Port d’Ames de Lionel Davoust

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Quatrième de couverture :

Rhuys ap Kaledán est un héritier déchu. Tout juste libéré de la servitude et des galères, il rejoint la cité franche d’Aniagrad, où tout se vend et tout s’achète, pour reconquérir l’honneur de sa famille. L’occasion lui en est rapidement donnée : Edelcar Menziel, un ancien ami de son père, lui propose de travailler sur la conversion dranique, un procédé perdu depuis des siècles qui permettrait de réaliser des machines magiques.
Résolu à tracer son chemin dans la haute société de la ville, le jeune homme s’investit de tout son coeur dans le projet. Mais bientôt, coincé entre des intrigues politiques et son amour pour une mystérieuse jeune femme qui vend des fragments de son âme pour survivre, Rhuys découvre que le passé recèle des secrets bien sombres et tortueux. Aux prises avec l’ambition, la duplicité et le mensonge, il devra se montrer plus rusé que ses ennemis s’il veut atteindre son but sans perdre son âme.

Editeur : Critic

Nombre de pages : 540

Prix : 23,00€

Mon Avis :

J’ai découvert  Port d’âmes dans le cadre de la Soirée de l’Imaginaire à la Librairie Décitre de Grenoble, le 26 Janvier dernier. A cette occasion, je n’avais lu qu’une centaine de pages du roman lorsque j’avais rencontré son auteur, Lionel Davoust. A sa question, « Qu’est-ce que vous pensez de mon livre ? », je me suis sentie prise de court mais j’avais tiré les leçons de l’année dernière (en gros, j’avais dit à Matthieu Rivero que je m’étais ennuyée à la lecture de son roman Or et nuit… Sans commentaires…). Plus diplomate cette année, j’ai donc répondu que je n’aimais pas le personnage principal mais que je trouvais l’univers développé très intéressant. Une centaine de pages sur un roman qui en fait 500, c’était en effet un peu prématuré pour juger de l’ensemble de l’œuvre. Car, Port d’Âmes s’est révélé être une excellente surprise mais non exempt de défauts.

A 22 ans, Rhuys vient tout juste de débarquer dans la cité franche d’Aniagrad. Enfin libéré de 8 ans de servitude en tant que matelot pour éponger les dettes de sa famille, il est bien décidé à commencer une nouvelle vie. En premier lieu, il souhaite profiter des plaisirs offerts par la Ville et fait la rencontre d’une mystérieuse jeune femme sur le Marché qui lui vend des fragments de son âme. Puis dans un second temps, il compte reconstituer le prestige de sa famille. En effet, issu de l’aristocratie rhovellienne, il semblerait que son père bien que ruiné, ait réussi à sauvegarder un petit pécule. Avec ce premier fond, Rhuys investit dans la société d’un ancien associé de son père, Edelcar Menziel. Mais, tout le monde ne voit pas d’un bon œil son ascension récente et cela commence  à lui attirer quelques  ennuis.

Très honnêtement, j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le roman dans un premier temps.

  • En effet, le personnage principal Rhuys ne m’a pas paru très sympathique. En cause, son caractère un peu hautain de jeune premier très conscient de ses qualités et son idéalisme qui le rendaient un peu benêt. Sur ce point, je rejoins d’ailleurs la réflexion de Relax67 : huit années de servitude auraient dû normalement lui faire rentrer du plomb dans la tête et saper son état d’esprit utopiste. On imagine aisément que les autres matelots issus d’une modeste condition, ont probablement dû lui faire payer ses origines aristocratiques. Heureusement, Rhuys évolue de manière très positive au fil du roman car il devient même désabusé suite aux nombreuses épreuves qu’il a traversées.
  • Le style d’écriture m’a également un peu gêné. Si je reconnais qu’il est indéniablement de qualité et très étoffé, en revanche, il m’a semblé manquer de fluidité. J’ai décroché à de nombreuses reprises et cela jusqu’à la fin du roman. L’intrigue est également émaillée de longueurs qui ont beaucoup nui à ma lecture et je reste persuadée que cent voire cent-cinquante pages de moins auraient suffi à rendre le récit bien plus efficace.

Passé cela, Port d’Ames possède de nombreuses qualités :

  • Les personnages secondaires sont bien plus intéressants que Rhuys. Je pense ainsi au négociant Khartari, l’associé de Menziel. Il est intelligent et n’est pas dupe du jeune homme. J’ai également beaucoup apprécié ses joutes orales. Cassian possède aussi beaucoup d’intérêt à mes yeux : fin limier, droit, calculateur et machiavélique. J’adore ce genre de personnage et je n’ai pas pu m’empêcher de voir dans ce rôle, l’interprête de Tywin Lannister dans Games of Thrones, Charles Dance.
  • Enfin, Port d’Âmes possède un background extrêmement développé et complexe. C’est très plaisant. La ville d’Aniagrad elle-même n’est pas un simple décor. Elle participe directement à l’intrigue. Quant au reste, l’univers d’Evanégyre semble déjà posséder toute une Histoire, une géographie préexistante, des relations diplomatiques et commerciales, une économie, un système politique représentatif, etc… Cela donne beaucoup de relief et de consistance à l’ensemble. L’esthétisme du roman m’a également beaucoup fait penser au XIXème siècle anglais (période que j’adore), à l’aune du développement industriel amorcé par l’électricité puis par le pétrole.

En conclusion, Port d’Ames n’est pas un roman facile à appréhender. Son écriture de qualité peut parfois manquer de fluidité et les quelques longueurs peuvent faire décrocher le lecteur. C’est dommage, car je ne suis pas passée loin du coup de cœur. En effet, l’univers très développé d’Evanégyre et les personnages hauts en couleur donnent de l’intérêt à ce roman et en font une belle découverte. Je ne manquerai donc pas de lire d’autres romans de Lionel Davoust dans le même univers d’Evanégyre, semble-t-il mais à des époques différentes.

Note 4/5

21 commentaires

  1. J’imagine pour Matthieu Rivero ! 😉
    Mais bon, mis à part l’embarras, tu fais partie de ces personnes franches et qui osent dire les choses… Et, moi, j’aime !!!
    Sinon, je vais le lire ce livre et me faire mon idée. Ta critique me donne réellement l’envie de m’y plonger !

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  2. Je te confirme que ce roman est une sorte de flash-forward se passant plusieurs siècles après (de mémoire) les autres livres se situant dans le même univers.

    Je l’ai acheté il y a quelques mois, mais j’en repousse sans arrêt la lecture. Ta critique, même si elle est largement positive, ne me rassure pas vraiment, à vrai dire. Et lorsqu’on sait que l’auteur donne des cours d’écriture et est considéré comme un érudit (français) dans le domaine, certains points que tu soulèves (manque de fluidité, de rythme, côté peu réaliste de la psychologie du protagoniste), avec justesse te connaissant, ne sont pas particulièrement glorieux !

    Merci en tout cas pour ta critique très éclairante (et au fait, la critique des elfes de fer de Madame est avancée !).

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  3. Je te conseille La route de la conquête qui est vraiment très bien. Il y a une très longue nouvelle et plusieurs autres plus courtes. c’est un livre vraiment excellent. Je suis d’accord que Port d’âmes n’est pas facile à lire mais c’est un très bon roman.

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  4. Je l’ai pris en numérique le mois dernier on verra bien, ce n’est pas la priorité actuelle mais je le tenterai quand même ta critique n’est pas non plus négative surtout si le personnage évolue 😊

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