Les meurtres de Molly Southbourne (Tome 1) de Tade Thompson

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Quatrième de couverture :

Molly est frappée par la pire des malédictions. Aussi les règles sont-elles simples, et ses parents les lui assènent depuis son plus jeune âge.
Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bas-toi.
Ne saigne pas.
Si tu saignes, une compresse, le feu, du détergent.
Si tu trouves un trou, va chercher tes parents.
Molly se les récite souvent. Quand elle s’ennuie, elle se surprend à les répéter sans l’avoir voulu… Et si elle ignore d’où lui vient cette terrible affliction, elle n’en connaît en revanche que trop le prix. Celui du sang.

Editeur : Le Bélial – Collection Heure-Lumière

Nombre de pages : 136

Prix : 9,90€

Date de publication : 18 Avril 2019 (et oui, il va falloir patienter une petite semaine pour le trouver en librairie ou le commander directement sur le site de l’éditeur 😉 !)

Mon Avis :

J’ai bousculé mon programme littéraire du mois d’Avril pour me jeter littéralement sur la nouvelle parution de la Collection Heure Lumière du Bélial. Aussitôt reçue, aussitôt lue! Il faut dire que le synopsis était plutôt alléchant et a immédiatement attisée ma curiosité. Et devinez quoi? Bien m’en a pris car j’ai eu un petit coup de coeur pour cette novella!

Une jeune femme se réveille avec effroi dans une pièce aveugle. Enchaînée et blessée, elle est complètement désorientée et ne se rappelle plus de rien. Sa geôlière qui dit s’appeler Molly Southborne entreprend alors de lui conter sa propre histoire.
Molly a grandi dans la ferme isolée de Southbourne. Mais, son existence a été loin d’être paisible. En effet, si la jeune fille a été protégée dès son plus jeune par ses parents, ils lui ont également inculquée des règles qu’elle ne devra jamais enfreindre sous peine de mettre sa propre existence en danger : ne jamais saigner et si cela devait arriver, en effacer toute trace, fuir ou se battre si elle croise une fille qui lui ressemble, appeler ses parents si elle découvre un trou…

Une novella qui s’inscrit dans deux genres : la Science Fiction et l’Horreur

D’après l’interview de Tade Thompson à la suite de sa novella, la Science Fiction devait avoir une place bien plus prégnante dans le récit, à l’origine. Aussi, n’apparaît-elle qu’en toile de fond et de manière très subtile. En effet, le récit enchâssé de Molly Southbourne à sa prisonnière et le livre préféré de son professeur d’université font directement référence au premier roman de Science Fiction : Frankenstein de Mary Shelley. Et le contexte d’un futur proche devant faire face à une chûte de la baisse de la natalité dans un pays occidentale n’est pas sans rappeler La servante écarlate de Margaret Atwood ou Les fils de l’Homme de P. D. James (pour lequel je conseille le film, à mon sens bien meilleur que le roman).

En revanche, la novella s’inscrit de manière beaucoup plus franche dans le genre de l’Horreur. A chaque fois que Molly perd du sang (Par blessure, lors de ses menstrues, etc…) et n’en fait pas disparaître toutes les traces au moyen d’une compresse (pour arrêter l’hémorragie) de feu (pour détruire les tissus imbibés) ou de détergent (pour effacer toute trace d’hémoglobine), un clone issu de ce résidu organique fait son apparition. Si au début, ce dernier est pacifique, trois jours plus tard, il se trouve que la copie veut zigouiller l’original! Pour survivre, Molly n’a donc pas d’autres choix que de tuer ses doubles. Et l’auteur n’épargne pas son lecteur de certains détails : autant prévenir mais certains passages assez sanglants peuvent choquer les plus sensibles.

Un récit efficace

Le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai été happée dès les premières pages de la novella. Tout comme la jeune femme prisonnière qui ne se rappelle de rien et ne connaît pas le lien qui l’unit à Molly, j’ai découvert les tenants et aboutissants du récit au fur et à mesure qu’il se déroulait. Sur la couverture, il est noté que Les meurtres de Molly Southbourne fera prochainement l’objet d’une adaptation cinématographique, cela ne me surprend pas car le récit possède beaucoup de matière pour devenir le scénario d’un film.

Une métaphore de la résilience

Enfin, je terminerai ma chronique par une interprétation toute personnelle. Après tout, dans son interview, Tade Thompson pousse le lecteur à le faire :

Au bout du compte, la violence de Molly est une métaphore : je dois laisser les lecteurs la déchiffrer. (P. 119)

Et il se trouve que l’épigraphe de Théophilus Roshodan (qui de l’aveu de l’auteur a été complètement inventée!) avant de débuter la novella, donne quelques indices :

À chaque échec, à chaque insulte, à chaque blessure de la psyché, nous sommes recrées. Ce nouveau soi, nous devons le combattre chaque jour ou affronter l’extinction de l’esprit. (P. 11)

En effet, lorsque l’esprit humain subit un traumatisme, il doit pouvoir non seulement l’accepter afin d’éviter de tomber en dépression mais aussi rebondir pour se reconstruire (ce que l’on appelle la résilience). Un individu va donc en quelque sorte tuer son ancien « soi » pour devenir une nouvelle personne. Le problème avec Molly, c’est qu’elle tue ses doubles et dans ce contexte ne peut pas guérir si elle refuse d’être une nouvelle personne, en témoigne par exemple les signes d’auto-destruction pendant son adolescence, (elle se coupe les poignets) ou à l’âge adulte, elle mène à l‘échec ses relations amoureuses.

En conclusion, Les meurtres de Molly Southbourne est une novella intriguante, immersive et au style efficace. Écrite de manière subtile et intelligente, elle peut se lire sur plusieurs niveaux : au premier degré, le lecteur peut la prendre comme un récit d’horreur et de science fiction et au second degré, comme une métaphore sur le phénomène psychologique de la résilience. Je ne connaissais absolument pas l’auteur avant de lire cette novella, mais cela m’a donnée envie de découvrir un autre opus : Rose water.

Autres avis :
Apophis

Au Pays des caves troll

L’épaule d’Orion

Les chroniques du chroniqueur

30 réflexions sur “Les meurtres de Molly Southbourne (Tome 1) de Tade Thompson

  1. Il est pour moi!Il est pour moi!Il est pour moi!Il est pour moi!Il est pour moi!Il est pour moi!Il est pour moi!Il est pour moi!

    ton avis est sensass! Je le veux, au cas ou je n’aura pas été claire…. 😉

    Aimé par 1 personne

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