Sénéchal de Grégory Da Rosa

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Quatrième de couverture :

« Sénéchal, la ville est assiégée ! ». Telle est la phrase que l’on m’a jetée sur le coin de la goule. Depuis, tout part à vau-l’eau. Oui, tout, alors que ce siège pourrait se dérouler selon les lois de la guerre, selon la noblesse de nos rangs, selon la piété de nos âmes. Nenni. Lysimaque, la Ville aux Fleurs, fière capitale du royaume de Méronne, est encerclée et menacée par une mystérieuse armée.
Et pour le sénéchal Philippe Gardeval, ce n’est que le début des ennuis. Suite à l’empoisonnement d’un dignitaire de la cité, il découvre que l’ennemi est déjà infiltré au sein de la cour, dans leurs propres rangs ! Sous quels traits se cache le félon ? Parmi les puissants, les ambitieux et les adversaires politiques ne manquent pas ; le sénéchal devra alors faire preuve d’ingéniosité pour défendre la ville et sa vie dans ce contexte étouffant d’intrigues de palais.

Editeur : Mnémos

Nombre de pages : 320

Prix : 19.50€

Mon Avis :

J’avais déjà croisé le roman de Grégory Da Rosa sur quelques blogs (notamment celui d’Apophis ou de Boudicca pour ne pas les citer) mais leur avis mitigé m’avait un peu refroidi. Or, dans le cadre d’une soirée littéraire sur l’Imaginaire, Sénéchal avait été un coup de cœur d’un des participants et cela m’avait convaincu de sauter le pas. Malheureusement, je dois bien l’avouer, j’aurais mieux fait de me fier à l’avis de notre Dieu égyptien et de notre Reine celte…

Philippe Gardeval est Sénéchal de la ville de Lysimaque et un ami fidèle au Roi Édouard. Un beau matin, il est brusquement réveillé par ces mots : « Sénéchal, la ville est assiégée ». Se rendant prestement à la Cour du Roi, il se rend rapidement compte que l’ennemi est déjà parmi eux, manquant de peu d’empoisonner le souverain…

Je vais commencer ma chronique en râlant pour changer ! Sénéchal est un premier tome : quelqu’un peut-il me dire où se trouve le petit 1 qui le préciserait sur la première de couverture ? Sérieusement, ce genre de procédé m’agace un peu car cela peut s’avérer trompeur pour le futur lecteur, croyant acquérir un one shot. En réalité, seule une toute petite phrase le précise sur la Quatrième de couverture…

Bref, je n’ai donc pas débuté ma lecture sous les meilleurs auspices. Néanmoins, le style littéraire très soigné de Grégory Da Rosa n’a pas manqué de me rasséréner. En effet, j’éprouve beaucoup d’admiration pour les auteurs qui font l’effort d’enrichir leur univers par un vocabulaire travaillé à l’instar de Jean-Philippe Jaworski. C’est en effet le cas pour Sénéchal et le fait que l’auteur explicite son vocabulaire par des astérisques est encore plus appréciable.
Le worldbuilding du roman n’est certes pas original car il s’inscrit dans un cadre médiéval tout ce qu’il y a de plus classique mais il fonctionne bien. Et je dois dire que Lysimaque mérite que l’on s’intéresse à elle, ne serait-ce que pour imaginer les palais et les bâtiments prestigieux de la Ville Haute, en passant par les méandres de la Ville Basse ou sa muraille probablement impressionnante.

En revanche, j’aurais deux critiques à formuler :
– En ce qui concerne le récit, je m’attendais à quelque chose comme Un royaume de vent et de colère de Jean-Laurent Del Socorro. Nous sommes en effet dans le même contexte : une ville est assiégée et elle doit préparer sa défense face à l’envahisseur. Étant donné que le récit se déroule sur trois jours dans Sénéchal, je m’attendais donc à un rythme soutenu avec une action menée tambour battant. Malheureusement, c’est loin d’être le cas car le récit se perd en digressions et autres situations absurdes voire peu crédibles. Par exemple, à l’issue de la nouvelle du siège, le Roi ne convoque pas son conseil restreint pour décider de la défense de la Cité mais se contente de siéger au milieu de sa Cour parmi ses courtisans. Aucune décision claire et précise n’est alors adoptée. Autre exemple, lorsque le Roi doit se rendre dans le Ville Basse ou rencontrer son ennemi devant les murailles de Lysimaque, il emmène sa fille qui ne possède aucune compétence martiale. N’est-ce pas un peu inconsidéré de lui faire prendre de tels risques?
– De plus, sur la (très belle et réussie) première de couverture, on peut aisément imaginer que le personnage représenté serait Philippe Gardeval. Si on le décrit, on pourrait dire que l’homme semble dur, âpre, déterminé et charismatique. Là encore, cela est trompeur car à la lecture du roman, le Sénéchal est éloigné de cette image. La plupart du temps, il s’avère être timoré et peu compétent dans l’art martial alors même qu’il fait partie de l’escorte du Roi (à un moment donné, il est même sauvé par la Princesse, c’est dire!), frivole, pataud, plus enclin à servir son intérêt propre ou celui de sa famille plutôt que son Roi et sa Cité. J’avais tellement peu de sympathie pour ce personnage que je me suis même prise à croire qu’il était un traître au même titre que les soupçons du Chancelier.

En conclusion, Sénéchal a été une grosse déception pour moi. S’il s’agit d’un roman très bien écrit et très recherché dans son style d’écriture et son univers, en revanche, le personnage principal peu sympathique et le récit auront eu raison de mon enthousiasme. Pour ma part, l’aventure s’arrêtera là car je ne poursuivrai pas avec les tomes suivants.

Note 2.5/5

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19 commentaires

  1. La couverture et le résumé me tentaient assez. En revanche, j’avais compris qu’il s’agissait d’un tome unique (comme tu le dis, il n’y a pas la moindre mention d’autre tome sur la première de couv’) et ça, ça me refroidit grandement… Sans compter ton retour.
    Je vais passez mon tour, pour l’instant en tout cas.

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    • Lis quand même d’autres chroniques pour te faire une idée, on ne sait jamais. En revanche, le fait de « cacher » qu’il s’agit d’un tome 1 m’ennuye beaucoup. Malheureusement, c’est de plus en plus courant…

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      • J’ai lu quelques chroniques positives, mais je n’ai été convaincue plus que ça. Ca a l’air sympa, et d’un autre côté ça ne pointe pas les défauts (quand on aime, on en oublie les défauts, mais si je peux passer outre certains d’entre eux, pour d’autres c’est plus difficile). Je vais attendre la sortie du deuxième tome, voir ce que les gens en pensent.
        Oui, j’ai failli me faire avoir avec « La lectrice » de Traci Chee…

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  2. (merci pour le lien)
    Il faut toujours écouter l’avis des dieux égyptiens et des reines celtes 😀

    Trêve de plaisanterie, très bonne critique. De mon côté, j’ai plus apprécié le personnage principal, mais par contre je te rejoins sur les autres points, particulièrement les digressions.

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    • Merci à toi aussi pour le lien. Oui, j’ai relu ta chronique et j’ai vu que tu avais aimé le côté humain du personnage. Et oui, que veux-tu la petite fée n’en fait qu’à sa tête et voilà! Rhôôô, elle aurait dû écouter ses aïeux! 😉 Quoi de plus sage qu’un dieu millénaire???

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  3. C’est un roman que j’hésite beaucoup à lire. Tu pointes encore des petits détails qui ne vont pas dans le « bon « sens et même s’il est bien écrit, cela ne fait pas tout…
    Merci pour cette critique ! 🙂

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  4. Je viens de le finir et je te rejoins sur certains points, notamment le personnage principal que j’ai eu du mal à apprécier. J’ai bien aimé le roman, un peu plus que toi je pense mais je trouve que le roman a un rythme très bizarre, le début part sur des chapeaux de roues puis diverses descriptions et histoires annexes viennent casser le rythme et c’est dommage. Mais je pense que je lirais la suite. Par contre clairement, il aurait du être précisé que c’est un premier tome.

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