Ma part de Gaulois de Magyd Cherfi

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Quatrième de couverture :

Printemps 1981, dans une cité d’un « quartier » de Toulouse, un rebeu atypique qui s’idéalise en poète de la racaille escalade une montagne nommée « baccalauréat » : du jamais vu chez les Sarrasins. Sur la ligne incertaine et dangereuse d’une insaisissable identité, le parolier-chanteur de Zebda raconte une adolescence entre chausse-trape et croc en jambes, dans une autofiction pleine d’énergie et de gravité, d’amertume ou de colère, de jubilation et d’autodérision.

Editeur : Actes Sud

Nombre de pages : 256

Prix : 19,80€

Mon Avis : 

Ma part de Gaulois avait retenu mon attention lors de sa présentation durant la Rentrée Littéraire de ma librairie préférée et lorsque j’ai su que l’auteur Magyd Cherfi serait présent au Printemps du Livre 2017 de Grenoble, je l’ai immédiatement emprunté à la bibliothèque.

Ma part de Gaulois est un récit autobiographique qui prend racine dans le Quartier Nord de Toulouse en 1980-1981. Alors lycéen, Magyd Cherfi doit passer son bac à la fin de l’année. Mais, il doit faire face à une grande pression : de sa mère, tout d’abord, car aucun échec ne sera toléré et aussi de son quartier, l’obligeant à s’ériger en pionnier…

Ce livre bouscule mes habitudes et sort de ma zone de confort. S’il est vrai que je peux le raccrocher à l’étude sociologique de Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants? De Thomas Guénolé, lu l’année dernière, je lis rarement sur ce thème. Et pourtant, ce récit autobiographique est aussi riche en anecdotes et en connaissances que le livre cité précédemment. Il est vrai que j’ai eu un peu de mal à m’adapter au début sur la forme du style d’écriture, néanmoins, le fond au contraire m’a beaucoup plu. Preuve en est : j’ai pris le temps de relever de nombreuses citations. En effet, Magyd Cherfi, sous le ton de l’humour et de l’ironie, dénonce les petits travers et vices de ses contemporains. Si certains s’avèrent très drôles, d’autres, au contraire sont beaucoup plus graves et m’ont effaré, voire révolté.

Dingue, mes copains n’aimaient pas les « je te prie », « pardon » ou autre « s’il te plaît », qu’étaient pour eux des agressions verbales. Ils vivaient la politesse comme une défaite et forçaient ma nature à esquinter la langue de Molière, à rejoindre les codes de leur colère. Et pan! « Parle bien ta race » qu’ils disaient. Mais parler mal et faire semblant de mal conjuguer me coûtait plus que tout. (P.16)

Un jour, j’ai utilisé le mot « éventuellement » (premier adverbe prononcé dans la cité) à l’endroit d’un copain qui me proposait une place de remplaçant pour un tournoi de foot, un tournoi de sixte. Un sixième coéquipier faisait défaut.
– Alors tu viens?
– Heu… Éventuellement.
Et là…
– Oh le casse-coquilles, tu peux pas répondre normal!
– Ben quoi?
– Faut toujours que tu nous sortes tes mots de l’école, on s’en branle de l’école de tous tes morts, parle comme tout le monde! (P.30)

Je lisais depuis quelques minutes quand trois lascars, Mounir, Saïd et Fred le Gitan se sont approchés de moi…
– Qu’est-ce que tu fais?
– Heu… Je lis.
– T’es un pédé ou quoi? Pourquoi tu fais ça?
– Non mais c’est pour l’école.
– Qu’est-ce qu’on s’en fout de l’école, tu veux des bonnes notes, c’est ça?
– Non, non…
– T’as qu’à lui dire à ton prof qu’on est pas des pédés!
– D’accord.
– D’accord…!? T’es français, c’est ça. Tu veux sucer les Français?
– Non.
– Et ça c’est quoi? Montre!
Il m’a arraché le livre des mains, a lu :
– Une Vie… De Mau… Passant, c’est un pédé lui aussi!
– Mais non c’est pas un pédé.
– C’est quoi alors?
– Un écrivain.
– C’est ça, c’est un pédé. (P. 31-32)

Elle (Bija) nous dirait plus tard, dans son lit d’hôpital qu’ils s’étaient jetés sur elle pour la simple raison qu’elle lisait un livre. Père et frère d’une seule main l’avaient déchiquetée pour un bouquin. Ils l’avaient avertie maintes fois qu’ils ne voulaient plus la voir lire, ils avaient même jeté le moindre objet qui s’apparentait à des feuilles reliées. (P. 46)

Sérieusement? Se faire insulter voire subir des violences parce qu’on lit un livre, cela me dépasse! Je suis peut-être dans ma bulle et je suis consciente d’émettre un jugement de valeur mais même du fond de ma campagne et du milieu ouvrier dont je suis originaire, c’est inconcevable pour moi! Lire est la plus belle chose qui m’ait été donnée un jour de réaliser! C’est simple, je ne comprends pas…

Pour en revenir au récit autobiographique, d’un point de vue construction, j’ai été relativement déboussolée. Je ne savais pas trop où l’auteur voulait emmener son lecteur et j’avais parfois le sentiment de tourner en rond. Heureusement, le livre est court car je pense que j’aurais commencer à m’ennuyer sans cela.

En conclusion, Ma Part de Gaulois, est un livre qui mérite d’être lu. Si le style d’écriture et la construction du récit m’ont parfois un peu gênée, les anecdotes délivrées par l’auteur sont, certes effarantes mais également instructives. Je participerai donc avec grand plaisir à la rencontre avec Magyd Cherfi, prévue en avril prochain.

Note 3/5

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