Retour sur la Soirée de l’imaginaire à la librairie Décitre du 27 Octobre 2018

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Coucou tout le monde,

J’espère que vous allez bien et que vous avez passé ce Mois de l’Imaginaire sous les meilleurs auspices. Quoi de mieux que deux soirées organisées par la Librairie Décitre de Grenoble pour célébrer cet évènement? La première avait lieu samedi 27 Octobre 2018, à 19h30 et a accueilli trois auteurs français :
– J’ai donc profité de cette soirée pour découvrir l’univers littéraire de Thomas Géha grâce à des Des sorciers et des hommes qui a été un véritable coup de coeur. Evidemment, j’étais tellement absorbée par l’idée d’aller à cette soirée que j’en ai oublié le dit-opus… Oups… Qu’à cela ne tienne! Je lui ai fait dédicacer deux autres de ses anciens romans, le diptyque Sabre de sang, publié en 2014!
– Pour Lionel Davoust, je l’avais déjà rencontré l’année dernière pour son roman Port d’Ames et j’en ai profité pour lui prendre un autre ouvrage dans le même univers, La route de la conquête, sorti en 2014 également.
– Et enfin, j’ai un peu oublié Clément Bouhélier en raison d’une PAL bien chargée mais si vous voulez vous faire une petite idée de ses romans, sachez que mes amis blogonautes ont adoré son univers : Le Bibliocosme avec Boudicca, Book en stock avec l’avis de Dup et de Phooka ainsi que Celindanae du Pays des Caves Troll.

Allez, c’est parti pour le compte-rendu!

Cette soirée était animée comme d’habitude par les deux libraires Mathieu et Myriam.

Présentation de la Maison d’éditions Critic par Thomas Géha

À l’origine de la maison d’éditions est la création d’une petite librairie éponyme, à Rennes, en 2001 par Éric Marcelin. Les Littératures de l’Imaginaire occupent dès lors une place prépondérante dans les rayonnages. En aparté, Thomas Géha y a d’ailleurs travaillé mais a malheureusement été licencié pour des raisons économiques (en effet, l’installation  d’une grande librairie à Rennes a occasionné quelques difficultés à Critic). Puis en 2009, Éric Marcelin avec son stagiaire Simon Pinel décident de fonder les Editions Critic. Cette dernière doit de prime abord son succès à la fameuse trilogie du polar Bleiberg de David Khara. Depuis, Critic a publié de nombreux auteurs français de SFFF comme Lionel Davoust, Estelle Faye, Thomas Géha ou encore Laurent Génefort.

Interview

Myriam : Si vous ne deviez retenir qu’un seul personnage de toutes vos lectures, quel serait-il?

Lionel Davoust : Le prince Corwin du Cycle des Princes d’Ambre de Roger Zelazny parce que c’est la classe! Il a toujours préféré l’inventivité, le merveilleux et la mythologie de Zelazny à celle de Tolkien.

Thomas Géha : Son idole de jeunesse est Hari Seldon, le personnage emblématique du Cycle de Fondation d’Isaac Asimov, découvert lorsqu’il avait douze ans. Il a particulièrement apprécié cette « Histoire » du futur qui se déroule sur plusieurs siècles.

Clément Bouhélier : Son grand amour de jeunesse est Benjamin Malaussène que l’on peut retrouver dans toute la saga éponyme de Daniel Pennac. Et sinon, dans le domaine de la SF, il citerait plutôt Guy Montag de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury car il risque sa vie pour des livres.

Mathieu : Quel est l’univers qui vous a le plus marqué?

Thomas Géha : La planète Tschaï présente dans le Cycle de Tschaï de Jack Vance l’a beaucoup fait rêver et voyager au même titre que les œuvres de Jack London ou Robert Louis  Stevenson.

Lionel Davoust : Les trois dernières pages d’une novella de Robert Sheckley fait état d’un monde biscornu dans lequel l’auteur a mis toute son inventivité.

Clément Bouhélier : La planète des singes de Pierre Boulle dans lequel le personnage principal Ulysse Mérou se retrouve dans un monde totalement déconstruit et dans lequel il doit prouver son intelligence.

Myriam : Si vous possédiez le Tardis, à quelle époque aimeriez-vous vous retrouver?

Thomas Géha : Il adorerait explorer la Préhistoire découvert grâce au roman de La Guerre du feu de J. H. Rosny.

Lionel Davoust : Il serait davantage attirer par le futur, lorsque les voyages interstellaires seraient développés. D’ailleurs, lorsqu’il était en École d’ingénieur, il avait inventé une association « Je veux un vaisseau spatial » qui était une petite boutade mais dans laquelle il s’était bien amusé.

Clément Bouhélier : Il a joué il y a peu de temps à Assassin’s Creed alors il aimerait beaucoup se rendre à l’époque de l’Egypte Ptolémaïque lorsque les Romains commencent à se mêler de la politique égyptienne.

MathieuA quand remonte votre première expérience d’écriture?

Thomas Géha : C’était un petit poème de Science Fiction dont il se rappelle encore les vers (il nous l’a récité) et composé en CM2.

Lionel Davoust : Quand il avait six ans, il avait imaginé l’histoire d’un loup solitaire à la manière du héros de la série télévisée K2000, qui devait sauver une jeune femme sur une île de peuplée de monstres!

Clément Bouhélier : Il a commencé plus tard lorsqu’il faisait ses études de Sciences Po à Lyon et il s’est mis à composer une réécriture de la Guerre de Troie.

MyriamÉcoutez-vous de la musique dans le processus d’écriture?

Clément Bouhélier : Il a besoin d’un silence absolu pour écrire.

Lionel Davoust : Idem.

Thomas Géha : Au contraire, la musique donne la note juste à une scène pour lui. Il est d’ailleurs possible de retrouver sa playlist sur Spotify.

MathieuÊtes-vous architecte (construction du plan avant l’écriture) ou jardinier (début et fin construits mais le développement se fait sur intuition et au gré des idées qui viennent)?

Lionel Davoust : Il s’apparente à un architecte qui se soigne! En réalité, s’il ne sait pas comment une scène va se terminer, il sait seulement que son inconscient interviendra pour l’aider. Il préfère donc se déclarer comme un architecte ascendant jardinier!

Clément Bouhélier : Il est sans conteste un architecte car il planifie tout jusqu’à la fin. Il lui arrive même d’être poursuivi par l’écriture jusque dans son lit, la nuit!

Thomas Géha : Il est un jardinier qui essaye lui aussi de se soigner! Mais, il peut rester très longtemps devant une feuille blanche. Il connaît le début et la fin puis imagine tout au fur et à mesure : il a écrit ainsi très rapidement Sabre de sang. En ce qui concerne Des sorciers et des hommes, il a beaucoup suivi les conseils de Lionel Davoust pour construire son histoire. Son style est très concis et il n’aime pas beaucoup s’étendre.

MathieuPourriez-vous chacun faire un résumé de vos nouveaux romans?

Thomas Géha : Dans Des sorciers et des Hommes, deux gars pas très cool veulent s’enrichir rapidement et ils ne se rendent pas compte qu’ils laissent des gens sur le carreau derrière eux. Ces derniers auront alors des reproches à leur formuler et vont chercher à se venger.

Lionel Davoust : Dans Les dieux sauvages, les dieux ont décidé de détruire le monde, il s’agit donc d’une sorte d’univers post-apocalyptique. Mériane, une ancienne serf, décide alors de vivre en paria et de devenir trappeur. Mais un jour, on lui annonce qu’elle est une Élue et qu’elle doit sauver le monde. Pour l’auteur, il s’agit d’un parallèle avec Jeanne d’Arc complètement assumé.

Clément Bouhélier : Dans Olangar, il a développé une sorte de monde tolkienien à l’ère industrielle dans lequel les Elfes font partie de l’aristocratie et les Nains aux classes ouvrières. Une jeune fille issue de la noblesse, Evyna, apprend que son frère soldat a été assassiné et se rend dans la cité d’Olangar pour enquêter.

Mathieu à Thomas : Peux-tu nous en dire plus au sujet de la magie présente dans Des sorciers et des Hommes?

Thomas Géha : Chaque personne est entourée de rubans invisibles pour le commun des mortels mais pas pour le mage qui peut intervenir dessus. Avec ce pouvoir, il peut en effet soigner une personne ou la tuer, manipuler leurs esprits, etc… Son personnage Pic Caram qui possède ce don est donc un sorcier très puissant. Il va se trouver aussi doté d’un autre pouvoir tout aussi efficace celui de branche-sève qui comme son nom l’indique lui permet de manipuler la sève des plantes et des arbres. À l’origine, il avait trouvé l’idée de la magie des rubans sans savoir quoi en faire puis lorsqu’il a dû imaginer une nouvelle pour une anthologie de Sword and Sorcery (qui n’a jamais vu le jour au final), il a décidé de s’en servir pour construire l’intrigue de la première nouvelle de son roman.

Myriam à Lionel : Peux-tu nous en dire un peu plus sur le rôle des femmes et de la Religion, dans ton roman Les Dieux sauvages?

Lionel Davoust : Pour dénoncer les conditions de femmes, il n’y a rien de mieux que d’utiliser la fiction et les Littératures de l’Imaginaire. En effet, cela permet de laisser de côté ses préjugés, son histoire et sa culture. Et il faut bien le dire mais dans le cadre de la Religion, la moitié de l’humanité est oubliée. Cela le scandalise. Il s’est également un peu inspiré du système totalitaire présent dans le roman 1984 de George Orwell pour la construction de sa société. Cette dernière fonctionne car il existe un ennemi commun à abattre, cela s’appelle le « bien instraspécifique » en psychologie, cela permet de fédérer un peuple.

Mathieu à Clément : Le décor d’Olangar s’inspire un peu des Trente Glorieuses et du Far West. Pourquoi ce choix de la période?

Clément Bouhélier : Il a étudié la Révolution Française à Sciences Po et a toujours été curieux de savoir comment cela se serait passé si Louis XVI avait mieux accepté les principes révolutionnaires? Dans Olangar, il a voulu bâtir un monde après une Révolution qui a plus ou moins réussi : le Peuple s’est bien soulevé mais le Roi a conservé ses pouvoirs. Il a voulu également dépeindre une atmosphère de lutte de classe afin que ses lecteurs comprennent que les droits qu’ils possèdent aujourd’hui, ont été durement acquis.

Myriam à Thomas : On adore et on déteste à la fois les deux personnages principaux de ton roman : quel a été leur processus de construction?

Thomas Géha : L’utilisation du Fix up (succession de nouvelles avec un fil conducteur qui construit l’intrigue) pour la construction de son roman permet non seulement de donner une nouvelle perspective à un personnage mais aussi de modifier le point de vue du lecteur à leur sujet. Son roman fonctionne en deux parties avec d’un côté cinq nouvelles dont Pic Caram et Hent Guer sont les personnages principaux tandis que la novella qui clôt le roman donne la parole aux personnages secondaire de la première partie.

Mathieu à Lionel : Peux-tu nous en dire un peu plus sur le personnage de Ganner?

Lionel Davoust : Il a voulu revisiter les archétypes du Grand Méchant et Seigneur du Mal de la Fantasy. Ganner est un salaud charismatique et une force de la nature mesurant 2,20 mètres de haut. Sa principale force réside dans une armure biomécanique, sorte d’exosquelette steampunk. Lionel adore cette esthétique d’armure futuriste dans la même lignée que Tron ou Goldorak.

Myriam à Clément : Tu fais appel à des personnages typiques de la Fantasy (Elfes, Nains, etc…), comment as-tu réussi à les renouveler? 

Clément Bouhélier : Il a toujours adoré Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien et a voulu jouer avec ces archétypes tout en les situant dans un contexte très XIXème siècle. Par exemple, la jeune noble ne comprend pas et n’adhère pas à cette société industriel tandis le Nain Baldek est en phase avec cet univers. Il prend la tête de la révolte et perçoit une amélioration possible.

Mathieu : Pour finir, quels sont vos futurs projets?

Clément Bouhélier : Il est en train d’écrire la suite d’Olangar.

Lionel Davoust : Il est en train de finir d’écrire le troisième tome des Dieux sauvages qui devrait sortir en avril 2019 avant d’attaquer la rédaction du quatrième. En janvier 2019 devrait également ressortir chez Hélios, Les questions dangereuses avec un grand entretien en supplément.

Thomas Géha : Il doit rédiger une nouvelle pour le magazine Galaxies Science Fiction avant d’écrire un autre roman pour Les moutons électriques.

Les dédicaces

Comme je l’ai dit en introduction, j’ai fait seulement dédicacer les ouvrages de Lionel Davoust et de Thomas Géha :

 

Le Sabre de sang, T. 1 de Thomas Géha

 

Le sabre de sang, T. 2 de Thomas Géha

 

La route de la conquête de Lionel Davoust

Voilà, j’espère que ce compte-rendu de la Soirée Imaginaire vous a plu et je vous retrouve mi-novembre pour un second compte-rendu car Patrick K. Dewdney sera présent pour son roman L’enfant de poussière. 

7 commentaires

  1. Et bien, on re-peut commenter ! J’ai cru que tu boudais nos réflexions !
    Sympa ce genre d’articles pour ceux et celles qui habitent loin. Même si les romans mis en avant ne sont pas mon genre, cela permet de mieux connaitre les auteurs et les raisons qui les ont poussé à les écrire.
    Sinon, Thomas Géha apuie trop sur son stylo on dirait ! Il faudra lui conseiller la marque de Lionel Davoust.
    Et c’est quoi le dauphin ?

    Aimé par 1 personne

    • Oui, désolée mais cet article m’a donné un peu de fil à retordre! Pour le dauphin, en fait, je n’en ai pas la moindre idée! Mais, il m’a avait déjà fait la même chose lors de la dernière dédicace!

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  2. Sabre de sang et la route de la conquête me tentent bien, cela fait des mois que je dois regarder s’ils me conviendraient, jamais pris le temps :-/
    Les questions, tout comme les réponses, sont intéressantes. Comment tu as réalisé le compte-rendu ? Tu avais enregistré pendant qu’ils parlaient ?
    Ce genre d’événement se déroule parfois dans les grandes villes en Belgique mais voilà, y en a pas des masses quoi. C’est sympa en tout cas ce genre de soirée.
    Merci pour le compte-rendu !

    Aimé par 1 personne

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