Quatrième de couverture :
Dans l’Angleterre du début des années 1920, la jeune Margaret rêve d’être institutrice, mais elle est issue d’un milieu modeste et doit « entrer en condition ». De fille de cuisine elle devient rapidement « cuisinière », un titre envié parmi les gens de maison. Elle n’en est pas moins au service de « ceux qu’on appelle « Eux » », confinée au sous-sol de l’aube à la nuit. Elle sait leur tenir tête et rend souvent son tablier pour améliorer ses conditions de travail, ce qui nous vaut de découvrir bien des dessous de maisons et de maîtres.
Grâce à son franc-parler aux antipodes des récits nostalgiques de domestiques trop parfaits, ce truculent témoignage paru en 1968 valut la célébrité à Margaret Powell (1907-1984) et inspira plusieurs scénaristes, dont celui de la série Downton Abbey.
Editeur : Petite bibliothèque Payot
Nombre de pages : 288
Prix : 8,00€
Mon Avis :
Une amie de mon Club de lecture m’avait prêté ce livre, après être devenue fan de Downton Abbey. Pour ma part, il tombait également à pic car je suis actuellement en train de rédiger une nouvelle dont l’action se déroule dans les années 30, en Angleterre. Certes, les relations maître/domestique ne sont pas au centre de l’action mais je voulais faire quelques recherches afin de rendre mon récit le plus authentique possible.
Avec son franc-parler, Margaret Powell offre à son lecteur quelques anecdotes croustillantes sur son passé de cuisinière dans des maisons anglaises des années 20. Si je n’ai pas été vraiment séduite par le style d’écriture de l’auteur, j’ai néanmoins apprécié la distance prise avec humour sur ses différentes expériences.
« Mrs Clydesdale est descendue ; alors, je suis allée vers elle et je lui ai tendu les journaux. Elle m’a regardée comme si j’étais quelque chose de pas tout à fait humain. Elle n’a pas prononcé un mot, elle est juste restée là à me regarder. Elle avait visiblement du mal à croire que quelqu’un comme moi pouvait marcher et respirer. (…). Finalement, elle a articulé : « Langley, vous ne devez jamais, jamais, vous m’entendez, sous aucun prétexte, me tendre quoi que ce soit avec vos mains ; toujours sur un plateau d’argent. » (P. 109)
« On les appelait toujours « Eux », « Eux », c’était l’ennemi. C’étaient « Eux » qui nous donnaient trop de travail, « Eux » qui ne nous payaient pas assez et pour « Eux », les domestiques étaient un mal nécessaire. On était d’ailleurs leur principal sujet de conversation. D’après les femmes de service, qui descendaient nous le raconter, ils disaient des trucs du genre : « Vous savez, si j’habitais une petite maison à la campagne je ne m’embêterait pas à avoir des domestiques ; pour moi c’est un fléau, ni plus ni moins. Ils se disputent, ils réclament toujours plus d’argent, ils n’ont pas envie de travailler et ils ne font pas les choses comme on voudrait. Mais que voulez-vous, j’ai un rang à tenir, alors je suis bien obligée d’avoir des gens de maison. » (P. 135)
« Les cadeaux, c’était toujours quelque chose d’utile : des coupons de tissu imprimé, des tabliers, des bas noirs en laine (…). Moi, j’aurais tellement voulu certains des trucs qu’ils avaient : des dessous en soie, du parfum, des bijoux… Pourquoi ils ne pouvaient pas nous offrir quelque chose comme ça? Pourquoi il fallait toujours qu’on ait des cadeaux raisonnables? À mon avis, s’ils nous donnaient des uniformes c’est parce qu’ils savaient très bien qu’on n’avais pas de quoi en acheter avec nos salaires de misère. Et puis, si on avait eu du parfum ou de la soie, on ne serait forcément mal conduites, n’est-ce pas? C’est pour ça que je détestais cet étalage de bienveillance, tout cette comédie pour faire croire que nous aussi on s’amusait bien à Noël. » (P.167)
« Je lui (Lady Downhall) ai demandé un jour si je pouvais emprunter un livre de sa bibliothèque, et je vois encore son air étonné. Elle m’a répondu :
« Oui, bien sûr, Margaret. »
Mais elle a ajouté :
« A vrai dire, je ne savais pas que vous lisiez. »
Ils savaient qu’on respirait, qu’on dormait et qu’on travaillait, mais qu’on lisait, ça, ils ne savaient pas (…). Je les imaginais assez bien en train de me dénoncer à leurs amis :
« Margaret est une bonne cuisinière, mais malheureusement, elle lit. Des livres, figurez-vous. » (P. 224-225)« Ces messieurs parlaient d’un scandale qui touchait un membre de la famille royale, et ils ajoutaient tous leur grain de sel à la rumeur. Un des invités à remarqué : « Dites-donc, il ne faudrait pas qu’on nous entende! » Et le maître de maison à répondu : « Comment pourrait-on nous entendre? Nous sommes seuls ici. » A ce moment-là, on était trois valets de pied dans la pièce, mais il faut croire qu’on était invisible. » (P. 251)
A travers son témoignage, Margaret nous immerge donc dans cet univers si fermé et restrictif et elle dénonce avec soin les conditions de travail des domestiques plus ou moins difficiles selon la maison. Ainsi, l’avarice caractérisait la plupart du temps les relations maître/domestique et certains faisaient peu de cas du confort de leurs employés. Margaret Powell dit avoir parfois souffert de la faim, du froid, d’avoir un lit peu confortable, des tâches difficiles et ingrates, peu de congés et donc peu liberté de sortir (la plupart restaient d’ailleurs célibataires) et de faire des rencontres. Son témoignage est aussi le révélateur d’un phénomène déjà amorcé avant la Première Guerre Mondiale : la déchéance des grandes familles aristocratiques, qui pour la plupart, n’avaient plus vraiment les moyens d’assurer leur train de vie.
Les tribulations d’une cuisinière s’est donc révélé intéressant pour mes recherches car il m’a dévoilé les coulisses du métier, au sens large du terme, de domestique. Je le recommande également à tous ceux qui après avoir vu (et apprécié) Downton Abbey et souhaitent approfondir le sujet. S’il est vrai que Margaret Powell n’a pas connu de famille aussi riche que les Crawley et n’a donc pas été traité avec les mêmes égards que les domestiques de la série, le livre donne néanmoins un bon aperçu de leur condition de travail.
Note 4/5
ca me tente bien ! il me fait penser à la couleur des sentiments
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C’est un contexte un peu différent car il n’est pas question de racisme ici. Mais tout comme La couleur des sentiments, il est question aussi des relations employeur/employé. Tu trouveras peut-être ton compte!
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Ouh là, le coup du pleateau d’argent!!! Pfiou!
Ce livre me tente bien, merci de la découverte.
Et qu’est-ce que tu écris de beau, alors?
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Avec plaisir! J’écris une nouvelle dans la mouvance du roman gothique anglais mais j’ai déplacé mon intrigue du XIXème siècle aux années 30. et j’ai ajouté une petite dimension fantastique. J’espère que j’arriverai à la finir, j’en suis aux 2/3.
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Super! Bonne chance pour la fin du roman!
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Merci!
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Oh ça a vraiment l’air super intéressant, je pense que ça pourrait vraiment me plaire!
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Alors, n’hésite pas!
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