The Handmaid’s Tale (La Servante Écarlate)

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Introduction : 

Cela faisait un petit moment que je n’avais pas visualisé de série. Mais, s’il y en a une, en revanche, que je ne manquerai pour rien au monde, c’est bien GOT (Game Of Thrones pour les non-initiés). Alors, pour tromper mon impatience entre chaque épisode hebdomadaire, il a bien fallu me mettre quelque chose sous la dent, cet été! C’est ainsi qu’intervient The Handmaid’s Tale! J’en avais beaucoup entendu parler sur la blogosphère et les bonnes critiques avaient définitivement attisé ma curiosité. Je viens de finir les dix épisodes et je ne peux m’empêcher de vous dévoiler mes premières impressions : grandiose et glaçant!

Résumé : 

Offred, il y a trois ans encore, était une jeune trentenaire épanouie. Elle travaillait et possédait sa propre indépendance tout en étant mariée et mère de famille, elle sortait avec sa meilleure amie, bref une vie normale. Normale? Enfin, pas tout à fait car la chute brutale du taux de natalité due à la pollution et à un incident nucléaire a engendré l’inquiétude et la peur…
Aujourd’hui, Offred est une Servante au service de la République de Gilead. Et elle devrait être heureuse lui dit-on car Dieu lui aurait insuffler le don de procréation. Mais, quel sens sa vie peut-elle avoir lorsque son mari a été assassiné, sa fille arrachée, et son existence même bafoué sous les coups, les humiliations, la menace ou les viols perpétués tous les mois, lors de leurs soi-disantes « cérémonies »?

 

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Une dystopie glaçante…

The Handmaid’s Tale est à l’origine un roman de Margaret Atwood publié en 1985 et déjà adapté une première fois en film, en 1990. Elle appartient au genre de la dystopie, c’est-à-dire que l’auteur imagine le basculement de notre société sous la férule d’un nouveau régime totalitaire que l’on pourrait qualifier ici de théocratique. La dystopie se veut surtout une mise en garde : tout comme 1984 de George Orwell, The Handmaid’s Tale prévient son lecteur des dérives possibles de notre société comme la remise en question de nos libertés individuelles afin de soi-disant lutter contre la menace terroriste ou les droits des femmes face à la montée du radicalisme religieux.

Dans The Handmaid’s Tale, on apprend que la République de Gilead a été instaurée aux États-Unis, suite à un coup d’état : les principales arcanes du pouvoir que sont l’Exécutif (La Maison Blanche), le Législatif (le Congrès) et le Judiciaire ont été détruits lors d’un attentat et leurs membres massacrés. Le but ? Instaurer une nouvelle société basée sur une Religion (inspirée d’une espèce de Protestantisme radical) qui réduirait de manière drastique les effets de l’Homme sur l’Environnement et promouvrait les valeurs de la Procréation. La perpétuation de l’espèce humaine doit alors primer sur le bonheur et la liberté des individus. Les Yeux, sorte de milice au service de la République, sont partout afin de maintenir un climat de terreur. Adieux à la liberté d’expression, au droit de manifestation, à la liberté religieuse, les homosexuels sont traqués et les femmes perdent leur droit.

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… qui défend les valeurs du féminisme …

En effet, dans la République de Gilead, les femmes sont désignées comme les principales responsables de la baisse drastique du taux de natalité. Leur mode de vie considéré comme trop libre et permissif les détourne de leur mission première : donner la vie. Donc, Mesdames, dans cette nouvelle société idéale, vous n’aurez plus le droit de travailler, vous dépendrez automatiquement de votre mari/frère/père, quant aux études, n’en parlons même pas ! Être surprise en train de lire vous coûtera un doigt et écrire, une main. Désormais, vous serez enfermées dans une nouvelle caste : vous serez soit Épouse (ce sont les conjointes des dirigeants de cette nouvelle ère) habillée de vert, Martha (les domestiques) vêtue de gris, Tante habillée en marron (sorte de gardienne des bonnes mœurs et formatrice) et les Servantes en rouge à laquelle appartient Offred. Ces dernières ont déjà prouvé qu’elles pouvaient être mères et sont purement réduites au rang d’esclave. Rentrées au service des Épouses, elles doivent se faire engrosser au cours d’une Cérémonie par le Commandant, Maître de la maison et leur fournir une descendance. Leur sort est peu enviable car elles sont étroitement surveillées : Offred n’a même plus le droit d’avoir son propre nom (quand elle intègre une nouvelle maison, elle doit prendre le nom de son Commandant), elle est souvent battue, humiliée et réduite au rang de « vagin » sur patte.

Pour la petite anecdote, la série a eu un tel retentissement aux États-Unis que certaines femmes pour lutter contre l’abrogation de l’Obamacare, (rappelons-le qui facilite l’accès à l’IVG et à la contraception pour les femmes) ont revêtus les vêtements des Servantes Écarlates et sont allées manifester devant le Capitole, à Washington.

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… et possède un grand impact émotionnel

La série The Handmaid’s Tale possède, en effet un grand impact émotionnel pour plusieurs raisons :

– le jeu incroyable des acteurs : Elizabeth Moss est époustouflante. Le spectateur s’identifie dès le premier épisode à son personnage Offred et éprouve à son égard beaucoup d’empathie. Le fait qu’elle soit de la même génération que moi m’a aussi rapproché d’elle car avant l’instauration de la République de Gilead, nous partagions le même mode de vie. Et les questionnements se succèdent : comment aurais-je réagi si j’avais été à sa place ? L’aurais-je supporté ? Aurais-je choisi l’exil, la mort, la résignation ou la collaboration par peur ?
Ce que j’ai également beaucoup apprécié aussi c’est l’ambivalence des personnages : personne n’est ni tout à fait noir, ni tout à fait blanc. Offred par peur d’être torturée, dénonce l’homosexualité de son amie. L’épouse du Commandant Fred, Séréna, est certes une femme froide, glaciale, violente mais elle souffre de ne pouvoir donner la vie et serait prête à tout pour avoir un enfant. Même Tante Lydia qui n’aurait rien à envier à une gardienne de camp d’extermination nazi éprouve pour une des Servante, Janice, une affection quasi maternelle.

– Certaines scènes possèdent aussi un sens profondément esthétique. Je citerais ainsi la répression d’une manifestion à laquelle Offred et son amie avaient participé. Les ralentis et la musique de Philippe Glass donnent une intensité émotionnelle très forte à cette scène. Il y en a une autre aussi qui m’a beaucoup marqué : la scène de condamnation à mort par lapidation possède une certaine beauté stylistique notamment avec le tourbillon des flocons de neige qui se détache des vêtements écarlates des Servantes. Elle renforce ainsi le début de résistance contre l’ordre établi.

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Conclusion :

Vous l’aurez compris, j’ai eu un véritable coup de cœur pour The Handmaid’s Tale et je la recommande largement. Elle offre plusieurs pistes de réflexion sur notre société. Certes, le scénario original du roman a été écrit, il y a plus de trente ans, mais je trouve le fond très actuel. En effet, en suivant le récit d’Offred, difficile de ne pas penser au carcan dans lequel certaines femmes du Moyen Orient ou de l’Afrique Subsaharienne ont été enfermées au nom de la Religion. Et nous qui nous croyons à l’abri dans notre démocratie, une dérive de notre société est encore possible et tout n’est malheureusement pas encore acquis.

Note 5/5♥

24 réflexions sur “The Handmaid’s Tale (La Servante Écarlate)

  1. Excellent article ! Il faut absolument que je prenne le temps de la regarder, celle-là, mais en ce moment ce n’est vraiment pas évident, à part GoT et Dark Matter je n’arrive plus à suivre le rythme des séries US.

    Merci pour cette superbe critique !

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    1. Merci à toi, Apophis! Cela me fait très plaisir! J’ai pris plus de temps que d’habitude pour la rédiger celle-ci car je voulais absolument que les lecteurs aient autant envie que moi de la visionner! Je pense que j’ai réussi mon pari! 😉

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  2. Superbe article ! Tu m’en as parlé hier et je suis d’autant plus ravie de lire tout le bien que tu penses de cette série aujourd’hui ! Voilà, je risque bien de sauter le pas et visionner tout cela rapidement…
    Tu m’auras encore pervertie avec une nouvelle série ! 😉
    Si t’en as d’autres, d’ailleurs, je suis preneuse… 🙂

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  3. Je n’ai pas vu la série mais le livre est juste marquant. Je me demande comment j’ai pu passer à côté pendant aussi longtemps. C’est une véritable claque. Je ne peux que le conseiller quant à moi, ta chronique m’a donné envie de jeter un oeil sur la série.

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    1. Merci à toi, Yogo! Oui, effectivement, j’ai bien l’intention de lire le roman. C’est juste que je suis sur liste d’attente à la bibliothèque! Au fait, je crois que j’ai effacé par mégarde ton commentaire sur Le Sultan des nuages. Désolée… Mais, bienvenue sur mon site!

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  4. Quelle excellente et fine critique, bravo !!! Tu as su mettre l’accent sur tous les points forts de cette série, et ils sont nombreux ^_^ Elizabeth Moss est juste… waouh !!!
    Je suis aussi une inconditionnelle de GOT, mais là, j’avoue avoir été à la fois glacée, et bluffée en même temps.
    Merci pour la justesse et l’impact de ton ressenti, auxquels j’adhère à 200% 😉

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