N’oublie pas de te souvenir de Jean Contrucci

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Quatrième de couverture : 

Août 1943. Hélène Newman, 26 ans, vient d’être parachutée de nuit au-dessus de la France occupée. Sa mission : rejoindre à Marseille le réseau anglais Junkman et ses agents infiltrés pour instruire et armer la résistance locale. Le grand port sous la botte nazie n’a pas de secrets pour elle : cette Anglaise y a passé son enfance ! Hélène est de retour, prête à sacrifier sa vie pour libérer sa ville natale.
Face à la Gestapo, alliée à la pègre locale, son rire éclate comme un défi. Entre deux sabotages, le coeur de Julien chavire pour les yeux de la belle espionne. Mais la guerre sépare ceux qui s’aiment…

Editeur : HC Editions

Nombre de pages : 288

Prix : 19,00€

Date de publication : 12 Septembre 2019

Mon Avis :

Cette lecture m’a été proposée par Agnès Chalnot et je la remercie ainsi que HC éditions pour l’envoi du Service Presse. De Jean Contrucci, j’avais déjà lu un roman l’année dernière, Le vol du gerfaut. Mais, le roman N’oublie pas de te souvenir s’inscrit plutôt dans le registre du roman historique car il aborde la question de l’espionnage anglais venu en renfort de la Résistance française, à Marseille, pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Hélène Newman est une jeune anglaise de vingt six ans qui s’est engagée en tant qu’espionne au sein du SOE anglais (Spécial Opérations Exécutive – Direction des Opérations Spéciales) afin de lutter contre le régime nazi. C’est ainsi qu’en Août 1943, elle est parachutée en France et rejoint la ville où elle a passé toute son enfance, Marseille. Sitôt arrivée, elle prend contact avec le réseau des résistants français, Junkman et s’implique dans des actes visant l’ennemi allemand. Mais, la jeune femme qui a pris le nom d’Hélène Palmier est un véritable rayon de soleil pour les résistants du réseau Junkman : aussi belle que vive, elle impressionne par son courage et sa témérité.

Un roman inspiré de faits réels…

Le roman historique se présente sous forme de témoignages : ainsi celui de Julien Villecroze s’alterne avec celui de Marguerite Gounod, tous deux membres du réseau de résistance français Junkman qu’Hélène Newman avait intégré. Mais, ces trois personnages sont inspirés de résistants marseillais ayant réellement existé comme indiqué dans la postface de Jean Contrucci : ainsi les deux premiers avaient pour vrai nom Julien Villevieille et Marthe Massenet. Quant à la jeune espionne anglaise, elle s’appelait Eliane Sophie Plewman avait 27 ans et était bien née à Marseille, en 1917.

Le rôle des espions anglais dans la Résistance française marseillaise est méconnu car  il a été volontairement minimisé voire caché à la sortie de la Guerre. En effet, la France humiliée a voulu réécrire son Histoire en affirmant qu’elle se serait elle-même délivrée du joug allemand. Un livre écrit par un historien anglais Michael R. D. Root, SOE in France, 1940-1944 publié à Londres en 1966, a même été interdit en France et n’est sorti qu’en 2008-2011 aux éditions Tallandier sous le titre, Des Anglais dans la Résistance.

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… qui aborde la Résistance marseillaise…

Le roman historique est très bien documenté comme en témoigne la bibliographie, à la fin de l’ouvrage. Ainsi, Jean Contrucci arrive parfaitement bien à retranscrire le contexte et l’ambiance de l’époque :

Si Marseille s’est longtemps trouvée en Zone Libre, la réalité de la Guerre la rattrape à partir de 1942 lorsque les Allemands l’envahissent. Les Français vivent entre la peur d’être dénoncé par leurs voisins et arrêté par les Allemands ou les restrictions qui leur sont imposées : les soldats nazis réquisitionnent une grande partie des produits de première nécessité (nourriture, médicaments, etc…) mais aussi les plus belles habitations ou les véhicules pour le stationnement de leur troupe. Les Français vivent alors de débrouille soit en partant dans leur famille en campagne, soit en ayant recours au marché noir. Les tickets de rationnement ne suffisent malheureusement pas à nourrir la population.

Dans ce contexte, s’organisent aussi plusieurs réseaux de résistance dont celui de Junkman, à Marseille. Ils sont aidés par le SOE qui parachute leurs agents pour faire la liaison avec Londres mais aussi des armes, des radios et des produits de première nécessité. Sur place, les espions aide les résistants à la coordination d’actes de sabotage (destruction des voies de chemin de fer pour paralyser l’ennemi par exemple) et de renseignements (notamment les positions des défenses allemandes le long des côtes en vue d’un débarquement). Chaque cellule du réseau est cloisonnée (les membres ne se connaissent pas tous) afin d’éviter le démantèlement par les Allemands en cas d’arrestation d’un membre ou de dénonciation.

… et fait la part belle au rôle des femmes dans la Seconde Guerre Mondiale.

Le rôle des femmes dans la Seconde Guerre Mondiale a souvent été minimisé. Or, ma lecture de l’ouvrage D-Day, les soldats du Débarquement de Gilles Milton démontre qu’il en a été autrement. Jean Contrucci suit cette tendance et nombre d’ouvrages consultés pour écrire son roman aborde ce thème (Femmes sous l’Occupation de Célia Bertin, Les Femmes de l’ombre d’Agnès Claverie ou Les Combattantes de l’ombre de Collins Weitz).

Ainsi, il montre que les femmes faisaient partie de la Résistance française à l’instar de Marguerite Gounod (Marthe Massenet en vrai), les sœurs Keller (Marise et Reine Hilsz) ou Solange Moutte (Suzanne Régis). Mais, elles faisaient également partie du SOE comme l’espionne Hélène Newman (Eliane Sophie Plewman) ou Vera Atkins qui a réellement existé. Cette dernière était assistante du responsable de la section française F en 1941 et en 1944, cheffe d’escadron de la WAAF (Force Féminine Auxiliaire de l’Aviation) au sein de la Royal Air Force. Tout comme dans le roman, elle est partie en Allemagne après la Guerre afin d’enquêter sur le sort des agents de la section F disparus en terrain ennemi.

En conclusion, ma lecture de N’oublie pas de te souvenir a été des plus agréables en raison d’une plume fluide et d’un contexte historique solidement documenté. Jean Contrucci arrive parfaitement bien à recréer l’ambiance de Marseille sous l’Occupation allemande. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, il s’inspire de faits réels notamment pour ses personnages ou pour des évènements. Enfin, il met en valeur la présence de femmes autant présentes au sein du réseau de résistance française Junkman que dans le SOE anglais. Bref, un ouvrage que je recommande!

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