabe mal rasé de 13-30 ans vêtu d’un survêtement à capuche, il se promène avec un cocktail Molotov dans une main et un couteau à cran d’arrêt dans l’autre. Il fume du shit dans les cages d’ascenseur. Il brûle des voitures. Il gagne sa vie grâce à des trafics et en fraudant les allocations sociales. Sa sexualité consiste à violer les filles en bande dans des caves ; sa spiritualité, à écouter les prêches djihadistes de l' »islam-des-banlieues », dans des caves également.
Il hait la France, l’ordre, et bien sûr, il déteste les Français (comprendre : « les Blancs »). Il aime le djihad et l’islamisme. Son rêve : partir en Syrie se battre aux côtés d’Al Qaïda ou de Daech, pour ensuite revenir en France commettre des attentats. Il ne serait donc pas étonnant que les parents disent bientôt à leurs enfants : « Si tu n’es pas sage, le jeune-de-banlieue viendra te chercher. » La réalité est moins spectaculaire.
Les jeunes de banlieue sont plus d’1 million : 98 % ne sont ni délinquants ni dans des bandes. L’ascenseur social étant à l’arrêt depuis longtemps, seule une minorité arrive à s’en sortir. Une minorité plus marginale vit de trafics. Une minorité plus marginale encore sombre dans l’intégrisme religieux. Mais pour l’écrasante majorité, la réalité, c’est une galère de jeune pauvre urbain qui vivote entre le chômage, la « débrouille » et les emplois précaires.
Thomas Guénolé nous décrit sans concession la balianophobie : ce mélange de peur et de haine envers le monstrueux « jeune-de-banlieue » inonde nos classes moyennes, nos médias, notre cinéma, nos élites. Sur l’insécurité, les bandes, l’islam, la sexualité, l’argot des banlieues, il remplace méthodiquement les clichés par la réalité. Il nous décrit ensuite la vie des 98 % : les vrais jeunes de banlieue, ceux dont on ne nous parle jamais.
Editeur : Le bord de l’eau
Nombre de pages : 213
Prix : 17,00€
Mon Avis :
Des banlieues? Je n’en possède qu’une connaissance parcellaire teintée de représentations négatives. Lors de ma formation étudiante, j’ai été contrainte de me rendre, en transport en commun, dans le quartier de Villeneuve de Grenoble, pour assister aux cours de l’Institut de Géographie Alpine. Je n’en garde pas que de bons souvenirs : poubelles ou voitures brûlées, drague sauvage et agressive, etc… je n’y suis plus jamais retournée depuis. Même lorsque je cherchais un appartement, j’ai pris soin d’éviter ces quartiers dits difficiles malgré les prix attractifs. Aujourd’hui encore lorsque je croise des « jeunes de banlieue », notamment dans les transports en commun, je me mets en mode « prudence/indifférence », plongée dans ma musique et mon bouquin. Il faut dire que j’ai eu de mauvaises expériences que ce soit par des insultes gratuites que je n’ai pas relevées ou par des attouchements. Mélangez à cela l’image désastreuse, véhiculée par les Médias et vous obtiendrez un cocktail de préjugés négatifs sur les banlieues.
Alors quand un de mes collègues m’a proposé de lire cet essai de Thomas Guénolé, Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants?, je n’ai pas voulu laisser passer ma chance. Ne dit-on pas que la lecture est synonyme d’ouverture sur le monde et d’esprit? Partant du principe « Tout ce que je ne connais pas, est intéressant », j’ai donc entrepris la lecture de cet essai sociologique. Et j’en ressors ravie.
L’auteur donne de nombreuses clés de connaissances sur les banlieues que ce soit au travers d’études sociologiques, de statistiques, de témoignages sur le terrain ou d’exemples concrets. Il fait une étude sociologique exhaustive et aborde de nombreux thèmes comme l’image de la banlieue au travers du cinéma ou des médias, les acteurs des banlieues qu’ils soient républicains (école, police) ou intrinsèques (les résidents eux-mêmes), les difficultés rencontrées, la religion, la sexualité, le Rap, etc… Ces nombreuses clés de lecture permettent ainsi de déconstruire les préjugés que l’on peut avoir sur ces quartiers et ses habitants. Par exemple, les trafiquants de drogues représentent une partie infime de la population (à peine 1%). Les banlieues ont une grande tendance à se désislamiser (seulement 20% des jeunes de banlieue d’origine étrangère récente âgés de 18-24 ans sont des musulmans pratiquants). Quant aux mosquées djihadistes, elles ne représentent que 4% des mosquées et lieux de prière musulmans en France. Etc…
De plus, sans sombrer dans l’angélisme, il admet aussi que certains faits restent avérés comme l’homophobie, l’antisémitisme ou le harcèlement de rue dans ces quartiers.
Enfin, cet ouvrage a eu le mérite de me faire découvrir des textes que je n’aurais jamais eu la curiosité d’aller lire par moi-même, n’écoutant pas de rap. Si certains m’ont déplu à cause de leur agressivité et de leur violence, d’autres au contraire, m’ont ébloui par leur justesse et leur poésie.
En conclusion, il est très difficile de se départir de préjugés que l’on possède depuis très longtemps : ce livre n’est pas un miracle. Il ne faut pas être naïf, je ne vais pas m’en défaire du jour au lendemain. Néanmoins, cet essai m’aura fait prendre conscience que sans aller vers le terme fort de balianophobie, j’en prenais le chemin dangereux. A l’heure où les extrémismes se fondent sur nos peurs pour gagner plus de terrain lors des prochaines élections, il est plus que nécessaire de s’ouvrir l’un à l’autre et de combler autant que possible la fracture sociale, économique et culturelle qui mine notre société française. Il est vrai que je suis idéaliste mais ce livre est déjà un premier pas en ce sens.
Note 4/5
Je ne connaissais pas ce livre. Tu m’as donné envie de le découvrir
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Tant mieux!^^
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