Introduction :
Une série anglaise qui se passe au XVIIIème siècle et qui possède le casting de séries récentes que j’ai adorées (Ripper Street, The Last Kingdom, Sherlock et Games of Thrones), je n’ai pas hésité longtemps! Banished est une série de la BBC Two, déclinée en sept épisodes de 58 minutes environ. Elle a été tournée en Australie et sortie l’année dernière en mars, à la télévision anglaise. Malheureusement, je n’ai pas trouvé de bande annonce en VOSTFR, même le DVD, pour le moment, ne possède pas encore de sous-titres en français.
Résumé :
A la fin du XVIIIème siècle, l’Angleterre décide de transférer en Nouvelle-Galles du Sud (aujourd’hui l’Australie), un millier de prisonniers rendus coupables de méfaits sur son sol (entre autres meurtre, vol, prostitution, etc…). Escortés par une centaine de Marines de la Royal Navy et de ses officiers, ils seront les premiers jalons de l’établissement d’une colonie de peuplement, sur cette nouvelle terre. Or, sur place, les conditions de vie commencent à devenir difficiles. Les mauvaises récoltes ainsi que le retard du ravitaillement par bateau d’Angleterre font planer au-dessus de la nouvelle colonie un risque de famine et de sédition. Et le manque de femmes (une pour cinq soldats) exacerbent aussi les tensions…
Les points faibles :
Si Banished est une série bien écrite et bien interprétée, qui se focalise essentiellement sur ses personnages (j’y reviendrai dans le seconde partie), elle possède, pour ma part deux grands écueils :
– Le manque d’épaisseur du contexte historique. En effet, nous sommes au tout début de la colonisation de l’Australie, en 1788. Lorsque la série débute, les colons se sont établis depuis quelques mois sur les côtes, en attendant de pouvoir pénétrer l’intérieur des terres. Ils ont installé leur campement : des constructions en dur pour le gouverneur, les baraquements des prisonniers et la prison tandis que les soldats vivent dans des tentes de fortune (individuelle pour les officiers et partagée pour les simples Marines).
Or, l’aspect quelque peu « statique » de la colonie m’a beaucoup géné. Je m’explique : vous avez cent soldats pour surveiller mille prisonniers. Ces derniers sont chargés essentiellement de défricher les forêts alentour et de récupérer les grumes pour les transformer en bois de construction. Dans ce cas, pourquoi existe-t’il si peu de bâtiments en dur proportionnellement à l’avancée du défrichage et surtout, pourquoi les colons n’ont-ils pas édifié de palissade pour se protéger? En sept épisodes, seules l’édification d’une potence et l’esquisse d’une église paroissiale ont été réalisées, cela me semble bien peu au regard du monde présent sur place et du nombre de travailleurs…
Autre point qui m’a dérangé : l’Australie était occupée par les Aborigènes, bien avant l’arrivée des colons anglais. Or, la série n’en fait quasiment jamais état, excepté au moment où James Freeman s’enfuit dans la forêt. J’avoue que cette absence m’a également beaucoup surprise.
– Banished possède également des rebondissements parfois un peu exagérés et des retournements de situations à la limite du grotesque. Surprendre son spectateur est une excellente manière de retenir son attention et d’éviter sa lassitude. Malheureusement, quand ces surprises se répètent un peu trop régulièrement, tombent dans le mélodrame ou se révèlent être impromptues, le risque est de rendre aussi le spectateur dubitatif! Je citerai par exemple le premier épisode lorsque le prisonnier Tommy Barrett est sur l’échafaud pour y être pendu (inutile de dire que l’émotion du spectateur est mise à rude épreuve!) et que quelques secondes plus tard, il se retrouve marié… J’avoue que je me suis retrouvée un peu sans voix et je me suis dite qu’il n’y avait que les Anglais pour nous faire un coup pareil!
Les points forts :
S’il est vrai que le contexte historique est peu exploité et que le scénario tombe parfois dans le mélodrame, force est de constater que Banished se focalise surtout sur les relations humaines et la psychologie de ses personnages. Elle montre ainsi des hommes et des femmes confrontés à un changement radical (ils doivent quitter du jour au lendemain leur Angleterre natale pour une contrée inconnue et inhospitalière) et à des conditions de survie difficile qui vont avoir un impact non seulement sur leurs décisions mais aussi sur l’évolution de leur mentalité. Les codes s’en retrouvent bousculés sur cette nouvelle terre : si certains prisonniers étaient considérés comme des parias en Angleterre, ils vont être reconnus à leur juste valeur en fonction de leur comportement face à tel ou tel évènement. Cette nouvelle vie est ainsi l’occasion de faire table rase du passé pour certains. J’ai également trouvé que les complicités qui se développaient entre les soldats et les prisonniers étaient très touchantes : que ce soit au travers de relations amoureuses ou de camaraderie. Bien qu’il y ait eu, dès le départ, un clivage établi en Angleterre, les différences de statuts ont tendance par la suite à s’effacer car tout ont compris qu’ils avaient été embarqué dans la même galère et soumis aux mêmes aléas.
La série nous offre également toute une série de portraits auxquels le spectateur peut s’identifier. L’identification est rendue d’autant plus facile que les personnages sont bien interprétés et que j’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver des acteurs, vus précédemment dans d’autres séries anglaises : Russel Tovey (Sherlock et The Little Dorrit), Anna Burring (Ripper Street), David Wenham (que certains auront reconnu comme Faramir, dans le Seigneur des Anneaux), Joseph Millson (The Last Kingdom), Orla Brady (Into The Badlands), Rory McCann (Game of Thrones), Ned Dennehy (Peaky Blinders) et David Dawson (The Last Kingdom et Ripper Street). Cette impression de familiarité m’a beaucoup aidé à rentrer dans l’histoire et à développer un lien de sympathie avec certains d’entre eux.
Ainsi, mes trois préférés sont :
– James Freeman, un des prisonniers malchanceux mais extrêmement humain, partagé sans cesse entre aider ses amis et survivre.
– Letters Molloy est un des rares prisonniers à savoir lire et écrire. Il est chargé de rédiger les lettres que les autres prisonniers enverront à leur famille, restée en Angleterre. Il s’est montré touchant lorsqu’il a voulu protéger l’apprenti forgeron illettré, Will Stubbins, en ne lui révélant pas que sa fiancée le quittait.
– Le capitaine David Collins est un des officiers en charge de l’administration de la colonie : il est l’assistant du Gouverneur Philipp, son secrétaire, tient les archives, etc… Intelligent, rusé et cultivé, il se montre particulièrement bienveillant envers les prisonniers que ce soit en leur apprenant à lire ou en assistant Letter Molloy pour protéger Will Stubbins, d’une déception amoureuse.
Enfin, j’ai beaucoup apprécié que les créateurs de la série jouent constamment sur la perception du spectateur sur les personnages. En effet, si le premier épisode semble poser ses bases en affirmant que tel ou tel personnage sera plus dans la catégorie d’un « gentil/victime » ou d’un « méchant/agresseur » (je caricature un peu), les cartes sont rebattues dès l’épisode suivant. Cela a pour effet de laisser transparaître une nouvelle facette de la personnalité du personnage, au gré des évènements, de le rendre plus humain (chacun possédant sa part d’ombre et de lumière) et d’éviter tout manichéisme. Le spectateur se retrouve ainsi surpris et sa perception des personnages n’est jamais figée ; au contraire, elle évolue constamment au fil des épisodes. Par exemple, dès le début, je m’étais prise d’affection pour un des personnages principaux, celui de Tommy Barrett qui n’avait pas hésité à risquer sa vie pour son amour Elizabeth Quinn. Au dernier épisode, je peux vous assurer que je n’avais plus aucune empathie pour lui! Idem pour le Major Ross que j’ai détesté de prime abord et qui s’est révélé avoir plus de sensibilité qu’il n’en laissait paraître par la suite!
En conclusion :
Banished est une série qui vaut le coup d’œil car elle met l’accent essentiellement sur les relations humaines et la psychologie de sa galerie de personnages. Pour moi, il ne faut pas la voir comme une série historique dans le sens strict du terme (rappelons-le, elle est quasiment déconnectée du contexte) mais plutôt comme un tableau sociologique des us et coutumes de personnes ayant vécu au XVIIIème siècle.
La série n’a pas été reconduite pour une seconde saison, pour des raisons d’audimat. Pour ma part, il ne s’agit pas d’une mauvaise chose. Après tout, malgré une fin quelque peu ouverte, la saison 1 ne s’achève pas non plus sur un cliffhanger et ne laisse donc pas son spectateur frustré. De plus, baser uniquement une série sur l’aspect moral et psychologique de ses personnages sans développer le reste, peut fonctionner sur une seule et courte saison. J’aurais été plus perplexe sur une seconde : le spectateur, à mon avis, en aurait été rapidement lassé…
Note 4/5
Pourquoi pas=; Je viens de tomber sur Poldark qui partage quelques similitudes et j’ai stopper au bout de 2 épisodes (quel manque de subtilité, cohérence et vraisemblance!!!!!!!!!!)
Du coup je suis un peu échaudée surtout s’il s’agit de série « historique ».
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Ah zut! Juste après Downton Abbey, je voulais attaquer Poldark justement… Banished vaut le coup d’œil malgré les quelques défauts que j’ai évoqué. Je te la conseille. Sinon, tu as The Last Kingdom qui est très bien. Je suis en train de devenir accroc à Downton Abbey.
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Bon je la note même si elle est en anglais ! 😉 merci pour la découverte !
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En streaming, j’ai réussi à l’avoir en VOSTFR. Vivement que le DVD sorte avec les sous-titres en français!
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je note je note
ça à l’air cousu de fil blanc certes mais pour l’été ou à laisser tourner en faisant autre chose ça semble parfait ^^
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Oui, elle vaut vraiment le coup d’œil et ne dure que 7 épisodes. C’est faisable en un week-end. Enfin, je dis ça, je n’ai mis qu’une seule journée!
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