My Cousin Rachel de Roger Michell (2017)

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Introduction :

J’affectionne tout particulièrement l’ambiance des romans gothiques anglais. Alors quand j’ai su par l’article de La tête en Claire qu’un des trois romans les plus fameux de Delphine du Maurier avait été adapté, je me suis vite rendue au cinéma pour aller le visionner. N’ayant pas (encore) lu le roman original, je ne pourrai pas juger de la qualité de l’adaptation et vous dire s’il est fidèle par rapport au livre. En revanche, même si j’ai apprécié le film dans sa globalité, quelques points m’auront quelque peu déplu.

Résumé :

Philip Ashley, orphelin, a été élevé par son cousin plus âgé, Ambroise Ashley qu’il considère comme son père. Mais, ce dernier connaît quelques problèmes de santé quand il atteint la quarantaine et doit passer les hivers dans un pays au climat plus favorable. Il choisit alors l’Italie et la campagne toscane. Les deux cousins entretiennent désormais une correspondance très ressérrée et Philip apprend qu’Ambroise a rencontré une jeune femme italo-anglaise, Rachel, avec qui il se marie. Malheureusement plusieurs mois après, les lettres d’Ambroise deviennent de plus en plus alarmantes : ses maux de tête semblent avoir redoublé et il accuse également Rachel de porter atteinte à sa santé. Philip décide alors de partir immédiatement pour l’Italie afin de sauver son cousin de cette femme vénéneuse. Mais, une fois arrivé sur place, il apprend son décès…

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Les points faibles 

Comme je l’ai dit en introduction, plusieurs points m’ont posé problème et ce, dès le début du film. En effet, c’est Sam Claflin qui joue le rôle de Philip ainsi que celui de son cousin Ambroise. Je sais que Roger Michell voulait montrer que les deux cousins se ressemblaient beaucoup, ce qui crée un trouble chez Rachel (Rachel Weiz) quand ils se rencontrent pour la première fois. Mais, pour ma part, je trouve le procédé un peu désuet et paresseux…

Autre problème aussi, le séjour de Philip en Toscane : probablement pour des raisons de budget, les scènes n’ont pas été tournées en Italie et cela… se voit à l’écran! Pour y être allée l’année dernière, la campagne filmée ainsi que le palais dans lequel a résidé Ambroise n’ont pas grand chose de toscan. Les incrustations du fameux dôme de Santa Maria del Fiore ainsi que son campanile dans le paysage florentin ne sont pas très réussis non plus et c’est un peu dommage…

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Enfin, le roman My Cousin Rachel a été publié en 1951 mais d’après ce que j’ai compris, Daphné du Maurier n’a pas inscrit son récit à une époque bien précise. Le réalisateur a donc fait le choix d’insérer son film dans l’Angleterre des années 1830. Une décision, qui à mon avis, n’est pas dû au hasard car cette période marque aussi la fin du roman gothique, en Angleterre.
Malheureusement, tout au long du film, j’ai été turlupinée par un questionnement au sujet de l’héritage des femmes veuves, en Angleterre. En effet, le parrain de Philip, Nick Kendall (Iain Glen) est surpris que Rachel ne vienne pas réclamer l’héritage de son défunt mari. Ce sera donc Philip qui en héritera quand il aura atteint dans quelques mois ses vingt-cinq ans. Or, à la fin du XVIIIème siècle, au temps de Jane Austen, une femme veuve n’avait pas le droit d’hériter et en l’absence d’un fils, toutes ses possessions devaient revenir au plus proche parent mâle (c’est d’ailleurs ce qui risque d’arriver à la famille Bennett dans Orgueil et Préjugés car à la mort du père de Lizzie, l’héritage doit aller à son cousin, Mr Collins). Si l’on suit ce raisonnement, Rachel n’aurait de toutes manières, pas eu le droit d’hériter… En revanche, je sais qu’à la fin du XIXème siècle, une femme célibataire le pouvait, c’est d’ailleurs le cas pour Bathsheba Everdene dans Loin de la Foule déchaînée de Thomas Hardy, paru en 1874. Du coup, ma question est : à partir de quand une femme célibataire ou veuve pouvait-elle hériter, en Angleterre, au XIXème siècle? Je n’ai pas réussi à trouver la réponse donc si quelqu’un en sait un peu plus, je voudrais bien être notifiée, en commentaire.

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Les points forts

Si My Cousin Rachel possède quelques petits défauts évoqués ci-dessus, en revanche, de grandes qualités en font un film tout à fait agréable à regarder. En effet, tout au long du récit, l’ambiguïté autour du personnage de Rachel est maintenue. Est-elle une veuve noire en quête d’héritages (Ambroise est son second mari) ou victime de malheureuses circonstances? Pour ma part, je suis partie sur une des deux théories (je ne vous dirai pas laquelle afin de ne pas vous spoiler) mais j’avoue avoir été un peu déboutée à la fin. Le jeu parfait de Rachel Weiz entretient d’ailleurs bien cette ambivalence : tantôt femme fatale et tentatrice, tantôt veuve éplorée victime de préjugés infondés. Son duo avec Sam Claflin fonctionne d’ailleurs plutôt bien. Et le spectateur se retrouve un peu perdu : qui doit-il croire? Qui a raison et qui a tort?

Autre point fort qu’avait déjà relevé La Tête en Claire : les décors. J’ai été subjuguée par la demeure de Philip (d’après Allociné, il s’agit d’une maison du XVIème-XVIIIème siècle du Sud-est de l’Angleterre non restaurée : elle suggère ainsi toute l’ambivalence d’une petite noblesse de province suffisamment riche pour conserver son train de vie mais en même temps, ne pouvant se permettre de restaurer leur propre demeure). Les magnifiques paysages côtiers du Devonshire ne sont pas en reste non plus et sont tout simplement sublimes.

Enfin, je terminerai sur les costumes, notamment féminins. La garde-robe de Rachel est très réussie : de couleur sombre et austère, elle souligne certes sa condition de veuvage mais lui donne aussi une certaine aura de mystère. J’ai également beaucoup apprécié les costumes de la fille du parrain de Philip, Louise (Holliday Granger) : les couleurs claires et les motifs floraux tranchent avec les robes de Rachel et lui confèrent beaucoup de fraîcheur, de pureté et d’innocence.

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Conclusion

My Cousin Rachel a été un film tout à fait agréable à visionner et je remercie La tête en claire, sans qui je serais probablement passée à côté. Je le recommande donc mais uniquement aux adeptes du genre. Il me tarde désormais de découvrir le roman éponyme car de l’auteure, je ne connais que Rebecca.
Pour la petite anecdote, j’ai découvert Daphné du Maurier grâce à Guillermo Del Toro car il s’était inspiré de certains de ses romans pour écrire le scénario de Crimson Peak. Et en effet, l’idée des infusions provient de My Cousin Rachel!

Note 3/5

10 commentaires

  1. Une mine d’or ! J’ignorais que Guillermo del Toro s’en était inspiré, pourtant j’ai adoré Crimson Peak. L’univers devrait me plaire également, et oh … un Jorah Mormont qui se balade ^^ merci pour cette découverte, je n’ai pas lu le livre non plus, mais peut-être qu’il serait intéressant que je m’y mette, après ou avant avoir vu le film.

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