Les ombres d’Esver de Katia Lanero Zamora

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Quatrième de couverture :

Amaryllis a 16 ans et n’a jamais connu que la maison où elle est née, le domaine d’Esver, reculé, magnifique, mystérieux. Dans ce manoir qui tombe en ruines où elle vit seule avec sa mère austère, elle étudie la botanique avec l’espoir d’en faire son métier… Le jour où elles reçoivent une lettre du père annonçant la vente du domaine et le mariage forcé d’Amaryllis à un de ses associés, tout bascule. Pour échapper à ce destin, malgré les ombres qui hantent ses nuits, la jeune fille répondra-t-elle à l’aventure fantastique qui se cache derrière les portes fermées d’Esver ?

Editeur : ActusSF – Naos

Nombre de pages : 264

Prix : 14,90€

Date de publication : 22 Novembre 2018

Mon Avis :

Les ombres d’Esver de Katia Lanero Zamora m’a été proposé dans le cadre d’un nouveau partenariat entre les éditions Actus SF et mon blog. Et à ce titre, je remercie Jérôme Vincent pour me l’avoir envoyé. En effet, je l’ai choisi parmi les nouveautés de la maison d’édition pour deux raisons. Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que le genre du roman gothique fait régulièrement partie de mes lectures (Willow Hall de Mina M. et de Cécile Guillot ou Nouvelles extraordinaires et Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe, etc…) et de mes films favoris (Crimson Peak de Guillermo del Toro ou My cousin Rachel de Roger Michell). De plus, la magnifique couverture signée Alexandra V. Bach a tout de suite attiré mon regard et j’avais déjà adoré ses dessins dans son artbook, Le cabinet des curiosités.

Résumé : Amaryllis est une jeune fille de seize ans cloîtrée depuis une dizaine d’années, dans le manoir familial avec sa mère Gersande. Ses mornes journées ne sont rythmées que par les tâches ménagères et l’étude. En effet, dans l’ancienne salle à manger du manoir, a été aménagée une immense serre regroupant de nombreuses espèces de plantes. Non seulement ces dernières servent de matières premières pour Gersande dans l’élaboration de ses soins mais elles ont également pour principal objectif de fournir une base d’étude à Amaryllis. Gersande poursuit un vieux rêve à travers sa fille : la faire travailler assidûment pour la préparer au concours d’entrée au prestigieux Institut Théophraste d’Erésos à Paris. Mais la jeune fille, quant à elle, possède d’autres projets…

Les Ombres d’Esver est un roman gothique qui reprend de manière classique les codes du genre. Le décor se déroule dans un manoir isolé, en ruine et abandonné, bien loin de ses fastes d’antan. Et la vieille bâtisse abrite en ses murs des phénomènes paranormaux et un secret familial qu’une jeune fille ingénue, ici Amaryllis, se doit de découvrir afin de pouvoir s’en libérer. Dans le roman, le secret réside dans une salle à manger laissée en l’état après «ce jour-là » avec les restes d’un repas manifestement interrompu de manière brutale et transformé en un immense jardin d’hiver. On se doute que ce « jour-là » a été annonciateur d’une tragédie comme toujours dans les romans gothiques. Si je n’ai pas été vraiment surprise par la trame, plusieurs éléments au contraire ont éveillé mon intérêt.

En effet, Les Ombres d’Esver est un véritable manifeste en faveur des femmes et de leurs droits.
– le roman dénonce tout d’abord le mariage arrangée et le fait que les femmes ne pouvaient pas choisir leur destin et devaient se marier avant tout. C’est en effet ce qui est arrivé à la mère d’Amaryllis, Gersande lorsque sa famille d’origine noble mais désargentée l’a marié à un entrepreneur Aurélien qui possédait les subsides. Lorsqu’Amaryllis a seize ans, son père veut à son tour la marier à l’un de ses associés.
– le roman dénonce aussi la violence conjugale dont Gersande est victime. Cette dernière subit violence psychologique (Aurélien la dénigre régulièrement, l’insulte et divulgue de fausses rumeurs sur elle pour la discréditer aux yeux de sa famille) et physique (il n’hésite pas à lever la main sur elle).
– Au contraire, le roman met en valeur l’indépendance des femmes au travers des études. En effet, Gersande souhaite le meilleur pour sa fille et ne veut pas qu’elle subisse ce qui lui est arrivé. Elle lui enseigne donc tout ce qui lui est possible afin qu’Amaryllis puisse intégrer un jour l’Institut Théophraste d’Eresos à Paris et lui assurer une carrière en même temps qu’un avenir.

Enfin, si j’ai beaucoup aimé l’atmosphère du récit, l’intrigue, le dévoilement du fameux secret familial (dont j’ai lu avidement les deux chapitres qui le traitait), la force des deux femmes luttant pour s’assurer un avenir, j’ai été en revanche déçue par la dimension fantastique. En effet, tout au long du récit, Amaryllis est confrontée à des ombres ou à un bestiaire surnaturel comme un Bucentaure, une Gorgone ou une Vouivre, etc… qui peuplent le manoir et ses extérieurs. L’auteure Katia Lanero Zamora naviguent alors entre une explication fantastique qui m’a fait penser à l’univers de Narnia (un monde magique en proie au mal cherche un Élu pour se libérer) et une autre plus rationnelle et psychologique à la Térabithia (des enfants  imaginent un décor fantastique afin de s’échapper d’une réalité difficile). Et c’est là où le bât blesse car l’auteure n’arrive jamais à choisir entre les deux, passant de l’un à l’autre en laissant son lecteur dans le flou. Pour ma part, cela m’a laissé perplexe.

En conclusion, Les Ombres d’Esver est un roman qui s’inscrit de manière classique dans le genre gothique. Toutefois, les problématiques qu’il aborde comme la place des femmes dans la société, la dénonciation des abus dont elles sont victimes ou leur volonté de rester indépendantes, lui donnent un fond résolument moderne. Dommage toutefois que l’auteure n’arrive jamais vraiment à choisir entre explication fantastique ou psychologique au récit. Pour ma part, je préfère la seconde à la première car cela permet de donner davantage d’épaisseur au récit et lui attribuer un double niveau de lecture.

12 réflexions sur “Les ombres d’Esver de Katia Lanero Zamora

  1. Une des définitions classiques du Fantastique est justement que le lecteur hésite entre deux explications, une rationnelle (le narrateur est fou, est un menteur, il y a une explication logique mais le narrateur n’en prendra connaissance qu’après, etc) et une autre pleinement surnaturelle. Et pour que ce soit classifiable en Fantastique, il est justement nécessaire que l’auteur ne donne PAS la réponse, sinon ça n’est plus du Fantastique mais autre chose (de la Fantasy, de la littérature blanche, etc). Aujourd’hui, on a plus affaire à du fantastique conçu comme une irruption de phénomènes incontestablement surnaturels dans un cadre qui était jusque là rationnel, mais la définition classique reste valable.

    Moralité : le problème n’est sans doute pas que l’auteure n’arrive pas à choisir entre les deux explications, mais qu’elle a au contraire tout fait pour ne pas conduire ses lecteurs à privilégier une des deux explications par rapport à l’autre.

    Aimé par 1 personne

    1. En fait, ma définition du Fantastique est un peu différente de la tienne. Un récit est fantastique lorsque la magie et le merveilleux sont cachés et non reconnus par tous. Du coup, même si l’auteur n’avait gardé que l’explication psychologique, on serait rentré tout de même dans le cadre du fantastique. Après, c’est une question de goût. Pour ma part, je n’aime pas le flou et je préfère quand les choses sont claires. Après, chacun se fera sa propre opinion, ce que je n’ai pas aimé, d’autres au contraire peuvent l’apprécier.

      J’aime

  2. Je me suis permise de lire en diagonale ta chronique car je suis en pleine lecture du roman. Après 60 pages, j’aime déjà beaucoup l’ambiance malgré le fait que l’intrigue est un peu longue à démarrer sur le début (à mon goût). J’ai aussi été attirée par l’aspect gothique de l’histoire… Bon aller, j’y retourne et je reviendrai lire ta chronique une fois terminée ! Dans tous les cas, ton avis général me rassure sur le déroulement de l’histoire et la suite ^^

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  3. J’aime bien le côté gothique, j’avais peur que le côté ado rende le tout assez survolé mais apparemment c’est plutôt bon comme avis
    J’adore cette illustratrice, son tarot de la nuit me fait de l’oeil mais n’y connaissant rien là-dedand j’essaie de résister à l’achat inutile ^^

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      1. sur du fantastique ?
        mhhh j’en doute. Je suis une créature de l’imaginaire, certes, mais j’aime savoir où je me trouve. Le fantastique joue trop sur l’incertitude sans apporter de réponse pour réellement me convenir.

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