Dominer le monde : Les séries historiques anglo-saxonnes d’Ioanis Deroide

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Quatrième de couverture : 

Qu’elles mettent en scène des temps antiques, des rois en costumes, le quotidien des marines ou l’insouciance des années 1970, qu’elles soient comiques, réalistes ou mélodramatiques, les séries historiques anglo-saxonnes règnent en maître sur nos écrans. D’lvanhoé à Mad Men ou The Tudors, en passant par La Petite Maison dans la prairie, Les Mystères de l’Ouest, Rome ou encore Downton Abbey, elles fascinent, toutes générations confondues, perpétuant les codes du genre tout en les renouvelant.
Et attirent des cinéastes aussi prestigieux que Steven Spielberg (Band of Brothers) ou Martin Scorsese (Boardwalk Empire). L’analyse d’une tendance qui en dit beaucoup sur les angoisses et les préoccupations d’une civilisation impériale, entre rêves de puissance et nostalgie d’un âge d’or…

Editeur : Vendémiaire

Nombre de pages : 213

Prix : 20,00€

Mon Avis : 

Les séries télévisées que je regarde le plus sont, outre celles en SFFF, celles consacrées à l’Histoire. Depuis la série Rome, sortie en 2008, je suis régulièrement l’actualité des grandes chaînes américaines et anglaises à la recherche de la dernière perle rare. En effet, je ne m’intéresse que très peu aux séries télévisées françaises car elles sont de médiocre qualité selon moi et l’Histoire ne semble pas être un genre de prédilection dans notre hexagone (à l’exception de l’excellente Maison Close qui n’a malheureusement duré que deux saisons). Depuis dix ans, j’ai donc suivi avec un grand intérêt des séries de grande qualité que sont Rome, The Tudors, The Borgias, The Pillars of the Earth, Banished ou Downton Abbey. En revanche, j’ai vite déchanté quant au visionnage de Reign, Marco Polo ou plus récemment les Médicis, abandonnées sans regret en cours de route.

L’idée de sélectionner ce petit manuel sur les séries télévisées anglo-saxonnes lors de la dernière Masse critique de Babélio était donc de me faire découvrir de nouvelles séries si j’étais passée à côté de l’une d’entre elles. Je remercie d’ailleurs Babélio ainsi que les éditions Vendémiaire pour l’envoi de ce livre car il s’est trouvé fort intéressant mais pas dans le sens auquel je m’attendais de prime abord.

L’ouvrage est construit de manière chronologique et montre ainsi l’évolution des séries télévisées des années 50 à aujourd’hui en Angleterre, aux Etats-Unis et en Australie.
– À l’origine, le concept de la série en épisodes provient du monde littéraire et de la presse avec la parution de romans divisés en feuilletons et diffusés dans la presse. Chacun se terminait bien évidemment par un cliffhanger afin de donner envie au lecteur de poursuivre sa lecture au prochain numéro.
– Dans les années 50, avec l’apparition des premières télévisions dans les foyers, les séries télévisées se développent, notamment les historiques : celles de cape et d’épée (swashbuckler) prédominent en Angleterre avec les aventures de Robin des Bois ou Ivanhoé et les western aux Etats-Unis, avec Lone Ranger.
– Dans les années 60, le genre n’a plus le vent en poupe mais évolue au gré des nouvelles modes notamment avec l’apparition de la Science Fiction et de l’Espionnage : on peut ainsi citer Wild Wild West (mélange de western, de SF et d’espionnage) ou Star Trek dans laquelle, les personnages font de régulières incursions dans le passé. De nouveaux thèmes apparaissent également avec la Guerre : la Seconde Guerre Mondiale devient alors un sujet privilégié comme la série Combat aux Etats-Unis.
– Dans les années 70-80, deux genres de séries émergent : les mini-séries centrées sur les sagas familiales comme The Forsyte Saga en Angleterre qui suit une famille de classe moyenne supérieure sur trois générations de 1879 à 1926 mais également Roots aux Etats-Unis sur la traite de l’esclavage au XVIIIème siècle ou Against the Wind, en Australie. Cette décennie est également marquée par la nostalgie et fait retourner l’Américain vers un Age d’or fantasmé du XIXème avec La Petite Maison dans la Prairie ou la période fifties comme Happy Days.
– Si les années 90 voient l’émergence des séries policière et médicale, le style historique n’est pas pour autant complètement abandonné. Ainsi, il n’est pas rare de voir arriver sur les écrans des séries historiques teintées de ces nouvelles influences à l’instar de Docteur Quinn aux Etats-Unis ou Brides of Christ en Angleterre. De plus, à cette période, en Angleterre, survient la nouvelle mode de la « Austen Mania » avec l’adaptation d’Orgueil et Préjugés et de nombreuses autres.
– Enfin, dans les années 2000, le genre historique revient en force et avec lui, le retour à la source des modes des années 50-60 comme le péplum (on peut ainsi citer Rome) ou les western avec Deadwood. Ces nouvelles séries sont en revanche très marquées par l’émergence de la violence et de scènes de sexe très explicites.

J’ai trouvé l’ouvrage Dominer le monde très intéressant dans le sens où l’auteur ne se contente pas de dresser une liste des séries télévisées mais montre bien l’évolution de ces dernières des années 50 à aujourd’hui. De plus, il fait constamment des corrélations entre les séries télévisées et le contexte politique et sociétal de leur époque. En effet, par exemple, si dans les années 50, les femmes ou les minorités ethniques étaient tenus au rang de simples figurants (dans la société, la femme travaillait peu mais restait en majorité au foyer et le racisme était latent aux Etats-Unis), aujourd’hui, elles sont beaucoup plus représentées, au point de devenir des personnages de premier ordre. Autre exemple, certaines séries télévisées pouvaient avoir un rôle stratégique afin de rallier le peuple américain à l’opinion publique. Ainsi, un épisode de Star Trek aurait été utilisé pour contrer le mouvement pacifiste contre la Guerre du Vietnam. Elles pouvaient être également utilisées comme moyen de propagande dans le contexte de la Guerre Froide et servir l’exportation du modèle américain :

« D’un point de vue idéologique, tous ces westerns, qu’ils soient destinés aux petits ou aux grands, œuvrent à consolider l’adhésion des Américains à un modèle qui doit d’autant plus être défendu qu’il est concurrencé, dans le contexte de la guerre froide, par celui de l’URSS et plus largement des régimes et mouvements communistes à travers le monde. C’est pourquoi ces séries mettent en scène une société passée où la sécurité des innocents, dans leur ferme ou dans les rues de leur ville, est inlassablement mise en péril par les agissements de mauvais individus et restaurée par quelques héros. Ce faisant, elles incitent ainsi les téléspectateurs à lire la société de leur temps selon la même grille, tout en les assurant du bien-fondé de leur choix de civilisation. » (P. 34-35)

Le seul défaut de cet ouvrage serait peut-être que l’auteur aurait un peu tendance à « spoiler » le déroulement de l’intrigue d’une série. Si ce n’est pas vraiment grave pour des séries anciennes, j’ai trouvé cela un peu dommage pour des séries plus récentes des années 2000.

En conclusion, Dominer le monde d’Ioanis Deroide ne m’aura pas vraiment fait connaître de nouvelles séries historiques car je connaissais toutes celles de la dernière décennie, du moins de nom. Mais, je ne regrette aucunement ma lecture qui s’est avérée être très intéressante, documentée et pertinente d’un point de vue analytique.

Note 4/5

15 réflexions sur “Dominer le monde : Les séries historiques anglo-saxonnes d’Ioanis Deroide

  1. et oui les séries ont bien évoluées depuis les années 50es elles sont aussi moins policées et moins conformistes, et surtout intéressent à des sujets qui a l’époque auraient parut contre la morale, ou intouchables ( ww2)

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  2. Merci pour cet article, ça à l’air intéressant ! Je constate que nous visionnons pas mal de séries en commun ^^ Et je suis tout à fait d’accord pour Maison Close (moins pour Marco Polo : j’ai trouvé la saison 2 très réussie)

    Aimé par 1 personne

  3. Bonjour, merci pour cette critique positive de mon livre ! J’assume les spoilers, même si je comprends qu’ils peuvent être gênants. Disons que j’aurais dû amputer de manière trop dommageable mon étude si je m’étais astreint à ne pas spoiler… C’est discutable, évidemment.
    Une dernière chose : j’ai signé cet ouvrage mais je dirige aussi la collection dans laquelle il a été publié : je peux donc vous dire que de nombreux autres genres seront traités dans des publications futures ; SF, policier (ces deux-là dès novembre 2017) puis fantastiques, « workplace comedies », etc.

    Pour nous suivre : https://www.facebook.com/universdesseries/

    Aimé par 1 personne

    1. Bonjour Ioanis, merci à vous d’avoir pris la peine de venir et d’écrire un petit message. Si effectivement, vous avez d’autres ouvrages du même acabit sur la SF, cela risque de m’intéresser. A voir prochainement!

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