D-Day : Les soldats du débarquement de Gilles Milton

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Quatrième de couverture :

Soixante-quinze ans ont passé depuis le jour du débarquement de Normandie. Ce petit matin de juin, la plus grande invasion par la mer jamais organisée dans l’Histoire allait s’avérer cruciale dans le dénouement de la Deuxième Guerre mondiale. La bataille, aux dimensions épiques, impliqua 156 000 hommes, 7 000 bateaux et 20 000 véhicules blindés. Les événements du 6 juin 1944 furent menés par des individus héroïques, qui combattirent jusqu’à ce que les défenses allemandes soient détruites.
C’est l’histoire de ces hommes (alliés, allemands, français) qui est racontée ici. Pour évoquer les événements du D-Day, Giles Milton rapporte les récits des survivants : le jeune conscrit allié, le défenseur d’élite allemand, le résistant français. Depuis les stratèges du QG jusqu’aux soldats de la Wehrmacht dans les bunkers, D-Day : Les soldats du débarquement évoque avec force la terreur absolue de ceux qui étaient pris au piège de la ligne de front de l’Opération Overlord.
Milton donne également la parole à ceux que l’on n’avait jamais entendus : la fille du boucher du village, la femme du commandant du panzer, le chauffeur du général.

Editeur : Noir sur Blanc

Nombre de pages : 560

Prix : 25,00€

Date de publication : 4 Avril 2019

Mon Avis :

J’ai très peu lu sur la Seconde Guerre Mondiale, mes connaissances se bornant essentiellement à la Shoah (des témoignages comme Le Journal d’Anne Frank ou La Trêve de Primo Levi, mais aussi des fictions comme Elle s’appelait Sarah de Tatiana de Rosnay, Maus d’Art Spiegelman ou Auschwitz de Pascal Croci). En ce qui concerne le D-Day, j’ai été bien en peine d’analyser le site d’Omaha Beach en Normandie où je me suis rendue cet été et j’ai dû uniquement faire appel à mes vieux souvenirs cinématographiques comme Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg sorti en 1998 ou la série télévisée Band of brothers du même réalisateur diffusé en 2001. L’ouvrage de Giles Milton est donc une première sur ce sujet pour moi et je dois dire que je n’ai pas été déçue, au contraire car cette lecture s’est avérée être un coup de coeur.

Le 6 juin 1944 : les troupes des alliés anglaise, française, canadienne et américaine débarquent sur cinq plages de Normandie (Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword), entre  Caen et Bayeux. Le but ? Prendre les Allemands par surprise : en effet, ces derniers savent qu’un Débarquement est imminent mais pensent à une opération plus au nord, vers Calais. Quant à la météo pluvieuse et orageuse, elle semble contraindre les troupes à rester au sol, les Allemands ne se doutent donc pas que les Alliés vont profiter d’une journée ensoleillée (le 6 juin) pour débarquer.

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Source

Le D-Day, le Débarquement débute très tôt par le parachutage de soldats dans les petits villages alentours. Leur but est de détruire routes, voies de chemins de fer et  ponts pour empêcher l’arrivée des renforts allemands tout en prenant le contrôle d’un nombre limité d’infrastructures afin de permettre l’avancée des troupes des Alliés sur le territoire français. Puis, 156000 soldats Alliés débarquent à l’aube sur les cinq plages de Normandie mais l’avancée se révèle difficile en raison de leur confrontation avec le Mur de l’Atlantique imaginé par le Maréchal allemand Rommel. En effet, la fortification des ports, la présence de blockhaus et de bunkers sur les plages, les bombes dans la Mer, les dispositifs anti-débarquement sur les plages et anti-planeurs dans la campagne, les stations de radar et d’écoute rendent leur avancée mortifère :

… des recherches ultérieures indiquent qu’il y a eu approximativement huit mille deux cent tués et blessés sur le flanc ouest – Omaha, Utah et la péninsule du Corentin – et trois mille tués et blessés anglais et canadiens sur les trois autres secteurs de plages. Du côté allemand, les chiffres restent incertains : les estimations vont de quatre mille à neuf mille tués et blessés. (P. 498)

En milieu de journée, les troupes alliés ont bien avancé dans la campagne et ont déjà libéré des villages côtiers mais c’est loin d’être le cas des grandes villes à proximité. Après avoir prévenu préalablement la population (qui malheureusement n’a pas évacué), les troupes Alliés bombardent et détruisent entièrement Caen. Du côté allemand, les réactions tardives des officiers supérieures et les mauvaises décisions se révèlent désastreuses pour leur camp : le refus d’envoyer les forces aériennes de la Luftwaffe en Normandie et les troupes stationnées vers Paris vont considérablement avantager les Alliés. La suite, vous la connaissez…

Sur la quatrième couverture, il est mentionné que l’auteur Giles Milton est historien : je ne suis pas vraiment d’accord avec cette affirmation car la méthode employée dans l’ouvrage n’est pas du tout celle d’un historien mais plutôt celle d’un journaliste. La méthode du premier permet un certain recul par rapport aux sources et aux témoignages grâce à une analyse et à une réflexion synthétique des évènements ; quant à la seconde, elle informe le lecteur tout en les faisant vivre avec émotion les évènements en direct. L’une ou l’autre méthode n’est pas meilleure que l’autre, c’est juste que le but recherché n’est pas le même.

Et je dois dire que le travail journalistique de Giles Milton a été une très grande réussite : il a beaucoup voyagé aux Etats-Unis, en France et en Angleterre pour aller se documenter auprès des Musées, des Mémoriaux, des Bibliothèques, des Témoins directs ou la lecture de leurs ouvrages publiés après Guerre. D-Day : les soldats du débarquement est d’une précision chirurgicale comprenant maintes détails et rendant le lecteur témoin des évènements : c’est simple, j’avais l’impression d’y être. J’ai également beaucoup apprécié le fait que Giles Milton ne se soit pas simplement borné au récit des soldats Alliés. Au contraire, le fait qu’il ajoute des témoignages de soldats allemands (ou presque! Car certains étaient en réalité d’origine polonaise, tchèque ou autrichienne) permet de comprendre que beaucoup ont été contraints de combattre et ne l’ont pas tous fait pour des raisons idéologiques. L’ouvrage comprend aussi quelques témoignages de femmes, les Grandes Oubliées de l’Histoire et montre qu’elles ont aussi joué leur rôle dans l’Armée, notamment dans les stations de radar et d’écoute, dans les deux camps.

En conclusion, D-Day : les soldats du Débarquement de Giles Milton est un ouvrage remarquable et passionnant. Ses détails et sa précision permettent au lecteur de rendre l’Histoire presque palpable comme s’ils avaient assisté eux-mêmes aux Évènements, aux côtés des contemporains. Si vous êtes passionnés par cette période, vous ne pouvez pas passer à côté de ce livre. Je remercie Babélio ainsi que les éditions Noir sur Blanc pour me l’avoir envoyé.

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Les Braves d’Anilore Banon, sur Omaha Beach, aujourd’hui

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