Les hôtels particuliers du centre historique de Grenoble

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Cours de l’Hôtel de Sautereau-Amat au 10-12 rue Chenoise

Coucou tout le monde,

j’espère que vous allez bien! Pour ma part, ce n’est pas le top. Car figurez-vous que j’ai donné de ma personne (littéralement!) pour les photos que vous allez voir dans cet article! En effet, au retour de ma visite, je n’ai rien trouvé de mieux que de glisser en trottinette et de me facturer la rotule! Résultat : deux mois d’arrêt! Je vous avoue que j’étais en mode déprime jusqu’à hier ; c’est pourquoi, j’ai décidé de remonter la pente (au sens figuré bien entendu!) en vous écrivant un petit article sur les hôtels particuliers du centre historique de Grenoble.

Allez, c’est parti!

Vous le savez probablement mais le weekend dernier c’étaient les Journées du Patrimoine et avec une si belle journée samedi, rien de mieux que de déambuler dans les ruelles de Grenoble pour découvrir ses secrets cachés. Au départ, il était prévu que nous visitions l’Ancien Palais de Justice de Grenoble (Parlement du Dauphiné) mais malheureusement, il fallait réserver. Nous nous sommes donc repliés vers l’appartement Grignon dans lequel a grandi Stendhal vers la place Grenette et le Jardin de ville pour finir dans l’ancien quartier romain et médiéval entre Notre-Dame et le Parlement.

Pour écrire cet article, je me suis servie de l’ouvrage Grenoble, richesses historiques du XVIè au XVIIIè siècle d’Anne Cayol-Gerin et de Marie-Thérèse Chappert, d’un petit guide de la Rue Chenoise offert par l’Association des Commerçants et Devantures de la Rue Chenoise et du site internet Grenoble-Patrimoine.

Un peu d’Histoire

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Source

Le centre historique de Grenoble correspond peu ou prou à l’ancienne ville romaine intramuros et à ses faubourgs immédiats comme vous pouvez le voir sur le plan. A partir de la période médiévale, la ville s’agrandit et dépasse largement la muraille du IIIème siècle, une nouvelle enceinte est alors construite au XIVème siècle. Avec la création du Parlement du Dauphiné, dans la seconde partie du XVème siècle, Grenoble va connaître un certain dynamisme. En effet, la Noblesse de robe (présidents, conseillers, etc…) s’installe à proximité du Parlement et fait bâtir dans les rues adjacentes leurs hôtels particuliers. En déambulant dans les rues Chenoise et Brocherie, il n’est donc pas rare de trouver encore des témoignages de cette époque notamment des voûtes en ogive, des fenêtres à meneaux ou des baies géminées. Cette noblesse de robe attire également de nombreux artisans et commerçants (orfèvres, cordonniers, tailleurs, etc…) qui profitent de la présence de cette riche clientèle. Ce dynamisme va se poursuivre jusqu’au XVIIIème siècle. A partir du XIXème siècle, le visage du quartier change radicalement : l’aristocratie se déplace dans les quartiers haussmaniens plus modernes et plus lumineux (actuelles Place Victor Hugo ou Avenue Alsace Lorraine par exemple) quant aux activités artisanales, elles trouvent leur place dans le nouveau quartier industriel construit derrière la gare (l’actuel Cours Berriat). Au XXème siècle, le quartier entre Notre-Dame et l’ancien Parlement du Dauphiné devient populaire et cosmopolite puisqu’il accueille les nouveaux arrivants à Grenoble issus de l’immigration ouvrière (italienne, Arménienne, Espagnole, Portugais, Afrique du Nord, etc…). Depuis les années 80, le quartier est en réhabilitation et de nombreux chantiers architecturaux ont permis de mettre en valeur le patrimoine, notamment les hôtels particuliers.

Les Hôtels particuliers

Hôtel de François Marc – 22 rue Barnave (1490)

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Après avoir traversé un corridor avec une voûte à croisée d’ogives (sur lesquels des culs-de-lampe représentent des sculptures de grotesques), vous déboucherez sur une petite cour. A votre gauche, se situe l’entrée de l’escalier en vis avec un linteau sculpté. Ce dernier représente un dais d’honneur surplombé de draperies et figurant le blason de la famille martelé pendant la Révolution Française.

Hôtel Sautereau-Amat – 10 et 12 rue Chenoise (1500-1510)

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Il s’agit d’une de mes cours préférées! Après avoir également traversé un corridor avec des voûtes à croisée d’ogives (vous remarquerez notamment un cul-de-lampe représentant une femme tenant le sexe d’un homme entre ses mains ce qui fait référence à la luxure), vous déboucherez sur une cour gothique avec un escalier percé de fenêtre à meneaux et une loggia soutenue par des colonnes. Il y a quelques années, j’ai eu la chance de pouvoir visiter les locaux de l’association Patrimoine et développement dans lesquels j’ai pu admirer un des derniers plafonds peints de Grenoble datant du XVIIème siècle! C’est à voir!

L’hôtel Rabot – 17 rue Jean-Jacques Rousseau (XVIème et XVIIème siècle)

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Oriel de l’Hôtel Rabot

L’Hôtel Rabot doit son nom à l’un de ses membres Jean Rabot, Président du Parlement à la fin du XVème et début du XVIème siècle. Sur sa façade, il est possible d’admirer un oriel, c’est à dire une fenêtre en bais qui s’avance sur la rue. Les sculptures de la façade (pilastres) sont d’époque Renaissance tandis que le grand escalier intérieur à balustre de pierre date du XVIIème siècle. Il est possible de rentrer librement dans le bâtiment car aujourd’hui, l’Hôtel Rabot abrite la Librairie Arthaud.

Les Hôtels de Pierre Bûcher-Croÿ- Chanel – 6 Rue Brocherie (1565 et 1760)

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Il s’agit de deux hôtels : le plus ancien (celui de Pierre Bûcher) se trouve à l’arrière et arbore une magnifique cour en calcaire gris-bleu sculptée de motifs Renaissance (présence de baies géminées, de feuilles d’acanthes stylisées ou de médaillons qui font directement référence à ceux présents sur la façade du Parlement du Dauphiné). Rien d’étonnant puisque son premier propriétaire était Procureur général du Roi au Parlement!

L’Hôtel d’Ornacieux (ou Maison Vaucanson) – 8 Rue Chenoise (1630)

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La cour abrite un impressionnant escalier à l’italienne avec des loggias, des balustres en pierre et des arcs en anse de panier. A l’origine, l’hôtel appartenait à la famille d’Ornacieux dont plusieurs membres ont été présidents du Parlement ou évêques de Grenoble. A partir du XVIIIème siècle, l’hôtel prend le nom de la famille Vaucanson qui s’y installe.

L’appartement Gagnon (ou Musée Stendhal) – 20 Grande Rue (XIXème siècle)

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L’immeuble semble dater de la même période que l’Hôtel de François Marc ou celui de Sautereau-Amat comme en témoigne le corridor avec une voûte à croisée d’ogives ou de culs-de-lampes sculptés sous forme d’angelots. Toutefois, c’est à la Révolution française que le grand-père de Stendhal, le Docteur Gagnon, acquiert l’immeuble. Il habitait le première étage et louait le reste. Stendhal viendra habiter avec lui à la mort de sa mère lorsqu’il avait sept ans.
Aujourd’hui, l’appartement est divisé en deux et seule la partie dite des invités est aujourd’hui visitable. Il reste donc le grand Salon à l’italienne de couleur rouge telle qu’il était à l’époque de Stendhal mais aussi sa bibliothèque, un cabinet des curiosités et la superbe terrasse (dite aujourd’hui « treille de Stendhal ») qui donne sur le Jardin de Ville.

Ce que l’on peut retenir

Ces hôtels particuliers étaient un moyen pour leur propriétaire de se mettre en scène et de montrer à leur visiteur leur position sociale et/ou leur métier prestigieux (Président du Parlement, avocat, etc…). Pour cela, ils utilisaient soit des matériaux nobles et durables (notamment la pierre taillée, le calcaire gris, etc…), des éléments architecturaux visibles et monumentaux (oriel sur la rue, escalier d’honneur à l’italienne, etc…) ou des ornementations coûteuses (blason familial, voûtes en ogive, culs-de-lampes, sculptures, etc…) que le commun des mortels ne pouvait s’offrir.

Voilà! J’espère que cet article vous aura plu. Et vous, qu’avez-vous visité de beau pendant les Journées du Patrimoine? Est-ce que vous êtes déjà venu à Grenoble?

10 commentaires

    • Merci! Je me remets à la lecture aujourd’hui! Grenoble n’est pas la plus jolie ville en France mais certains lieux peu connus ont leur charme et c’est ce que je voulais mettre en valeur dans mon article. Peut-être un jour, viendras-tu aux Grésimaginaires? 😉

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  1. Ouch, bon rétablissement ! Je ne sais dans quelle mesure cela peut te consoler, mais ça t’aura au moins permis de faire un joli article illustré de très belles photos ! ^^
    Pendant les journées du Patrimoine, j’accueillis mon nouveau chaton à la maison, donc j’avoue n’avoir pas eu très envie de sortir pour rester le pouponner… Mais je visiterais bien Grenoble à l’occasion, je n’y suis encore jamais allée et ça a l’air charmant ! 🙂

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