Power de Michaël Mention

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Quatrième de couverture :

 » Ici, comme dans les autres ghettos, pas d’artifice à la Marilyn, ni de mythe à la Kennedy. Ici, c’est la réalité. Celle qui macère, mendie et crève.  » 1965. Enlisés au Vietnam, les Etats-Unis traversent une crise sans précédent : manifestations, émeutes, explosion des violences policières. Vingt millions d’Afro-Américains sont chaque jour livrés à eux-mêmes, discriminés, harcelés. Après l’assassinat de Malcolm X, la communauté noire se déchire entre la haine et la non-violence prônée par Martin Luther King, quand surgit le Black Panther Party : l’organisation défie l’Amérique raciste, armant ses milliers de militants et subvenant aux besoins des ghettos.
Une véritable révolution se profile. Le gouvernement déclare alors la guerre aux Black Panthers, une guerre impitoyable qui va bouleverser les vies de Charlene, jeune militante, Neil, officier de police, et Tyrone, infiltré par le FBI. Personne ne sera épargné, à l’image du pays, happé par le chaos des sixties.

Éditeur : Stéphane Marsan

Nombre de pages : 456

Prix : 20.00€

Date de parution : 4 Avril 2018

Mon Avis :

J’ai tellement apprécié ce roman que je l’ai lu en intégralité dans la journée de mardi et je n’ai pas pu aller me coucher sans le terminer! Je remercie les éditions Stéphane Marsan ainsi qu’Agnès Chalnot pour l’avoir envoyé et fait découvrir! Un véritable coup de coeur (et oui, encore un!).

Avant cette lecture, la période 1965-1971 aux Etats-Unis, cela représentait pour moi : la Guerre Froide et notamment la Guerre des Étoiles, le Président Nixon, la Guerre du Vietnam et le mouvement Peace And Love, le scandale du Pentagon Papers (dont j’ai vu le film au titre éponyme avec Merryl Streep et Tom Hanks, récemment), l’assassinat de Malcolm X et de Martin Luther King, la discrimination raciste envers la communauté noire, l’émergence de nouvelles musiques comme le Rock ou la Funk, l’utilisation massive de la drogue, etc… Mais, j’avoue qu’à la base, je ne connaissais absolument pas le mouvement des Black Panther Party.

99A609D6-B459-44A6-868E-2C5C956306B1Crée en 1966 par deux étudiants Noirs Américains de San Francisco, Bobby Seale et Huey P. Newton, le Black Panthers Party (BPP) était un mouvement révolutionnaire très marqué à gauche. Je suppose que tout comme moi, vous devez vous demander s’il y a un rapport avec le personnage de comics récemment adapté au cinéma? Et bien oui! Car Black Panther a été le tout premier superhéros noir de comics à faire son apparition la même année!

0DAE19B2-77BF-482C-831E-B9CA2E66C6DABobby et Huey sont partis du constat que les Etats-Unis d’Amérique n’étaient d’aucun secours pour leur communauté, pire les discriminaient en les regroupant dans des quartiers urbains défavorisés et insalubres, les isolaient de l’éducation et de ce fait du monde de l’emploi et les soumettaient aux exactions et humiliations fréquentes des policiers. Ils ont donc décidé de lutter à leur manière pour pallier au manquement de l’Etat : arborant leur uniforme noir (veste de cuir avec casquette et port d’arme), ils ont organisé des distributions de nourriture notamment les petits-déjeuners des enfants, le matin, crée des patrouilles de surveillance contre la violence et l’arbitraire de la police, ouvert des dispensaires de soins, etc… De plus, afin d’éviter tout débordement, ils interdisaient strictement la consommation de drogue à leur membre.
476792F1-0A85-43A4-ACC1-9BD9C2DD8C49Si au début, le Mouvement séduit et connaît un véritable succès de 1966 à 1971 au point d’ouvrir de nouvelles sections un peu partout aux Etats-Unis (Philadelphie, New York ou Los Angeles), il va peu à peu connaître un déclin jusqu’à sa disparition définitive, en 1982 pour trois raisons :
– les luttes intestines qui empoisonnent la vie du Mouvement et les décrédibilisent aux yeux du public.
– la répression extrêmement violente de la part de l’Etat et du FBI multipliant par là les opérations coups de poing (arrestations, assassinats, répressions lors des manifestations, etc…)
– la radicalisation du Mouvement contre les Blancs et des actes de terrorisme.

Le roman Power est organisé en deux parties distinctes : la première « What we want » est courte (90 pages) et se déroule de l’assassinat de Malcolm X en février 1965 jusqu’à la création du mouvement du BPP en octobre 1966 par Bobby et Huey. Quant à la seconde « What we believe » est organisé comme un roman chorale (genre que j’adore!) avec l’alternance de chapitres courts mettant en scène trois personnages : Charlene, une jeune fille de seize ans au début du récit qui intègre la section de Philadelphie, Tyrone qui est en prison et se fera recruter par le FBI afin de servir de « taupe » et enfin Neil, un policier Blanc d’une trentaine d’années, idéaliste et tolérant. Si je ne connais pas bien la période, Power semble néanmoins bien documenté faisant appel aux citations de sources contemporaines (Ten Point Program du BPP, extraits d’articles de presse ou de paroles de chansons, la playlist étant recensée à la fin du roman, etc…). Malgré ses 450 pages, il se lit très vite facilité par des chapitres courts, efficaces et une écriture fluide.
Il possède également une double lecture. En effet, il ne s’agit pas seulement de conter les vicissitudes d’un Mouvement contestataire des années 60-70 pour Michael Mention. Au contraire, il semblerait qu’au travers de l’évolution de chacun des personnages, il ait voulu démontrer que quoiqu’il arrive, la violence entraîne toujours la violence. De l’incompréhension, naît l’intolérance puis le rejet et enfin la violence.

Sur la Quatrième de couverture, il est noté que Power est « Un roman puissant et viscéral, plus que jamais d’actualité ». Après sa lecture, je ne peux qu’être d’accord avec cette citation. J’avais lu il y a deux ans Triste Amérique, le vrai visage des Etats-Unis de Michel Floquet et force est de constater que même quarante ans après, les choses ont peu évolué. Certes, un Président Noir a été élu à la Maison Blanche pour deux mandats de 2009 à 2017. Mais, la communauté Noire est toujours actuellement la cible de violences policières, les premières victimes en cas de catastrophes (Ouragan Katrina, en 2005 ou la Crise des Subprimes en 2008, par exemple) et reste socialement et économiquement défavorisée.

14 commentaires

  1. Pour tout dire, il a tout à fait le potentiel pour éveiller ma curiosité, et je pense qu’il me plairait. Mais, car il y en a un, ce n’est pas dans ma sphère exactement, je suis plus dans l’histoire plus ancienne, et surtout la SFFF. Trop à lire, des choix, des choix…
    Belle chronique! 🙂

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  2. Bon bon bon, je l’avais repéré au Salon du Livre, tu m’as convaincue de l’offrir à ma mère pour la fête des mères (et je passerai rapidement après elle pour le lire également ahah xD) Merci pour ce retour!

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  3. Belle critique comme toujours ! Bon, je suis un peu dans le même cas que Lutin à avoir trop à lire pour m’intéresser à d’autres genre (puis j’avoue que c’est une période de l’histoire assez sombre qui ne m’emballe pas des masses à la base). Mais il est clair que ta critique suscite la curiosité.

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