Quatrième de couverture :
La fantasy, ou « l’histoire-fiction » ? Ce livre rassemble les actes du premier colloque universitaire organisé dans le cadre du Festival des Imaginales, entièrement consacré à la fantasy sous l’angle de ses rapports avec l’Histoire. Seize articles de spécialistes s’intéressent aussi bien aux romans (Eddison, Tolkien, Le Guin, Rowling) qu’aux formes audiovisuelles ou encore au vaste domaine des jeux de rôle et des reconstitutions historiques.
Erudit mais très accessible, il donne un éclairage nouveau sur ce genre, actualisant sa place dans les littératures de l’imaginaire.
Editeur : ActuSF
Nombre de pages : 438
Prix : 24,90€
Date de publication : 16 Mai 2018
Mon Avis :
Avec une devise de blog « À la croisée de l’Histoire et de l’Imaginaire », je ne pouvais certainement pas passer à côté de ce recueil d’articles! Je me le suis donc procurée le premier jour des Imaginales 2019 (j’ai bien fait car le stock a été apparemment vite épuisé!) et j’ai réussi à voir Anne Besson en coup de vent pour me le faire dédicacer! Un grand merci à elle pour sa disponibilité.
De plus, je tenais à lire ce recueil car j’avais particulièrement apprécié les interventions d’Anne Besson dans l’excellent MOOC (Cours d’enseignement diffusé sur internet), Fantasy de l’Angleterre victorienne à Game of Thrones retransmis sur la plateforme FunMooc.
Fantasy & Histoire(s) est un recueil d’articles scientifiques et spécialisés sur les Littératures de l’Imaginaire. Il a été rédigé à l’issue du Colloque qui s’est tenu l’année dernière pour la première fois, aux Imaginales 2018, à Epinal et qui sera reconduit chaque année paire. Le recueil est divisé en quatre parties :
- Une préface d’Anne Besson, universitaire et spécialiste des Littératures de l’Imaginaire à l’Université d’Artois.
- Un compte-rendu d’une table ronde menée en 2018 par la directrice des Imaginales, Stéphanie Nicot et qui a fait intervenir cinq auteurs de Fantasy historique : Fabien Cerutti, Jean-Laurent Del Socorro, Estelle Faye, Jean-Philippe Jaworski et Johan Héliot. D’ailleurs, je vous renvoye à mon propre compte-rendu sur le même sujet pour la session 2019.
- Seize articles scientifiques issus du Colloque 2018 subdivisés en quatre thèmes :
– Pensées de l’Histoire en Fantasy
– Des univers inscrits dans le temps
– La Fantasy, revanche des oubliés de l’Histoire?
– Histoire et Imaginaire en jeu. - Une présentation de chaque intervenant.
Une méthode scientifique rigoureuse…
Pour en revenir au dit-recueil, cela faisait longtemps que je n’avais pas lu d’actes d’un colloque (cela doit remonter à mes études d’Histoire d’ailleurs!) mais la méthode employée n’a pas changé : des spécialistes (pour la majorité des universitaires spécialisés en Littérature, Histoire, Sociologie, Langue, etc…) présentent oralement leur travaux de recherche répondant à la thématique générale du colloque. Retranscrits dans un recueil, les actes possèdent chacun environ une vingtaine de pages et répondent à une problématique posée en introduction. Leur réflexion s’articulent sur plusieurs parties (voire sous-parties) et s’appuient sur des sources variées (des romans appartenant aux Littératures de l’Imaginaire, des films, des jeux de rôle ou des pratiques culturelles comme la reconstitution de combats historiques) pour étayer leur propos. Une bibliographie exhaustive clôt chaque article et présente les sources mais aussi les ouvrages spécialisés utilisés pour la réflexion et la rédaction.
…pour l’Histoire comme matériau de la fiction…
A l’heure actuelle, la Fantasy historique ainsi que l’uchronie sont deux genres des Littératures de l’Imaginaire à la mode. Or, les liens entre Histoire avec un grand H et l’histoire en tant que fiction comme le montre le titre de l’ouvrage Histoire(s) sont depuis très longtemps entremêlés. Les écrivains s’inspireraient donc régulièrement l’Histoire comme matériau pour construire leur récit. Dans l’interview présente au début de l’ouvrage, Jean-Philippe Jaworski fait part à Stéphanie Nicot de la réflexion suivante pour qualifier son travail d’écrivain :
J’ai donc une démarche très paradoxale : ma série est très documentée historiquemement, mais en en fait, je pille l’histoire au service de la fiction. (P. 47)
Cette formule est d’ailleurs reprise par Johan Héliot à la fin de la Table-ronde :
Nous sommes des pilleurs d’histoire. Dans les deux sens du mot histoire! (P. 48)
Dans l’article d’Isabelle Pantin, « L’Histoire au miroir de la légende dans l’oeuvre de Tolkien », elle montre que l’auteur britannique avait construit tout un univers avec une Histoire et la chronologie des évènements (L’Histoire de la Terre du Milieu). Il disait lui-même qu’il s’inspirait de notre Histoire pour composer son récit, un peu à la manière d’une « soupe » :
Par la « soupe », moi j’entends le conte tel qu’il est servi par son auteur ou son narrateur, et par les « os », ses sources ou matériaux. (P. 112) Citation de Tolkien.
L’auteur du Seigneur des Anneaux se voyait donc lié à la fois à la Fantasy et à l’Histoire. Il était le créateur d’un monde imaginaire intimement lié à notre monde, mais ne pouvait viser à reconstituer aucune époque précise puisqu’il était un « cuisinier » appelé à choisir ses ingrédients dans le « pot » où mijotaient les éléments divers qui y étaient tombés au cours du temps. (P. 115)
… et une inter-disciplinarité qui apporte un nouvel éclairage.
Cette inter-disciplinarité se retrouve à travers la spécialité des différents intervenants : ainsi historiens comme Maureen Attali ou Florian Besson et experts en Littérature comme Justine Breton ou Isabelle Pantin se côtoient. Ils démontrent ainsi que certains romans peuvent avoir plusieurs niveaux de lecture et la connaissance de l’Histoire peut alors s’avérer être utile pour apporter un nouvel éclairage à ces textes. Je prendrais ainsi l’exemple de l’article de Silène Edgar, « L’Histoire dans l’histoire : chasse aux sorcières, contestation sociale et anti-fascisme dans Harry Potter ». Elle démontre en effet que le racisme ressenti par les sorciers à l’encontre des moldus ou des sangs-mêlés est une référence directe (et une dénonciation) à l’idéologie nazie selon laquelle les Juifs, les Tziganes ou les homosexuels seraient jugés inférieurs à la race aryenne. Lors de ma chronique des Contes de Beedle le Barde, je vous avais d’ailleurs fait part de la même analyse.
En conclusion, le recueil des actes du Colloque des Imaginales 2018, Fantasy et Histoire(s) est un ouvrage érudit et rigoureux d’un point de vue scientifique. Si je n’ai pas accroché de manière uniforme à tous les articles (notamment dans les première et seconde parties plus théoriques), globalement ma lecture a été très intéressante et instructive car les articles proposent de nouvelles pistes de recherches inter-disciplinaires entre la Littérature de l’Imaginaire et l’Histoire.
Autres Avis :
Je vous conseille la lecture très exhaustive et instructive des Chroniques du Chroniqueurs. ainsi que celle d’Ombrebones.
Je l’ai lu pour mon mémoire, je ne m’attendais pas à le retrouver chroniqué sur un blog 😀
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Oh et qu’en as-tu pensé? Pour ma part, la thématique correspond pile poil à la devise de mon blog et à mes deux intérêts principaux : Littérature de l’Imaginaire et Histoire. Je ne pouvais pas passer à côté!
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Je l’ai surtout lu pour les articles sur l’uchronie et le steampunk, c’était très intéressant !
Mais oui, le sujet général m’intéressait beaucoup, et si j’ai le temps j’aimerais bien le réemprunter à ma bibliothèque pour le disséquer plus en détail ^^
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Merci pour le lien et le compliment, et content que l’ouvrage t’ait intéressée 🙂 !
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C’est mérité! Ton article est excellent, je n’ai donc pas voulu faire de redondances avec le tien en faisant la synthèse de tous les articles.
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Je vois ^^ ! Après une synthèse avec un autre point de vue est toujours intéressante, d’autant plus qu’en tant qu’historienne de formation, ta vision est sûrement différente. 🙂
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Je ne sais pas si j’ai vraiment réussi à le faire car au début, je ne comptais pas écrire de chronique dessus tant l’exercice me paraissait difficile. Bon finalement, je l’ai fait mais ce n’était pas évident. Toutefois, je pense que ta chronique, celle d’Ombrebones et la mienne se complètent bien car on n’aborde pas du tout l’ouvrage de la même manière. C’est vraiment drôle.
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Effectivement, ça prouve qu’il faut toujours voir plusieurs points de vue pour juger d’un ouvrage ^^ !
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Merci pour le lien 🙂 J’en garde un très bon souvenir et je l’avais trouvé vraiment accessible, c’était une de ses qualités selon moi.
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Avec plaisir. C’est vrai qu’il est très accessible mais je t’avoue qu’il y a 2-3 articles auxquels je n’ai pas trop accrochés.
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Ah oui ça moi aussi, ça dépend des thématiques et de ce qui nous intéresse sur un plan personnel aussi 🙂
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Il a l’air vraiment passionnant, ça me donne envie de le découvrir!
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Oui, hormis deux ou trois articles un peu ardus, j’en ai adoré d’autres comme celui sur le fascisme dans HP, les Orcs ou le Steampunk post-colonial. Dans tous les cas, je te conseille cette lecture si le sujet t’intéresse!
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Il attend sagement dans la PAL et ta chronique me donne envie de l’en sortir rapidement 😉
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Super ! Je suis contente !
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