Retour à Whitechapel de Michel Moatti

9782264067258

Quatrième de couverture :

Le 24 septembre 1941, pendant le Blitz qui écrase Londres sous des tonnes de bombes, Amelia Pritlowe, infirmière du London Hospital, apprend la mort de son père. Celui-ci lui a laissé une lettre posthume lui révélant que sa mère n’est pas morte d’une maladie pulmonaire, comme l’histoire familiale le prétend ; Mary Jane Kelly a été la dernière victime de Jack L’Eventreur. Amelia Pritlowe avait 2 ans.
A compter de ce jour, Mrs Pritlowe va se lancer dans une traque méticuleuse et acharnée, poussée par le besoin vital de découvrir la véritable identité de Jack L’Eventreur. Grâce aux archives d’une pittoresque société savante de riperristes, en confrontant témoins et survivants, elle va reconstruire dans ses carnets les dernières semaines de sa mère et la sanglante carrière de l’Eventreur. En décryptant des documents d’époque, Michel Moatti recompose l’atmosphère nocturne et angoissante de l’East End du XIXe siècle.
En redonnant vie aux victimes, en recomposant leurs personnalités sociales et affectives, il propose une solution à l’énigme posée en 1888 : qui était Jack L’Eventreur?

Editeur : 10/18

Nombre de pages : 413

Prix : 8,10€

Mon Avis : 

C’est la critique enthousiaste de L’Aléthiomètre qui m’a fait découvrir ce roman et je dois dire qu’à mon tour, je n’ai pas du tout été déçue car cette lecture s’est révélée être un véritable coup de coeur!

En 1941, Amelia Pritlowe est infirmière, à Londres et subit de plein fouet les bombardements allemands. Son père, qui vient de mourir, lui a laissé une lettre dans laquelle il lui révèle ses origines. Elle est la fille de Mary Jane Kelly, la dernière victime atrocement massacrée par Jack l’Eventreur, en novembre 1888. Amélie décide alors d’intégrer une société de Ripperologues afin d’enquêter sur le meurtre de sa mère et découvrir l’identité de son assassin.

On sent dès les premières pages que Michel Moatti est un passionné, qu’il possède les connaissances sur cette enquête et sur l’époque mais aussi que son travail est exhaustif et minutieux. Bien qu’il s’agisse d’un roman (et donc d’une fiction), j’ai beaucoup apprécié qu’il l’agrémente de sources réelles comme un plan du quartier de Whitechapel ou des sources historiques provenant soit des journaux contemporains, soit des archives de la police avec les rapports d’autopsie ou des archives judiciaires avec les témoignages des différentes personnes présentes sur place, etc… Il pousse même le vice en citant la cote des archives afin que le lecteur, s’il lui prend l’envie de pousser ses recherches, puisse les retrouver facilement.

Dit comme cela, on pourrait croire que le récit est ennuyeux et rébarbatif. En réalité, il n’en est rien car Michel Moatti possède une véritable plume qui rend l’ensemble très attractif, fluide et dynamique en alternant ses différents supports (extraits du journal fictif d’Amélia Pritlowe, récits des dernières heures des victimes de Jack l’Eventreur et réappropriation des sources de l’époque victorienne citées plus haut). Sa connaissance des années 1880 est telle qu’en tant que lectrice, je n’ai absolument eu aucun mal à m’immiscer dans les quartiers malfamés de l’East End et de ressentir la misère qui régnait alors dans ce quartier : alcoolisme, maladie, prostitution, bas salaire, conditions de vie misérable, faim, froid, etc…

Enfin, Michel Moatti propose dans son roman une nouvelle théorie sur l’identité de Jack l’Eventreur : non seulement, il distille ses arguments dans son roman mais il les reprend également à la fin, dans son postface (je vous conseille de la lire car elle est vraiment très intéressante). Pour ma part, je reste relativement dubitative : s’il est vrai que je n’adhére absolument pas à la thèse du complot royal (certains auraient évoqué le médecin de la Reine Victoria (qui avait plus de 70 ans!) ou le Prince héritier) et de la Franc-maçonnerie, je ne suis pas non plus d’accord avec la proposition de Michel Moatti bien que certains arguments soient tout à fait crédibles. Pour moi, Jack l’Eventreur possédait des connaissances anatomique et chirurgicale et je pense qu’il faudrait davantage creuser dans cette direction.

En conclusion, Retour à Whitechapel est l’un des meilleurs romans que j’ai pu lire jusqu’à présent sur le sujet : il est exhaustif, prenant et passionnant. Je le conseille donc à tous ceux qui veulent en apprendre davantage sur cette affaire sordide ou qui s’intéressent aux années 1880, à Londres.

Note 5/5♥

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