Les attracteurs de Rose Street de Lucius Shepard

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Quatrième de couverture : 

Londres, fin du XIXe siècle. Une métropole enfumée, étouffant sous le smog et les remugles de l’industrialisation en pleine explosion… Samuel Prothero est aliéniste. L’un des meilleurs de sa profession. Membre du sélect Club des Inventeurs, jeune homme respecté, son avenir est tout tracé dans cette société victorienne corsetée. Jusqu’à ce que Jeffrey Richmond, inventeur de génie mais personnage sulfureux, sollicite son expertise sur le plus étrange des cas.
Troublante mission, en vérité, pour laquelle le jeune Prothero devra se résoudre à embrasser tout entier l’autre côté du miroir, les bas-fonds de la ville-monde impériale et ceux, bien plus effrayants encore, de l’âme humaine…

Editeur : Le Bélial

Nombre de pages : 128

Prix : 9,90€

Date de publication : 30 Août 2018

Mon Avis :

J’ai profité de l’offre du Bélial (pour deux livres achetés dans la Collection Heure-lumière, un Hors série est offert du 6 septembre au 31 octobre 2018) pour découvrir de nouveaux auteurs. Du coup, ce n’est pas deux mais quatre livres que j’ai achetés! Et Les attracteurs de Rose Street était en premier sur ma liste en raison de son contexte historique, l’une de mes époques préférées : le Londres victorien.

Samuel Prothero est un jeune aliénaliste d’origine galloise (un spécialiste des maladies mentales, soit l’ancêtre du psychiatre, si vous préférez) qui débute sa carrière. Fraîchement débarqué à Londres, il décide d’intégrer le très prestigieux et très sélect Club des Inventeurs pour se faire connaître et développer son réseau. C’est alors qu’il rencontre Jeffrey Richmond, un riche inventeur controversé au sein de la bonne société londonienne et qui ne jouit pas d’une luxuriante réputation. Mais, ce dernier a un projet pour Samuel et pour cela, il est prêt à le payer grassement. Ne serait-ce pas l’occasion pour le jeune aliéniste de trouver les subsides nécessaires à l’ouverture de sa propre institution?

Les Attracteurs de Rose Street de Lucius Shepard est une première pour moi car je ne connaissais pas du tout son auteur. Et je dois dire que son univers foisonnant et l’ambiance oppressante qui caractérisent cette novella m’ont beaucoup plu. La seconde de couverture évoque un univers austenien et steampunk, je ne suis pas  d’accord avec cette affirmation :
– Certes, un éminent représentant du Club des inventeurs, du nom de Charles Mellor, souhaite marier sa fille à Samuel mais c’est tout. L’ironie mordante dont Jane Austen faisait preuve dans Orgueils et Préjugés pour dépeindre ses contemporains en est complètement absente.
– Quant au côté steampunk, il ne se résume qu’aux machines inventées par Jeffrey Richmond : les fameux attracteurs. Ces derniers ont pour dessein de purifier l’air de la ville de Londres en aspirant les fumées et les particules des industries. Mais, en fait de pollution, ce sont surtout les âmes des défunts que les attracteurs vont attirer. La novella passe très vite sur cet aspect et les machines ne sont pas au coeur de l’intrigue. De plus, qui dit « steampunk » (dont la société est développée grâce aux technologies basées sur la vapeur) suggère aussi « uchronie », ce qui n’est pas le cas dans l’ouvrage de Lucius Shepard.
– Pour finir, la seconde de couverture fait référence au roman Frankenstein de Mary Shelley. Je ne suis pas totalement contre cette affirmation car il y a un peu du Docteur Frankenstein dans le personnage de Jeffrey Richmond : l’inventeur dont la création/créature lui échappe.

Pour en revenir à l’ambiance, les références aux romans gothiques anglais de la fin du XVIIIème – début XIXème siècle sont manifestes. Mais, les codes en sont légèrement bousculés : exit la jeune fille ingénue qui se retrouve coincée dans une vieille bâtisse perdue au fin fond de la campagne et qui devra en découvrir les secrets pour se libérer. Samuel est invité par Jeffrey à Londres, dans sa maison et ancien lupanar de six étages pour enquêter sur les circonstances de la mort de sa soeur, tenancière des lieux. S’ensuit un huis-clos étouffant et auréolé de mystères. Samuel ne peut évidemment pas sortir de cette maison sans s’exposer à des risques. En effet, elle se situe dans un quartier malfamé de l’East-End, celui de Saint Nichol. Quant à l’intérieur de la demeure, ce n’est pas mieux. Elle est envahie de spectres attirés par les machines inventées de Richmond. Comme l’a dit notre Lutin, si vous voulez vous mettre dans l’ambiance, lisez donc cette novella à la lueur d’une bougie (ce que je n’ai évidemment pas fait, froussarde comme je suis!). Enfin, les secrets que Samuel va être amené à découvrir ne le libéreront pas, bien au contraire mais, je ne vous en dirai pas plus!

En conclusion, j’ai beaucoup aimé Les attracteurs de Rose Street : la plume de Lucius Shepard est très agréable à lire, les personnages finement travaillés, l’intrigue ne manque pas d’intérêt et l’ambiance est immersive à souhait. Il s’agit de ma troisième novella lue dans la collection Heure-lumière de l’édition Bélial et je n’ai jamais été déçue jusqu’à présent.

Autres avis : Albédo, Au pays des caves troll, L’épaule d’Orion

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