Quatrième de couverture :
C’est la rentrée scolaire au collège Gustave-Caillebotte et Nawel angoisse à l’idée de se retrouver dans cet établissement huppé. Ses premiers jours en 6ème ne se passent pas très bien et une brume étrange et surnaturelle semble la suivre partout. Heureusement, une nouvelle élève nommée Nixi Turner arrive. Elle a l’air particulièrement féroce et les adultes ne peuvent pas la voir. Sa mission : chasser les monstres du collège !
Editeur : Le chat noir
Nombre de pages : 128
Prix : 10,00€
Date de publication : 9 Septembre 2019
#ISBN9782375681213
Mon Avis
Mon blog est partenaire pendant un an des éditions du Chat noir pour la collection des chatons hantés. Il s’agit de petits livres jeunesse destinés à des enfants ou pré-adolescents âgés de 9 à 12 ans et qui s’inscrivent dans les registres du gothique/fantastique/horreur. Avant de postuler au partenariat, j’avais déjà lu tous les titres publiés dans cette collection (excepté la saga de Nixi Turner) car j’avais été séduite non seulement par le format mais aussi par les dessins de Mina M et les thèmes abordés dans ces romans. D’ailleurs à ce jour, mon préféré de la collection est Effroyable Porcelaine de Vincent Tassy pour lequel j’avais eu un gros coup de coeur. Le premier tome de Nixi Turner (sur une saga qui en comptera cinq) ne se dépareille donc pas des autres romans et je remercie Alison et les éditions du Chat noir pour l’envoi des quatre premiers tomes.
Nawel est fébrile en cette veille de rentrée scolaire : excellente élève, ses parents lui ont donné toutes ses chances de réussir en l’inscrivant dans un lycée parisien côté plutôt que celui de Villejuif, en banlieue où elle réside. Mais la jeune fille a peur de se faire rejeter par ses camarades en raison de ses origines sociales modestes. Et la mystérieuse ombre qui l’entoure et la menace constamment ne la rassure guère. Malheureusement, les craintes de Nawel vont vite se concrétiser le jour de la rentrée et un certain Kylian débute une opération de harcèlement vite relayée par l’ensemble de la classe. Après sa première journée, la jeune fille bouleversée ne s’est pas rendue compte qu’une camarade étrange aux cheveux blanc du nom de Nixi Turner l’a suivi jusque chez elle…
Un roman fantastique…
Dans ce premier tome, Fabien Clavel reprend un personnage issu du folklore slave et russe bien connu : Baba Yaga. Il s’agit d’une vieille femme ne possédant qu’une seule jambe et vivant dans la forêt, dans une isba, sorte de petite cabane en bois aux pieds de poule. Baba Yaga sait se battre et tente de piéger des enfants pour les manger. Dans Nixi Turner, ces principaux éléments sont repris mais adaptés à l’environnement contemporain parisien. Ainsi, la vieille femme habite bien une isba mais dans un parc à côté du lycée et elle apparaît à Nawel sous une forme brumeuse tout d’abord puis se matérialise complètement au fur et à mesure du récit. En effet, Fabien Clavel renouvelle la représentation de Baba Yaga dans son roman en faisant de cette figure de conte, la métaphore de la rumeur. Cette rumeur qui enfle et prend de l’ampleur, isole et détruit la victime de harcèlement.
… qui dénonce les inégalités de l’Ecole Républicaine…
Fabien Clavel dénonce également à travers ce roman jeunesse les inégalités causées par la carte scolaire. Cette dernière instaurée dans les années 60 consiste à inscrire un élève dans l’établissement le plus proche du domicile. Les parents de Nawel sont d’origine immigrée et habitent la banlieue parisienne de Villejuif. Ils n’ont pas eu la chance de faire des études mais souhaite que leur fille réussisse socialement. Pour cela, ils ont alors décidé de tricher et de déclarer une fausse adresse sur Paris pour qu’elle puisse intégrer un meilleur établissement parisien. La répartition des élèves du lycée Gustave-Caillebotte n’est pas mixte et la plupart est issue de classes sociales favorisées. Ce sera cette différenciation sociale qui sera à l’origine du harcèlement de Nawel.
… et le harcèlement scolaire.
Le harcèlement scolaire est un des thèmes majeurs de ce roman. Et pour en avoir été victime au collège, je peux vous assurer que les mécanismes décrits par Fabien Clavel sont très justes. Deux personnages en sont victimes Hugo et Nawel. Cela débute par une moquerie sur le physique de la part de Kylian, relayée ensuite par le reste de la classe puis par d’autres élèves du collège. La rumeur prend le pas et les attaques répétées de manière quotidienne visent à isoler la victime et à lui faire perdre toute confiance en elle. C’est ainsi que les élèves ont repéré les points faibles de Nawel (celui de ses origines sociales modestes) ou d’Hugo (en le traitant d’intello). Leur but est évidemment de blesser et de démontrer leur soi-disante supériorité.
En revanche, là où le bât blesse, ce sont les solutions proposées par Fabien Clavel qui ont été un peu trop vite expédiées à mon goût à la fin du roman.
– Par exemple, il parle de la prévention sur le harcèlement : en parler avant, c’est très bien car cela peut libérer la parole et surtout faire comprendre à une potentielle victime qu’elle ne doit ni avoir honte, ni rester isolée dans le silence mais en parler. En revanche, dès que le harcèlement est installé, cette prévention n’a plus aucun effet à mon sens.
– L’autre solution est de prendre confiance en soi : Nawel répond alors à ses détracteurs en usant de l’ironie et de l’humour. Malheureusement, je vais être extrêmement pessimiste mais quand on est plongé dans une situation de harcèlement, il est extrêmement difficile de prendre du recul. Les attaques sont quotidiennes et je suis désolée de le dire mais l’unique solution est d’isoler la victime de ses agresseurs.
Pour ma part, le harcèlement s’est arrêté quand je suis partie au Lycée où j’ai pu tout recommencer à zéro. Quand on se fait harceler, je peux vous assurer que cela marque à vie et conditionne son rapport aux autres même encore à l’âge adulte.
Je citerais aussi un autre exemple : j’ai été surveillante dans un collège il y a dix ans et j’avais repéré un élève de 4ème, victime lui aussi de harcèlement. J’en ai évidemment tout de suite parlé à la CPE et j’ai essayé d’en discuter avec l’élève en question. Rien n’a bougé malgré mes signalements et ceux de la maman de l’élève. Tout s’est arrêté quand il a redoublé sa classe alors qu’il avait un très bon niveau scolaire.
En conclusion, j’ai beaucoup apprécié ce premier tome pour sa richesse et son double niveau de lecture. Si les enfants peuvent tout d’abord y voir un conte qui reprend le folklore slave et russe avec le personnage de Baba Yaga, d’autres thématiques peuvent également les concerner de près :
– celui des inégalités sociales marquées par l’instauration de la carte scolaire
– mais aussi celui du harcèlement qui est bien plus répandu que l’on pourrait le croire.
Ce roman a trouvé un écho dans mon passé et je dois le dire, il m’a un peu remué pour avoir vécu quelques situations décrites dans le récit. Dans tous les cas, je pense que c’est un roman qui pourrait être utilisé en classe pour aborder le harcèlement scolaire même si je suis un tout petit peu plus réservée sur les solutions apportées par l’auteur.
Autres avis :
Tomes suivants :
Je vais les lire bientôt, j’ai hâte de découvrir ces petits loulous ! ^^
Kin
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Première bonne impression en tout cas avec ce premier tome.
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Oui Kara les a beaucoup aimé tout les quatre !
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Bonne lecture à toi alors !
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merci 🙂
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Je suis d’accord avec toi, une fois que le harcèlement est installé, difficile de faire autre chose que de séparer la victime de ses harceleurs (c’est ce qui s’est aussi passé pour moi et mon frère).
En tout cas, ton avis attire l’attention sur ces petits romans (en plus de celui de Kara), ça me donne envie de tenter un de ces jours 🙂
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Oui, je te conseille vraiment cette collection. Sur tous les titres, il y en a un seul que je n’ai pas accroché. A propos du harcèlement, je me suis rendue compte en en discutant avec d’autres personnes que c’est quelque chose d’assez répandu et c’est assez effrayant. Parce que cela a d’énormes répercussions sur l’adulte que nous sommes aujourd’hui.
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Oui, c’est assez courant… Et j’ai mis des années à avancer face à cet événement. J’ai pu tourner la page de la colère mais je sais que ce vécu a beaucoup influencé la construction de la personne que je suis en effet. C’est effrayant c’est sur, avec la puissance des réseaux sociaux en plus, je n’imagine pas la difficulté pour les jeunes aujourd’hui….
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C’est clair ! A notre époque, une fois qu’on était rentrée à la maison, c’était un peu un refuge et on avait des coupures pendant le week-end ou les vacances. Mais, aujourd’hui, un élève est poursuivi aussi sur les RS, tout le temps. Du coup, ce doit être encore plus difficile de prendre du recul.
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Bonjour,
Je vous remercie de votre lecture et de vos remarques et réactions sur le livre. Je voulais juste apporter une précision sur les solutions proposées et leur source.
Comme vous vous en doutez, je ne suis pas spécialiste des problèmes de harcèlement. Je m’en suis remis à de la documentation, notamment « Le harcèlement scolaire en 100 questions » d’Emmanuelle Piquet (je ne retrouve plus l’autre titre que j’avais consulté sur le sujet).
Mon choix s’est porté sur cet ouvrage parce qu’il proposait des solutions issues de l’école de Palo Alto reposant sur les thérapies brèves (ce qui me permettait, outre l’intérêt que je porte à cette école, de les mettre en scène dans un roman assez court).
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Bonjour Fabien, merci d’être passé sur mon blog. Je vous remercie pour la citation de votre source. Je souhaiterais aussi vous poser une question par simple curiosité : pour écrire ce livre, vous avez lu des témoignages ou rencontré des personnes victimes de harcèlement?
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Je n’ai pas eu le temps, ni la possibilité de rencontrer des personnes victimes. Je me suis davantage penché sur des témoignages écrits, mais à travers le prisme de professionnels et de thérapeutes.
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Merci pour votre réponse.
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Très jolie chronique ! Je suis d’accord avec toi sur l’utilité de ces romans surtout dans un cadre scolaire, ça peut être une bonne porte d’entrée mais c’est certain que les solutions sont un peu faciles.. Après je pense que l’auteur a voulu donner un message d’espoir assez optimiste ce qui se comprend vu le public visé. C’est un choix ! Mais je me rappelle que j’avais eu la même réflexion que toi.
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Merci beaucoup. Effectivement, un enfant ou préadolescent n’aura probablement pas la même analyse ou ressenti que moi et je suis plutôt d’accord avec ce que tu dis.
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Merci pour le lien d’ailleurs 🙂
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Avec plaisir !
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Je le note pour mes élèves dans ce cas ! Les thématiques traitées sont en effet intéressantes à aborder avec eux. Merci ! 🙂
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Avec plaisir !
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