Toutes blessent, la dernière tue de Karine Giebel

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Quatrième de couverture : 

Je connais l’enfer dans ses moindres recoins. Je pourrais le dessiner les yeux fermés. Je pourrais en parler pendant des heures. Si seulement j’avais quelqu’un à qui parler… Tama est une esclave. Elle n’a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin… Frapper, toujours plus fort.
Les détruire, les uns après les autres. Les tuer tous, jusqu’au dernier. Gabriel est un homme qui vit à l’écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures. Un homme dangereux. Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite ! Parce que bientôt, tu seras morte.

Editeur : Belfond

Nombre de pages : 735

Prix : 21,90€

Date de parution : 29 Mars 2018

Mon Avis : 

Quand on m’a proposé ce roman en Service Presse (je remercie d’ailleurs les éditions Belfond ainsi qu’Agnès Chalnot), je ne connaissais Karine Giebel que de nom, sans n’avoir jamais rien lu d’elle. Mais, quand j’ai débuté les premières pages, la magie a immédiatement opéré et les 735 pages ont été expédiées en… deux jours!

Tama, ce n’est pas son vrai nom. C’est celui imposé par sa « tante » Mejda, l’horrible femme qui l’a acheté à sa famille alors qu’elle n’avait que huit ans. Son père pensait lui donner un avenir en l’envoyant en France, pour qu’elle aille à l’école et qu’elle mène une meilleure vie qu’au Maroc. En réalité, Tama est partie en enfer. Non seulement, elle n’ira jamais en classe mais elle sera une esclave. Envoyée dans une famille aisée de la banlieue parisienne, elle devra s’occuper de tout, du ménage, de la cuisine, des enfants et tout cela en subissant les brimades, les coups, à manger les restes des enfants et à dormir par terre dans la buanderie. Mais, Tama est une petite fille forte qui n’a pas l’intention de se laisser faire…

L’esclavage moderne en France est une réalité aujourd’hui bien qu’aucun chiffre ne soit avancé car tout se déroule dans la clandestinité. Il touche essentiellement des petites filles ou des jeunes femmes issues de condition modeste en Asie, en Afrique subsaharienne ou comme c’est le cas ici du Maghreb. Elles sont confiées par leur famille à une personne sans scrupule qui leur fait miroiter un meilleur avenir pour elles. Mais, en réalité, une fois arrivées en France, elles sont complètement sous l’emprise de leur « protectrice » : les jeunes filles ne parlent pas la langue, leurs papiers sont confisqués et elles doivent faire jusqu’à 10-15 heures de ménage par jour sans recevoir de rémunération. Certaines parviennent à s’enfuir soit seules, soit par dénonciation d’un voisin ou d’un proche de « l’employeur ». Des associations comme l’OICEM (Organisation Internationale Contre l’Esclavage Moderne) viennent en aide justement à ces jeunes filles.
Pour rappel, l’esclavage a été aboli en France, en 1848 mais ce n’est qu’en 2013 que la Loi contre la réduction en esclavage, la servitude et le travail forcé sont rentrés dans notre Code Pénal…

Le récit de Tama est âpre, violent et dur. Si l’on est un peu sensible, cela peut poser problème tant le roman est réaliste. Et les larmes me sont parfois venues aux yeux (chose rare à signaler!). On sent que Karine Giebel s’est beaucoup documentée sur le sujet et c’est ce qui a donné toute sa crédibilité au texte.
L’écriture est fluide et j’ai été happée par ce roman dès les premières pages. J’avais très envie de découvrir ce qui allait arriver à Tama : j’avais peur pour elle, je souhaitais la réconforter dans les moments difficiles, lui insuffler du courage et lui donner le goût de la vengeance pour que ses tortionnaires soient punis. Sa rage et son désespoir, je les ai vécus comme s’ils avaient été miens.
Le récit alterne entre quatre points de vue : celui de Tama, Gabriel, Izri et Tayri. Vous savez à quel point, j’aime le roman choral. L’alternance de points de vue donne beaucoup de dynamisme au récit tout en permettant de jouer sur les émotions du lecteur.

En conclusion, Toutes blessent, la dernière tue a été une sacrée claque tant pour le réalisme des scènes que pour l’empathie éprouvée à l’égard du personnage principal, Tama. Servi par une écriture des plus fluides, le roman se veut par moment difficile car la jeune fille tombe de Charybde en Scylla et le lecteur se demande quand tout cela va s’arrêter et si elle va enfin connaître une issue heureuse. Karine Giebel est une véritable découverte et son roman a été un grand coup de coeur pour moi. Je lirai donc très certainement d’autres de ses livres tout en jetant un coup d’oeil de temps en temps à son actualité.

6 commentaires

  1. Mince, quand j’ai lu le synopsis, j’ai cru à un moment à un livre de Fantasy (ou du moins de l’ordre de l’imaginaire). J’avais beaucoup entendu parler de ce livre dans de nombreux groupes Facebook et je comprends pourquoi maintenant. Je ne crois pas que j’aimerai un jour ce type de récit mais s’il fallait un jour en choisir un, pourquoi pas celui-là ? Pourquoi pas plus tard ?
    Merci pour ta chronique, on ressent vraiment l’émotion qui a dû te transpercer tout au long de l’histoire, c’est intriguant.

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