Médicis, Laurent le Magnifique, T.2 d’Olivier Perù et d’Eduard Torrents

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Quatrième de couverture : 

Trop jeune, fier et belliqueux lors de son début de règne, les premières années de Laurent sont marquées par le sang et le conduisent jusqu’à une guerre ouverte avec le Pape. Lorsqu’il comprend qu’il risque de précipiter Florence vers la ruine, Laurent tente le tout pour le tout afin de sortir d’une situation inextricable. Il réalise alors qu’il doit ruser et agir comme son grand-père, Cosme, pour arriver à ses fins.

Editeur : Soleil

Nombre de pages : 52

Prix : 14,95€

Date de publication : 19 Avril 2017

Mon Avis :

J’avais de nombreuses attentes en ce qui concerne ce tome sur Laurent le Magnifique car ce personnage historique est l’un des plus emblématiques de ma période préférée : la Renaissance Italienne. Malheureusement, je ressors de ma lecture un peu plus mitigée que pour le premier tome.

En 1470, Laurent de Médicis n’a qu’une vingtaine d’années lorsqu’il hérite du renom et de la richesse de sa famille, les Maîtres de Florence. Il doit alors faire face à de nombreuses provocations qui mettent en péril son autorité. Mais, le jeune homme entend bien se faire respecter malgré son âge et pour cela marque les esprits autant par l’épée que par l’art. C’est ainsi qu’il réprime dans le sang une révolte à Prato ou qu’il embauche de nouveaux artistes à peine connus comme Botticelli ou Léonard de Vinci. Or, ces largesses qui lui vaudront le surnom du « Magnifique » commencent à agacer et à lui valoir l’inimitié des autres familles régnantes de Florence, notamment les Pazzi voire le Pape en personne…

Ce second tome possède une certaine continuité avec le premier puisque le narrateur est toujours la ville de Florence. Laurent le Magnifique est dépeint comme un intéressant personnage et cette bande dessinée rend plutôt bien hommage à sa personnalité des plus complexes. Dans un premier temps, le  jeune homme fougueux impose son respect par les armes soit en réprimant durement des révoltes dans les villes alentour, soit en vengeant la mort de son frère pendant la conjuration des Pazzi. Puis en vieillissant, Laurent prend davantage modèle sur le fondateur de sa famille, son grand-père Cosme l’Ancien.
– Ainsi, il utilise l’Art comme un moyen de propagande ce qui permet non seulement de donner du travail à ceux qui excellent dans ce domaine (c’est d’ailleurs à cette époque qu’un peintre ne sera plus considéré comme un artisan mais comme un artiste et sera rémunéré en conséquence) et d’en faire profiter tous les Florentins en ornant leur ville de belles statues par exemple.
– Laurent se veut aussi un protecteur pour le petit peuple de Florence soit en leur fournissant du travail, soit en leur prêtant de l’argent pendant des temps difficiles, ce qui lui vaut leur soutien.
– Enfin, il emploie la ruse : mis dans une situation difficile lorsqu’il rentre en conflit avec le Pape Sixte IV, il devra puiser dans toutes ses ressources (notamment financières!) pour arriver à ses fins, au risque de mettre en péril la ville de Florence elle-même. Elle est, en effet, non seulement menacée d’excommunication pour tous ses habitants mais aussi d’une crise financière car Laurent a dû puiser dans les caisses de la ville pour remettre à flot sa banque.

De plus, bien que l’illustrateur ait changé par rapport au premier tome, les dessins restent de qualité que ce soit dans la figuration des costumes ou les décors des villes de Florence, Rome et Naples. Certains personnages comme Machiavel ou Botticelli sont assez ressemblants par rapport aux originaux. Voyez par vous-mêmes :

Sandro Botticelli

Niccolo Machiavel

En revanche, le personnage de Laurent le Magnifique a beaucoup été « embelli » par rapport à son portrait officiel. S’il possédait effectivement beaucoup de prestance et de charisme, son apparence était bien différent de l’esthétique proposée par la bande dessinée :

Laurent le Magnifique

Enfin, s’il n’est pas évident de résumer la vie d’un homme aussi riche et complexe que le Maître de Florence en 52 pages, certaines approximations m’ont un peu dérangé. Ceci est de l’ordre du détail mais je citerai deux exemples, notamment lors de l’épisode de l’attaque des Pazzi. En effet, en 1478, ces derniers fomentent l’assassinat de Laurent et de son frère Julien. A l’origine, les deux frères auraient dû être tués lors d’un banquet organisé par les Pazzi. Dans la bande dessinée, les deux Médicis ne s’y sont pas rendus car Julien traînait au lit avec sa maîtresse. En réalité, c’est un accident de chasse qui a cloué au lit… Laurent!
Les Pazzi ont dû alors changer de plan et décident de tuer les deux frères pendant la messe, à la cathédrale Maria dei fiori. Dans la réalité, Julien est bien poignardé et meurt sur le coup tandis que Laurent, blessé au cou, doit trouver refuge dans la sacristie. Or, dans la bande dessinée, il n’existe aucune trace de cet épisode. Au contraire, Laurent après avoir réussi à faire fuir les Pazzi, porte le corps de son frère aux portes de la cathédrale et s’adresse aux Florentins.

En conclusion, si ce deuxième tome est un peu en-dessous du premier, il n’en possède pas moins quelques qualités, notamment celle de faire connaître au plus grand nombre ce personnage d’exception. J’avoue être pointilleuse et je pense que bon nombre de détails passeront probablement au-dessus de la majorité des lecteurs. Cette lecture peut toutefois être accompagnée d’une autre très intéressante, le Clan des Médicis de Jacques Heers que je conseille.

6 commentaires

  1. J’hésite un peu du coup, même si j’adore la période et que le personnage est vraiment très intéressant. Par contre c’est assez sympa d’avoir essayé de vraiment faire ressembler les personnages à leurs portraits et ça à l’air plutôt réussi.

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