La rose et le bourreau de Patrick Pesnot

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Quatrième de couverture :

Cancale, milieu du XVIIIe siècle. Orpheline de mère et fille de capitaine, Julienne ne supporte plus sa marâtre. Résolue à changer de vie, elle décide un jour de couper ses cheveux, enfile les vêtements de son frère et se fait appeler… Henri. En route vers Paris, la garçonne vit d’expédients, dort à la belle étoile et se fait connaître de la maréchaussée en laissant pour mort un aubergiste émoustillé par son androgynie…
Elle est recueillie par un jeune abbé aussi bon qu’avenant. Arrivée à Paris, à court de ressources, elle cède aux avances d’un sergent recruteur qui l’engage dans l’armée du roi sous le sobriquet de « Sans-Souci ». La voilà engagée dans la campagne de Bohème, à travers Vosges et Forêt-Noire. Bientôt, quarante mille soldats franchissent le Danube et marchent sur Prague. Si Julienne se conduit avec bravoure, pourquoi chacun des hommes dont elle s’éprend – son capitaine, son compagnon de chambrée… connaissent-ils un sort funeste ? De retour en France après avoir déserté, elle n’aura d’autre choix que d’assister dans sa tâche « Monsieur de Marseille » (le bourreau). Jusqu’à quand parviendra-t-elle à dissimuler son identité ?

Editeur : L’Archipel

Nombre de pages : 336

Prix : 20,00€

Date de publication : 5 septembre 2018

Mon Avis :

Lorsque la maison d’édition de l’Archipel m’a demandé de choisir dans son catalogue des romans pouvant faire l’objet de services presse, j’ai immédiatement demandé un autre roman historique de Patrick Pesnot. En effet, en octobre dernier, j’avais également reçu le premier tome de la saga, La Malédiction des MédicisLaurent le Magnifique et j’avais eu un coup de coeur. En ce qui concerne La Rose et le Bourreau, bien que j’ai beaucoup apprécié ma lecture, je reste néanmoins partagée.

Au milieu du XVIIIème siècle, Julienne a vingt ans lorsqu’elle décide de quitter son foyer cancalais. Son père, capitaine de vaisseau, n’est pas souvent présent et la jeune fille a beaucoup de mal à s’entendre avec sa belle-mère. Empruntant les vêtements de son frère cadet, elle décide de se travestir en homme et de partir sur les routes en quête d’aventure. Si son habit masculin la protège des mauvaises rencontres dues à son sexe, elle risque aussi la prison pour travestissement. Julienne doit alors se montrer extrêmement prudente et ne pas se trahir aux yeux de ses homologues masculins : c’est ainsi qu’elle rentre au service d’un prêtre pendant quelques temps puis, sitôt arrivée sur Paris, elle rejoint les rangs de l’armée et part guerroyer en Bohème avant de finir apprenti d’un bourreau, à Marseille…

Une jeune femme qui se travestit en homme au milieu du XVIIIème siècle pour devenir soldat puis bourreau, vous trouvez cela trop rocambolesque? Et bien, détrompez-vous car elle a réellement existé! En effet, pour son personnage de Julienne, Patrick Pesnot s’est inspiré de la véritable histoire de Marguerite Le Paistour, née en 1720 à Cancale, et dont le récit incroyable a été rapporté par son confesseur, le prêtre Jean-Baptiste Richard. Ainsi Julienne et Marguerite partagent  plusieurs traits communs : elles ont toutes deux quitté leur foyer pour le même motif, été commis pour un prêtre, soldat dans l’Armée de Louis XV et bourreau (ou plutôt bourrelle) à Lyon avant de connaître la même fin (mais cela, bien entendu, ne comptez pas sur moi pour vous la dévoiler!).

Ensuite, l’auteur s’est éloigné de la biographie de Marguerite le Paistour pour s’approprier et construire son propre récit autour de Julienne.
– il a par exemple fait des références subtiles : le nom de famille de Julienne est Desroches (le nom d’épouse de Marguerite était Roche) ou le nom de son amante prénommée… Marguerite!
– il a modifié certains évènements : par exemple, Julienne rencontre son maître-bourreau à Marseille alors que Marguerite l’a connu à Strasbourg.
– ou il en a ajouté d’autres comme l’agression de l’aubergiste, la relation sapphique avec Marguerite à Marseille ou la rencontre étrange avec une secte de convulsionnaires, dans un château situé entre Lyon et Marseille. Et c’est là où le bât blesse pour moi car si ces ajouts mettent en avant un récit picaresque, ils le rendent aussi poussif et remettent en question sa crédibilité. C’est un peu dommage.

En revanche, j’ai retrouvé dans le texte de Patrick Pesnot les qualités que j’avais beaucoup appréciées dans le tome 1 de la Malédiction des Médicis : une écriture fluide et travaillée ainsi qu’un souci du détail dans les descriptions. Par exemple, lorsque l’auteur décrit la ville de Paris, le lecteur se retrouve complètement immergé dans le récit grâce au fourmillement de détails qui touchent non seulement au sens de la vue mais aussi de l’ouïe et de l’odorat.

« Elle était arrivée à Paris, huit jours plus tôt. (…) Julienne fut submergée par le bruit de la grande ville. Partout, ce n’était que roulements de chariots et de voitures sur les pavés et cris discordants des marchands ambulants, chacun s’égosillant à chanter son commerce : colporteurs, fripiers, porteurs d’eau, vendeuses de vieux chapeaux, collecteurs de peaux de lapin, boutiquières proposant harengs, poulardes ou betteraves, tous concouraient à cette assourdissante cacophonie… Les odeurs n’étaient pas moins accommodantes : des ruisseaux qui coulaient au milieu de venelles trop étroites s’exhalaient des relents d’excréments, de pissats et de détritus pourris. » (p. 42)

En conclusion, j’ai beaucoup apprécié ma lecture de La rose et le Bourreau en raison d’une plume de qualité, d’un récit documenté et le fait que ce dernier s’appuye sur la biographie d’une personne ayant réellement existé. Dommage toutefois que la multiplication des faits et rebondissements rajoutés par l’auteur nuisent un peu à la crédibilité du périple de Julienne. Néanmoins, cette petite ombre au tableau ne m’empêchera pas de découvrir le tome 2 de la Malédiction des Médicis sur Cosimo 1er, sorti le 2 janvier 2019.

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