Quatrième de couverture :
De nouveaux matériaux découverts sur la Lune ont permis des avancées scientifiques extraordinaires. Mais tout le monde n’en profite pas ! En dehors du Dôme qui protège le centre urbain riche et sophistiqué, le petit peuple survit tant bien que mal. C’est dans une maison close sur l’un de ces faubourgs malfamés qu’a échoué Violante, prostituée sans mémoire. Alors qu’elle se démène pour trouver son identité dans un monde dominé par les hommes et les puissants, sa meilleure amie disparaît dans d’atroces circonstances.
Contre la raison, la jeune femme décide de prendre part a investigations…
Editeur : Scrinéo
Nombre de pages : 375
Prix : 16,90€
Date de publication : 16 Mai 2018
#ISBN9782367406060
Mon Avis :
Très honnêtement, s’il n’y avait pas eu le Jury du PLIB 2019, je n’aurai pas commencé par ce roman pour découvrir la plume de Floriane Soulas. J’aurais plutôt débuté par Les noces de la renarde qui m’inspirait beaucoup plus et que je m’étais procurée aux Imaginales. Pour en revenir à Rouille, je me doutais que les défauts pointés par mes blogopotes ne me convaincraient pas et malheureusement, cela a été le cas pendant ma lecture me laissant un sentiment plutôt mitigé.
Violante n’a plus aucun souvenir de sa vie antérieure. Trouvée en piteux état par Léon dans les rues de Paris trois ans auparavant, le souteneur l’a alors fait soigner pour ensuite l’envoyer aux Jardins Mécaniques, une maison close. Dotée de manières éduquées qui plaisent aux clients fortunés, la courtisane prend le nom de Duchesse et semble désormais jouir d’une belle célébrité.
Mais, la jeune femme n’abandonne pas pour autant et brûle de connaître ses origines. Il lui arrive parfois de s’échapper pour retrouver Satine, une autre prostituée. Et un matin, il semblerait que la chance lui sourit enfin car son amie a une piste. Toute excitée à l’idée de faire une découverte imminente, Violante ne s’aperçoit pas de l’état de santé dégradé de Satine, désormais accroc à une nouvelle drogue : la Rouille…
Un premier roman bien documenté
Je ne sais pas si on peut parler de travail de documentation pour une uchronie car après tout, l’auteure n’a pas à respecter une période historique avec une précision chirurgicale ou éviter des anachronismes! Mais, il faut savoir que Floriane Soulas a tenu à doter son Paris Steampunk d’un contexte historique des plus précis afin de donner plus d’épaisseur au récit.
– Cela s’en ressent dans la première partie du roman notamment lorsqu’elle fait une description exhaustive du fonctionnement d’une maison close. Pour avoir lu certains ouvrages* sur le sujet, je peux vous dire que le décor est plutôt cohérent. De plus, certaines scènes m’ont également fait penser à la série Canal+, Maison close que je vous recommande.
– Ce travail de documentation se retrouve aussi dans la description du quotidien des petites gens des quartiers pauvres de Paris. Et là, c’est plutôt le Londres victorien à la même époque qui m’est venue à l’esprit notamment par la présence des enfants errants, des bars crasseux et enfumés, des prostituées de rue ou la menace d’un certain Jack l’Eventreur (dont on retrouve le pendant dans Rouille).
…mais non exempts de défauts.
Si l’esthétique steampunk du roman a son petit côté sympathique (notamment la présence de bijoux, d’armes, de dirigeables, d’animaux modifiés – les animécas -…), malheureusement, j’ai été plutôt frustrée par l’aspect uchronique. En effet, on ne connaît pas le point de divergence et on ne sait pas dans quel contexte cela s’est produit. On sait juste qu’il y a eu un Napoléon IV au pouvoir dans la seconde partie du XIXème siècle ce qui laisse supposer que la Révolution de 1870 et la Troisième République (1870-1940) n’ont pas eu lieu mais c’est tout. Quant aux voyages sur la Lune qui a permis l’exploitation du minerai lunium et l’émergence des nouvelles technologies, on ne sait strictement rien et j’ai trouvé cela vraiment dommage.
Autre énorme défaut du roman : les personnages. L’univers dépeint par Floriane Soulas est sombre, dur et violent donc le lecteur est en droit d’attendre à ce que les personnages soient en cohérence. Malheureusement, c’est loin d’être le cas. L’exemple le plus flagrant est le souteneur Léon. Il est censé être un « chef de clan » et en conséquence un salaud de la pire espèce puisque son gagne-pain est l’exploitation humaine. N’oublions pas qu’il a sauvé Violante uniquement pour pouvoir la jeter dans une maison close et récupérer un pourcentage sur ses passes! Et finalement, il s’avère être un personnage au grand coeur au point que Violante éprouve de l’affection pour lui, ce que je n’ai pas trouvé très crédible (peut-être un petit syndrome de Stockholm?)
La jeune fille voulait voir Léon, lui parler, être rassurée. Malgré les sentiments contradictoires qu’elle avait pour le proxénète, il restait celui qui l’avait sauvée et protégée, celui vers lequel elle se tournait toujours quand un client devenait trop pressant ou brutal. Léon était la meilleure mais aussi la pire chose qui lui soit arrivée. (p. 103-104)
Enfin, j’ai trouvé la fin, notamment les deux derniers chapitres, trop rapide et beaucoup moins soignée que le début du roman que ce soit au niveau du style d’écriture que dans la qualité des dialogues. Du coup, j’ai eu le sentiment de terminer le roman sur une mauvaise impression.
En conclusion, je suis un peu passée à côté de ce roman notamment à cause de quelques défauts comme les incohérences des personnages, le côté prévisible de l’intrigue ou la frustration que j’ai pu ressentir à propos de certains aspects uchroniques peu développés. Il est clair que Rouille n’est pas « mauvais » dans le sens où Floriane Soulas a fait un sérieux effort de documentation. Et son style d’écriture est fluide et agréable (excepté pour les deux derniers chapitre) ce qui laisse présager une maturité à venir dans les prochains romans. Pour cela, je compte bien le découvrir car je lirait tout de même Les noces de la renarde!
* Si le sujet vous intéresse, je peux vous conseiller Filles de noces d’Alain Corbin et Les maisons closes autrefois de Brigitte Rochelandet.
Autres avis :
Je partage ton avis. Les personnages ne collent pas du tout. Et l’univers aurait pu être plus développé. J’avoue que je ne comprends pas pourquoi le roman a eu un prix concernant l’uchronie d’ailleurs….
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Oui effectivement, ce n’est pas trés logique.
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Avis partagé également : le côté « bisounours » des personnages m’a aussi fait tiquer, et j’ai aussi beaucoup pensé à la série Maison close que j’avais bien aimé 🙂
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Ah oui, la série Maison close est excellente et malgré le sujet abordé, très féministe aussi, surtout dans la seconde saison. Mais, je me demande aussi si Floriane Soulas ne s’en est pas inspiré pour les décors de son roman.
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Je me suis aussi posée la question tant certaines scènes m’ont fait penser à la série. Et je partage totalement ton analyse 🙂
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Et bin je suis totalement d’accord avec ton avis, ce qui t’a gênée m’avait aussi déplu 🙂
Kin
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Oui, je crois que l’on est plusieurs, en effet.
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J’ai également un avis plutôt mitigé à propos de Rouille pour les mêmes raisons que toi, en particulier le manque de crédibilité des personnages. Par contre, j’ai beaucoup apprécié Les noces de la Renarde, qui est très différent !
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J’ai hâte de le lire celui-ci. Rien qu’à la lecture du synopsis, je le sentais mieux. Et cette couverture ! 😍
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