Coucou tout le monde,
j’espère que vous allez bien! Pour ma part, je suis très contente car j’ai enfin vu l’exposition sur Mucha, au Musée Bergès de Villard Bonnot, près de Grenoble. En effet, j’avais raté le coche l’année dernière et j’ai su vendredi seulement qu’elle était prolongée jusqu’au 3 février! Cette exposition fait aussi écho à celle au Musée du Luxembourg qui finit aujourd’hui.
Vous connaissez désormais mon amour pour l’Art Nouveau, grâce à la présence d’articles sur mon blog (notamment L’Art Nouveau à Grenoble d’Elodie Peiffer qui a connu son petit succès) et cela faisait un moment que je voulais visiter ce Musée. En effet, il s’agit de l’ancienne Maison de la famille Bergès, connus à Grenoble pour avoir développé la Houille Blanche, à la fin du XIXème siècle – début XXème siècle. Or, il se trouve que l’Art Nouveau est très présent dans cette maison et que l’artiste phare de ce courant artistique, Alfons Mucha y a même séjourné.
Pour l’écriture de mon article, je me suis aidée d’un petit ouvrage acheté sur place, La Maison Bergès, entre éclectisme et Art Nouveau de Cécile Gouy-Gilbert et de Frédérique Virieux, paru en 2011. Comme noté dans le synopsis, il ne s’agit pas d’un guide proprement dit de la maison mais d’une succession d’articles.
Allez, c’est parti!
I– Les Bergès : une famille d’industriels

Aristide Bergès (1833-1904) est originaire des Pyrénées orientales lorsqu’il vient en 1867 dans la région grenobloise, à Lancey, pour développer sa propre papeterie. Afin de faire fonctionner ses machines (les défibreurs à râper le bois), il décide conjointement d’utiliser un nouvelle source d’énergie hydroélectrique issue des torrents et lui donne le nom de «Houille Blanche » (par opposition à la Houille Noire qui désigne le charbon). Or, cette idée a un tel succès que la centrale fournit désormais de l’électricité à tout le village et aux alentours jusqu’à l’alimentation de la ligne de tramway entre Chapareillan et Grenoble.

Si au début de l’exploitation, Aristide Bergès vit à Grenoble avec toute sa famille, lorsque ses enfants deviennent grands, il décide de s’installer en 1881 avec sa femme Marie, à Lancey, en rachetant la maison du meunier, à proximité immédiate de son usine. Dès 1897, la famille décide de faire de la maison patronale, le symbole de leur réussite sociale : une extension est alors construite (l’ensemble fait désormais 800m2) et une nouvelle décoration intérieure remet au goût du jour la maison.

II– Les Bergès, une famille amateur d’art
Le dernier fils d’Aristide Bergès, Maurice (1865-1926) est un féru d’art et a aménagé toutes ses villas en fonction de ses goûts artistiques : ainsi, la villa de l’Escalet à Ramatuelle, dans le Var s’inspire de l’art grec, celle de Toulon à l’art médiévale et la Villa Madame à Rome s’inscrit dans la mouvance de la Renaissance. La villa de Lancey n’a donc pas échappé à la règle. Du vivant de son père, il s’était déjà très investi dans la maison patronale puisqu’il a non seulement participé aux choix des projets architecturaux de la maison mais il a aussi mené le programme décoratif au point de dessiner lui-même certains mobiliers!
Ainsi, certaines pièces s’inscrivent directement dans le style de « l’historicisme », comme le Hall principal. Il s’agit d’un mélange de style celtique (les noeuds pariétaux), byzantin (la mozaïque au sol avec une swastika faite de tesselles en marbre de Carrare et de verre de Murano ou la porte en bois) et médiéval (le portail néo-gothique). Cette entrée monumentale avait ainsi pour but d’impressionner le visiteur.
Le Hall de la cage d’escalier est également très éclectique puisque des éléments provenant de l’Art grec (la frise au dessus de la porte du second étage), médiéval (les sculptures de renards et de hiboux de la rampe) et byzantin (la verrière aux motifs géométriques) se partagent l’espace.
Et enfin, l’Art nouveau est également très représenté puisqu’au second étage, se trouvent des tapisseries bien caractéristiques, des luminaires et des œuvres de la main même d’Alfons Mucha, l’artiste phare de ce courant artistique.
III– Les Bergès, une famille de mécènes
Le mécénat a débuté avec l’épouse d’Aristide puisque non seulement Marie possédait une collection de reproductions d’oeuvres comme celles De Vinci ou Ghirlandaio mais aussi d’oeuvres originales de peintres dauphinois comme Tancrède Bastet (1858-1942). Son fils Maurice n’est pas en reste puisqu’il collectionne les livres d’art et fréquente les milieux artistiques.

Ainsi, il noue des relations amicales avec deux artistes de renom, n’hésitant pas à leur passer commande. Du peintre symboliste Gaston Bussière (1862-1928), il possède plusieurs tableaux comme La Houille Blanche (1902) ou la Fée des glaciers (1902) ainsi que la grande statue monumentale du hall principal intitulée encore une fois, La Houille blanche et installée en 1912.

Enfin, Alfons Mucha tient une place particulière au sein de la famille Bergès puisqu’il séjourne dans la villa de Lancey plusieurs fois, au début du XXème siècle et une chambre porte même son nom.

Plusieurs œuvres de l’artiste d’origine tchèque sont présentes dans la Maison puisque la famille lui a passé commande :
– Des portraits d’Aristide et de son épouse (voir le tableau en première partie de l’article, Aristide Bergès et la Houille Blanche, 1903).
– Les Quatre saisons ornent les portes du salon d’Aristide.
– Douze verres peints.
– Une affiche promotionnelle, L’automatique, en 1900 pour la vente de papier de photographie.
La dernière salle du Musée Bergès était consacrée à Mucha et de nombreuses œuvres comme des fac-similés d’affiche ou des cartes postales originales étaient ainsi exposées.
En conclusion, la Maison Bergès à Lancey a ainsi revêtu plusieurs fonctions pour la famille :
– pour l’ouvrier comme pour le client, elle est un symbole d’autorité et de pouvoir car elle est placée de manière stratégique, à proximité de la papeterie.
– elle est le symbole de la réussite sociale de la famille Bergès et la fonction du Hall principal est d’en imposer au visiteur dès qu’il franchit l’entrée.
– enfin, elle est l’expression de la culture et du goût artistique de ses propriétaires grâce à la présence d’œuvres d’artistes reconnus et à la pratique du Mécénat.
Voilà! J’espère que cet article vous aura plu et je vous souhaite un bon dimanche!