Le bruit de la machine à écrire d’Hervé L’oiselet et Benoit Blary

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Quatrième de couverture : 

Février 1944. Christa Winsloe, sculptrice, écrivaine et dramaturge mondialement connue dans l’entre-deux guerre pour Jeunes filles en uniforme, s’installe à Cluny avec sa compagne Simone Gentet.

La ville est traumatisée par une récente une vague d’arrestations, mais pour elles, la guerre est à l’autre bout du monde… Elles ouvrent un compte en banque, adoptent un chat, correspondent avec la Kommandantur pour obtenir des papiers, s’enivrent dans les cafés, s’énivrent dans les cafés et font du tourisme.

Elle travaille la nuit et partagent une machine à écrire…. Il n’en faudra pas davantage pour qu’on les accuse d’espionnage et qu’on les abatte dans un bois le 10 juin 1944. Au nom de la Résistance.

En 1948, à Chalnot sur Saône, quatre accusés font face à la justice.

Pourquoi Christa Winston et Simone Gentet ont-elles été assassinées? Les archives sont aujourd’hui accessibles.

Editeur : Steinkis

Nombre de pages : 136

Prix : 18,00€

Date de parution : 25 Avril 2018

Mon Avis : 

Je ne connaissais absolument pas l’histoire de ces deux femmes accusées d’espionnage à la fin de la Seconde Guerre Mondiale et assassinées au nom de la Résistance. Aussi, quand Babélio a proposé cette bande dessinée lors de la dernière Masse critique, je l’ai sélectionné. Je remercie les éditions Steinkis pour me l’avoir envoyé.

A Cluny, au début de l’année 1944, règne une ambiance particulière. En effet, la petite ville de Bourgogne a beaucoup souffert : elle a connu des arrestations massives et des déportations dont beaucoup de ne reviendront pas (certaines femmes ont même été arrêtées à la place de leur mari), des hommes sont partis au front ou dans la Résistance, des enfants sont désormais orphelins, des commerces et des maisons ont été incendiés par les Allemands en représaille et pour finir la ville est bombardée, en juin.

C’est dans ce contexte qu’arrivent en février 1944, à Cluny deux femmes bien insouciantes : Christa Winsloe, une écrivaine et sculptrice d’origine hongroise et sa compagne Simon Gentet d’origine suisse. Mais, leur attitude les rend immédiatement suspectes aux yeux des habitants.

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– Christa et Simone aiment partir en promenade pour découvrir le patrimoine historique de la ville et de ses environs mais pour les habitants, elles « fouinent » et se renseignent sur leur compte.
– Les deux jeunes femmes intellectuelles parlent plusieurs langues et il leur arrive de converser avec des Allemands dans la langue de Goethe à la barbe des habitants.
– La nuit, elles tapent sur leur machine à écrire (je le rappelle, Christa est écrivaine) et elles sont aussitôt suspectées de rédiger des rapports.
– Christa envoye et reçoit régulièrement des courriers de la Komandatur de Lyon mais il était obligatoire de passer par cette administration pour recevoir des virements bancaires provenant d’Allemagne.
– Les deux femmes « n’étaient pas étrangères à Lesbos » selon les dires des habitants, autrement dit le fait qu’elles entretiennent une relation amoureuse n’était pas du goût de tout le monde!

Aussi, dans ce contexte délétère, les rancœurs sont nombreuses et la violence se déchaîne au moment de régler ses comptes. Quelques jours après le débarquement en Normandie, les deux jeunes femmes, suspectées d’espionnage, sont arrêtées par des membres de la Résistance et assassinées dans la forêt, après un interrogatoire succinct de deux heures. Quatre ans après, s’ouvre le procès des quatre personnes suspectées de meurtre…

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J’avais déjà lu une bande dessinée du même genre aux éditions Steinkis sur la journaliste Anna Politkovskaia assassinée, en Russie, en 2006. Le bruit de la machine à écrire se compose de la même manière : une première partie en bande dessinée suivie d’une seconde partie sous forme d’un dossier documentaire. Comme je l’ai dit en introduction, je ne connaissais pas du tout cette histoire et même lorsque je me suis rendue à Cluny pour visiter la célèbre abbaye, je n’en avais pas entendu parler.

Si la bande dessinée est réellement passionnante et bien documentée, elle s’avère aussi être très confuse. En effet, débuter par l’assassinat des deux femmes ne me dérange pas outre-mesure car cela permet ensuite à l’auteur d’expliquer à son lecteur le déroulé de l’histoire. En revanche, par la suite, les évènements sont mélangés et le lecteur se perd dans un véritable imbroglio : si les dates nous permettent un peu de nous y retrouver, il n’est tout de même pas évident de suivre. Pour exemple, on passe de l’arrivée des deux femmes à Cluny en février 1944 pour aller au procès en janvier 1948 et repartir en juin 1944 pour la libération de la ville. De plus, de nombreux personnages apparaissent au fil du récit et là encore, ils ajoutent de la confusion. C’est simple pour préparer ma chronique, il m’a fallu relire la bande dessinée deux fois afin d’être certaine de ne pas commettre de bévue.

En conclusion, grâce à un nouveau travail de recherche dans les Archives, la bande dessinée Le bruit de la machine à écrire permet de mettre sous un nouveau jour, les évènements qui ont conduit à l’exécution de Christa Winsloe et Simone Gentet et le procès de leur assassin. Néanmoins, la bande dessinée demeure difficile à appréhender en raison d’une certaine confusion dûe au mélange des évènements. Cette lecture exige donc une pleine concentration. Toutefois, ne passez pas à côté, car cette histoire se révèle absolument passionnante.

9 réflexions sur “Le bruit de la machine à écrire d’Hervé L’oiselet et Benoit Blary

  1. Je suis bien tentée, merci pour la découverte 🙂 Javais déjà lu l’ouvrage consacré à Jan Karski chez le même éditeur, j’aime beaucoup leur idée de portraits de personnalités historiques peu connues du grand public.

    Aimé par 1 personne

  2. Bonjour Anaïck, Merci pour tes courriers de la Bibliothèque : je n’ai pas toujours le temps de les lire, mais quand je le fais c’est toujours avec un grand plaisir ! Bien écrit, déroulé de façon à aiguiser notre curiosité et notre intérêt, c’est un format tout à fait réussi.

    Je me permets de te solliciter car notre association Vert&Co (Transition en Vercors) a déposé un projet qui est aujourd’hui en phase de vote par les citoyens. C’est un projet de magasin participatif de produits locaux en vrac, doublé d’un café-documentation sur la transition, lieu de débats et de conférences, avec des ateliers de réparation, etc. pour donner aux habitants du Vercors des moyens concrets de diminuer leur empreinte carbone. Si tu veux en savoir +, voter et partager si ce projet te plait, voici le lien : https://www.monprojetpourlaplanete.gouv.fr/projects/plan-climat/collect/depot-des-projets/proposals/maison-de-la-transition-des-quatre-montagnes (https://www.monprojetpourlaplanete.gouv.fr/projects/plan-climat/collect/depot-des-projets/proposals/maison-de-la-transition-des-quatre-montagnes) Il y a plein d’autres projets intéressants, mais bien sûr je préfère le nôtre 😉

    Merci d’avance de ton attention, et grssoes bises à toi et à Davide, Dominique Clerc 28 avr

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