Dévoreur de Stéfan Platteau

9782290155301

Quatrième de couverture : 

Vidal Silarius, brave éleveur d’ânes des monts de soufre, est un bon père et un camarade fidèle. Mais lorsqu’un astre s’embrase au-dessus de sa demeure, l’homme se met peu à peu à changer, sous les yeux horrifiés de ses enfants et de son amie Aube. La lumière néfaste du Dévoreur est en train d’accoucher d’un monstre… Jusqu’où Aube est-elle prête à aller pour le ramener parmi les humains ? Conte sanglant dont la puissance d’évocation symbolique n’a d’égal que la justesse stylistique, Dévoreur, ici précédé du Roi cornu, nous conduit vers des lieux inexplorés de l’univers des Sentiers des astres.

Editeur : J’ai lu

Nombre de pages : 281

Prix : 7,90€

Date de publication : 2 Mai 2018

Mon Avis : 

Lorsque je participe à une dédicace, dans la mesure du possible, j’aime lire les romans des auteurs avant de les rencontrer. Cela me permet de mieux appréhender leur univers et de me familiariser avec leur écriture. Ainsi, les échanges n’en sont que plus riches. Or, dans le cas de Stefan Platteau, je n’ai pas souhaité débuter directement par sa trilogie et lire son premier tome, Manesh, de plus de sept cent pages. J’y suis allée plutôt en douceur en commençant par ce one-shot composé d’une novella Le Roi Cornu et du court roman proprement dit, Dévoreur.

Le Roi Cornu : Les Princes Firwanes Leth et Karaôn sont demi-frères et se disputent le trône à la mort de leur père. Conformément au rituel ancestral, ce sera dans l’arène et au milieu des Piliers célestes, juges des hommes et des rois, qu’ils devront se départager…
Dévoreur : Aube se fait du souci pour son voisin, le marchand d’ânes, Vidal. Depuis quelques temps, il ne semble plus le même homme. S’il apparaît distant et bourru de prime abord, il se commue par la suite en véritable bourreau, séquestrant et usant même de violence sur ses deux petites filles. Or, Aube découvre que Vidal serait sous l’emprise maléfique de l’Astre Kiarvathi surnommé le Dévoreur…

La première chose qui m’a frappé dès le début de ma lecture est le style littéraire poétique et recherché de Stefan Platteau. Les mots sonnent avec justesse, de manière cohérente, rythmée et harmonieuse.

Pour qu’une nouvelle vie puisse voir le jour, il faut obligatoirement qu’une ancienne s’efface quelque part sous les étoiles. (P. 232)

Puis, le récit prend des allures de conte et fait apparaître des figures emblématiques.  C’est ainsi que Le Roi Cornu fait référence au mythe de la sorcière isolée sur son île comme Circé dans l’Odyssée, la Dame du Lac dans les légendes arthuriennes ou les Gallicènes de l’île des vieilles apparaissant dans le premier tome de Rois du monde de Jean-Philippe Jaworski. Ces femmes douées de magie ont pour rôle soit d’éprouver le héros soit de leur apporter leur aide. Dans le Roi Cornu, Morkhan joue les deux rôles. Quant au court roman Dévoreur, il met en scène la figure de l’ogre bien présent dans le petit Poucet, Barbe Bleue ou encore dans le conte de Jack et le Haricot magique. D’ailleurs, le Château de sel dans lequel Vidal a élu domicile après s’être transformé en ogre m’a beaucoup fait penser à la demeure du Géant, en haut de la tige de haricot. Ainsi, l’ogre conserve la même symbolique que dans les contes traditionnels, celui du père autoritaire. Exception faite dans Dévoreur, ce sont les adultes, les héros de l’histoire et non les enfants ; Stefan Platteau oppose ainsi le père barbare (Vidal) aux parents protecteurs (Aube et Peyr).

Enfin, si j’ai beaucoup apprécié le style littéraire et l’univers de Stefan Platteau, en revanche, j’ai eu plus de mal avec le rythme de l’intrigue. En effet, le récit très contemplatif met du temps à s’installer, quelques longueurs sont donc à redouter. Il faut toutefois que je précise que mon ordre de lecture a pu jouer aussi sur mon ressenti. En effet, je venais de terminer l’énorme coup de coeur du bâtard de Kosigan (T.1) de Fabien Cerruti lorsque j’ai débuté Dévoreur.

En conclusion, je suis très contente d’avoir pu appréhender la plume de Stefan Platteau au travers de ce one-shot. Si le style littéraire est finement ciselé et l’univers inspiré de contes de fées traditionnels bien approprié par l’auteur, en revanche, j’ai peur que dans un roman de sept cent pages comme Manesh, cela ne me déroute un peu trop. Toutefois, cela n’enlève rien au talent de Stefan Platteau, c’est juste une question de goût. Donc, si cet aspect ne vous rebute pas, alors foncez!

14 commentaires

  1. C’est vrai que le style d’écriture de Stefan Plateau est très contemplatif. Je n’ai pas encore lu le Roi Cornu mais j’ai frémis avec Dévoreur.
    J’adore sa plume, mais le rythme de ses histoire est particulier 🙂
    Si tu as été déroutée dans ses nouvelles, ce sera en effet pire pour Manesh! Ce fut un de mes premiers coups de cœur du blog, mais je reconnais qu’il faut adhérer à ce rythme, cette espèce de torpeur qui nous fait avancer à sa cadence.
    J’ai hâte de lire le tome 3 du sentier des astres et j’espère pouvoir rencontrer l’auteur un de ces jours, il a l’air très gentil.

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  2. C’est un auteur que j’aime beaucoup aussi. Je n’ai pas été gêné par les problèmes de rythme dans Dévoreur ou dans Les Sentiers des astres mais peut-être un peu plus dans la nouvelle. Contente de voir que tu as aimé 🙂

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  3. Ah on en revient à ce que j’avais souligné dans ma critique de Manesh début d’année, un style magnifique, presque palpable tant c’est bien écrit (contemplatif, c’est le mot finalement) mais avec un rythme à vous endormir. Après tout dépend quel type de lecteur on est, mais moi qui aime justement que ça bouge, qu’il y ait de l’action,… j’ai eu beaucoup de mal à terminer Manesh. Pour ça que je laisse mûrir le Dévoreur (ancienne version sans le Roi Cornu).

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