Et tout sera silence de Michel Moatti

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Quatrième de couverture : 

Une nouvelle enquête de la Web-reporter Lynn Dunsday découverte dans Tu n’auras pas peur (Prix polar Cognac 2017). Des femmes sont recrutées au fin fond de l’Europe par des organisations criminelles dont la violence est sans limite. L’une d’elle est retrouvée assassinée en Angleterre après avoir été au centre d’un scandale qui a éclaboussé un des plus hauts pairs du Royaume. La police, les médias et les réseaux sociaux se jettent alors sur l’affaire dans la plus grande confusion…
Lynn Dunsday, Web-reporter à la plume unique et aux méthodes expéditives, cherche à mettre un peu d’ordre dans tout ça, avec pour seul indice le Polaroïd sinistre de deux ados disparus.

Editeur : HC éditions

Nombre de pages : 318

Prix : 19,00€

Date de publication : 6 Juin 2019

Mon Avis : 

Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un roman policier ! Et à ce titre, je remercie Agnès Chalnot et les éditions Hervé Chopin de m’avoir envoyé le tout dernier opus de Michel Moatti, Et tout sera silence. Pour rappel, j’avais découvert la plume de l’auteur en 2016 grâce à son roman historique et policier Retour à Whitechapel, pour lequel j’avais eu un énorme coup de coeur. Puis, j’avais reçu mon tout premier service presse en 2017 avec Tu n’auras pas peur que j’avais beaucoup apprécié malgré quelques petits défauts. Aujourd’hui, je réitère avec Et tout sera silence et devinez quoi? La qualité est une nouvelle fois au rendez-vous car je l’ai lu en deux jours!

En cet hiver 2019, dans un quartier de Karlikowo en Pologne, une nouvelle vie attend Magdalena Lewandowska. En effet, la jeune femme a rendez-vous pour partir en Slovénie et se former dans un institut de beauté. Elle rêve de quitter sa vie difficile faite de petits boulots pour travailler en Europe de l’ouest en tant qu’esthéticienne dans de grands hôtels luxueux.
A quelques milliers de kilomètres de là, à Londres, la reporter Lynn Dunsday héroïne principale du précédent opus Tu n’auras pas peur continue ses investigations pour le compte de son journal web, le Bumper. Elle est alors envoyée dans le quartier populaire de Slough pour essayer d’en savoir un peu plus sur le meurtre d’une prostituée d’origine polonaise retrouvée sauvagement assassinée dans les toilettes d’un bar. Or, il s’avère que le petit ami de Lynn, Andy est inspecteur de police est également chargé de l’affaire. Mais, à Slough règne la loi du silence et quiconque la rompt, en payera le prix…

J’ai retrouvé dans Et tout sera silence les mêmes qualités qui m’avaient beaucoup plu dans les précédents romans de Michel Moatti : une écriture fluide, soignée, efficace et dynamique grâce à de petits chapitres qui alternent les points de vue entre Magdalena et Lynn. Là encore, le propos est très bien documenté et à ce titre, ce roman m’a beaucoup fait penser à celui de Karine Giebel, Toutes blessent, la dernière tue sur la traite d’êtres humains en Europe. Si  dans ce dernier, l’auteure dénonçait la réduction en esclavage d’enfants venus d’Afrique du Nord pour travailler dans des maisons bourgeoises ou des banlieues françaises, Michel Moatti s’intéresse quant à lui aux réseaux de prostitution venus d’Europe de l’Est.

Le procédé est souvent le même : des jeunes femmes ou de jeunes garçons sont « recrutées » dans les pays de l’ex-bloc soviétique par des organisations mafieuses : ces dernières font miroiter aux jeunes gens une formation en coiffure, esthétique, etc… pour un travail assuré dans des hôtels de luxe en Europe de l’Ouest (Paris, Londres, Monaco, etc…). Sitôt passé la frontière, leur passeport leur est confisqué et ils sont conduits dans des camps de reconditionnement en Europe méridionale (à Trente, en Italie, dans le roman). Là, ils sont détruits physiquement et psychologiquement afin d’être complètement sous l’emprise de leur agresseur. Après quelques mois passés dans ces camps, ils sont envoyés dans les capitales d’Europe de l’ouest pour intégrer les réseaux de prostitution. Ces derniers vont du « massage » dans des instituts au tournage de films pornographiques en passant par des passes soit dans la rue, soit à l’abri des regards dans des appartements privés ou des hôtels.

Le récit le plus terrible est celui de Magdalena dont on sait dès les premières pages ce qui va malheureusement lui arriver et le lecteur ressent beaucoup d’empathie pour elle. Si certains passages sont très difficiles, Michel Moatti évite le voyeurisme en livrant des détails sordides. Son but est vraiment de dénoncer la traite d’êtres humains et de faire prendre conscience au lecteur que oui, malheureusement cela existe même dans son pays qui a aboli l’esclavage en 1848. Et c’est terrifiant.

Si le récit est très bien construit, documenté et écrit, j’aurais en revanche deux bémols :
– la présence de passages décorrélés de l’intrigue principale comme les articles de la blogueuse Lulubelle suivie par Lynn. Cela crée une espèce de cassure dans le rythme. Du coup, je n’ai pas trop compris pourquoi Michel Moatti les avait intégrés à l’intrigue. Est-ce pour apporter de la légèreté au récit? Ou pour dénoncer l’absurdité de notre société dans laquelle les gens préfèrent s’intéresser à la vacuité d’une blogueuse superficielle, femme de footballeur et fermer les yeux sur la vie d’êtres humains réduits en esclavage?
– la chute du roman trop expéditive. Bien qu’elle paraisse tout à fait logique, je l’ai trouvé trop rapide.

En conclusion, j’ai beaucoup apprécié Et tout sera silence qui peut se lire indépendamment de Tu n’auras pas peur. Je retrouve les même qualités que j’avais appréciées dans les autres romans de Michel Moatti à savoir, un récit fluide et bien documenté. Si certains passages peuvent être difficiles, il évite également le voyeurisme car son but est de dénoncer avant tout ces réseaux clandestins sur lesquels les pays occidentaux ont un peu trop tendance à fermer les yeux.

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