
Quatrième de couverture :
Imaginez que vous puissiez parcourir l’Empire romain au début du IIe siècle de notre ère, à l’époque de son expansion maximale, de la Germanie à l’Egypte et de la future Angleterre à la Mésopotamie ; que vous sympathisiez en chemin avec les personnages les plus divers, un serviteur ou l’empereur Trajan, un légionnaire ou un marchand, une patricienne ou une prostituée, et qu’ainsi vous exploriez la civilisation romaine dans toute la lumière de son génie comme dans ses zones d’ombre.
En vous invitant à suivre l’itinéraire d’une pièce de monnaie, Alberto Angela rend possible cette extraordinaire aventure. Frappé à Rome, le sesterce passera de main en main, de province en province – et qui sait s’il ne vous entraînera pas au-delà des frontières de l’Empire ?
Editeur : Petite biblio Payot – Histoire
Nombre de pages : 512
Prix : 9,90€
Date de publication : 2 Mai 2018
Mon Avis :
J’avais repéré sur Babélio la dernière parution d’Alberto Angela, Une journée dans la Rome Antique. Comme je ne connaissais pas l’auteur, j’ai plutôt tenté une de ses anciennes publications parue en livre de poche, Empire. Lorsque j’ai demandé à mon compagnon d’origine italienne s’il connaissait l’auteur, il m’a répondu qu’Alberto Angela était effectivement connu dans son pays pour avoir présenté pendant des années une émission télévisée de vulgarisation scientifique très qualitative avec son père. De formation paléontologue, Alberto Angela a écrit de nombreux ouvrages d’histoire dont certains sont traduits en français. Et pour ma part, je risque fortement de m’intéresser à ses autres publications car j’ai eu un énorme coup de coeur pour son ouvrage, Empire.
Nous sommes en 115 après Jésus-Christ, sous le règne de l’empereur Trajan. Et nous allons suivre pendant deux ans le parcours d’un sesterce qui va passer de main en main : de sa fabrication à Rome jusqu’aux confins de l’Empire Romain qui s’étend tout autour de la Méditerranée. Nous nous rendrons tout d’abord tout au nord en Bretagne (l’actuelle Angleterre) jusqu’au futur mur d’Hadrien puis au Nord-est jusqu’en Germanie (l’actuelle Allemagne) pour redescendre au Sud vers l’Italie, l’Ibèrie (l’actuelle Espagne), la Gaule Narbonnaise, l’Afrique du Nord, l’Egypte, l’Inde (et oui! Il y avait des comptoirs romains jusque là-bas!), l’Asie Mineure (l’actuelle Turquie), la Grèce et enfin, retour à Rome. Pendant son périple, le sesterce va rencontrer des personnes de toutes conditions sociales (allant du soldat au fonctionnaire, du marchand au mendiant, au joueur invétéré au simple quidam qui va prendre son repas dans une popina, sorte de petite boutique où l’on pouvait manger sur le pouce). Et il fréquentera des lieux aussi divers que variés allanti au Grand Cirque, aux thermes, dans une caserne militaire, sur un bateau qui traverse la Méditerranée, etc… Bref, notre sesterce va faire voyager le lecteur dans le temps et l’espace.
L’empire Romain comme si vous y étiez…
Ce qui m’a frappé dès les premières pages de cet ouvrage, c’est la manière avec laquelle l’auteur entraîne son lecteur. J’ai été immédiatement happée : en cause, un style d’écriture très romanesque qui permet au lecteur de complètement s’immerger dans le récit et cela change beaucoup par rapport aux ouvrages d’histoire plus désincarnés.
Alberto Angela nous fait suivre le quotidien des possesseurs du sesterce et nous fait voir l’Empire Romain à travers leurs sens : l’auteur décrit ainsi avec précision les sons, les odeurs mais aussi leurs visions (au travers des paysages de l’époque, l’architecture des villes et des bâtiments, les infrastructures) et leur état d’esprit (les mœurs, les croyances, les us et coutumes, etc…).
La plupart du temps, il base son récit sur des faits ou des personnages ayant réellement existé et dont on connaît le nom ou un détail de leur vie au travers de restes archéologiques (comme le squelette de cet enfant découvert aux environs de Rome et opéré par un chirurgien), d’inscriptions sur une stèle funéraire (Florenza, une jeune fille de 16 ans tuée par son mari), une correspondance (l’épouse d’un commandant de fort, Sulpicia qui invite la femme de Cerialis, le commandant du fort de Vindolanda, en Bretagne pour son anniversaire), une bague offerte à son épouse (comme Eutychius), etc… Cela m’a d’ailleurs fait penser à un autre roman que j’avais lu, il y a quelques temps : Dix rêves de pierre de Blandine Le Caillet qui avait imaginé la vie de dix Romains d’après l’inscription retrouvée sur leur stèle funéraire. Alberto Angela utilise le même principe dans son ouvrage. Bien entendu, il se permet quelques libertés mais cela permet aussi au lecteur de ressentir beaucoup d’empathie vis à vis des personnages fréquentés comme le joueur qui a misé sa dernière fortune sur une course de cheval au Circus Maximus à Rome ou cette musicienne sauvée d’un naufrage en Afrique du Nord. L’immersion est donc totale.
… et avec sérieux
L’ouvrage d’Alberto Angela s’adresse à tous les lecteurs quelque soit son bagage culturel en Histoire Romaine :
- aux néophytes : il fait régulièrement des parallèles entre notre société actuelle et la société romaine. Pour ma part, je ne suis pas très fan de cette méthode car cela peut s’avérer un peu anachronique parfois mais si cela peut aider un lecteur non confirmé de se projeter, pourquoi pas?
- aux confirmés : comme vous le savez, j’ai étudié l’Histoire en me spécialisant dans la période romaine. Cela fait un moment que j’ai arrêté mes études (en 2008) et j’avais peur d’avoir un peu oublié. Finalement non, les connaissances restent. Toutefois, je ne me suis absolument pas ennuyée pendant ma lecture. Au contraire, j’ai appris de nombreuses choses. Par exemple, je ne connaissais pas le site de Vindolanda. Il s’agissait d’un ancien fort romain situé au Nord de l’Angleterre et où l’on a retrouvé plus de 2000 chaussures romaines et la correspondance du commandant du fort. Je ne savais pas non plus que les colonnes ou chapiteaux étaient fabriqués en série dans les carrières : ils étaient ainsi dégrossies rapidement puis envoyés dans tout l’Empire sur un lieu de construction. Là, des sculpteurs finissaient le travail en sculptant les motifs voulus. Idem pour les sarcophages dont un bord était plus épais que l’autre car il contenait le couvercle!
A chaque chapitre (basé sur un lieu géographique), l’auteur s’attarde sur une thématique en particulier. Et il le fait à la manière d’un témoin contemporain qui décrirait avec précision ce à quoi il est en train d’assister. Par exemple, à Rimini, il décrit le cabinet d’un médecin et l’opération que subit l’enfant avec une malformation. Ou à Rome, il dépeint de manière exhaustive une course de chevaux dans le Circus Maximus. Pour cela, il s’appuie soit sur des sources littéraires comme les traités médicaux de Galien pour l’opération ou sur les récits de Juvénal ou Pline l’Ancien pour les courses de chevaux, archéologique (les restes du Circus Maximus) ou épigraphiques (les stèles des auriges – conducteurs de chars- qui dénombrent par exemple leur victoire) et sur les travaux des archéologues et historiens actuels.
En conclusion, Empire est un excellent ouvrage de vulgarisation en Histoire Romaine : non seulement, il est très agréable à lire par son côté romanesque qui permet au lecteur non seulement de bien s’immerger dans la période mais aussi d’éprouver de l’empathie pour les personnages rencontrés. Mais, il permet aussi de compléter ses connaissances que l’on soit néophyte ou lecteur confirmé grâce à un travail sérieux qui s’appuye autant sur des sources historiques que sur des travaux d’archéologues et d’historiens contemporains. Pour ma part, c’est un coup de coeur! Et le mois prochain, je vais acquérir les autres ouvrages traduits en français : Cléopâtre, Les trois jours de Pompéi et Une journée de la Rome Antique.
Bon ben banco alors. Il ne va pas tarder à rejoindre ma bibli.
Le Blandine le Callet a l’air sympa aussi
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Super pour Empire. Oui et en plus celui de Blandine le Collet est sorti en poche. Je l’avais trouvé à la bibliothèque à l’époque mais je pense que je vais me l’acheter pour le relire.
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C’est un ouvrage que j’avais repéré mais je craignais un peu qu’il s’adresse essentiellement aux néophytes en matière d’histoire romaine. Si malgré ton solide bagage cette lecture t’a appris plein de choses, je me dis que ça pourrait être mon cas également… Bref, merci pour cette critique qui fait remonter ce livre dans ma longue liste des « à lire un de ces jours ».
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J’avais aussi cette appréhension au début et finalement, j’étais contente. Pour celui qui se déroule à Rome, c’est pile poil mon sujet de mémoire de maitrise mais je vais tenter quand même.
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