Les voyages d’Ibn Battûta d’Alessandra et Akalay

Quatrième de couverture : 

Entre 1325 et 1349, Ibn Battûta a parcouru 120 000 kilomètres et visité 43 pays. De son Tanger natal à la chinoise Quanzhou, de la perle du sud Tombouctou jusqu’au nord de la Volga, de l’Egypte à l’Espagne, des Indes aux Maldives, Ibn Battûta découvre la totalité du monde musulman, dans son humanité commune mais aussi dans ses différences coutumières. Rentré au Maroc, il raconte son périple au poète Ibn Juzayy qui le transforme en livre dont les centaines de pages resteront dans l’histoire de la littérature de voyage sous le titre de Rihla.
Quelques siècles plus tard, l’écrivain tangerois Lotfi Akalay décide de débroussailler ce texte foisonnant pour en tirer une version moderne et rendre ainsi lisible au lecteur du troisième millénaire les aventures du  » premier touriste du monde « .

Editeur : Aire Libre

Nombre de pages : 233

Prix : 29,90€

Date de publication : 26 Juin 2020

Mon Avis : 

C’est en passant devant la vitrine de ma seconde librairie grenobloise préférée que j’ai vu cette bande dessinée exposée. J’ai tout de suite été attirée par la couverture peinte à l’aquarelle avec de belles couleurs chatoyantes. Je me suis donc remémorée le titre de la-dite bande dessinée et sitôt rentrée à la maison, j’ai découvert qu’il s’agissait de l’adaptation d’un vrai récit de voyage du XIVème siècle. Adorant la période mais n’étant pas très au fait des évènements déroulés dans le monde arabe, j’ai donc décidé de l’acquérir pour le plus grand plaisir des yeux.

Le récit des quatre voyages effectués par Ibn Battuta entre 1325 et 1349 a été retranscrit par le poète Ibn Juzayy al-Kalbi sous le nom de Rihla qui signifie « voyages » en arabe. Au XXème siècle, l’écrivain Lofti Akalay reprend alors le récit d’Ibn Battuta et le retranscrit dans une version plus moderne et intelligible : Ibn Battuta, prince des voyageurs paru en 1998. C’est cette dernière version qui est adaptée en bande dessinée par Joël Alessandra.

Les voyages d’un pèlerin berbère…

Ibn Battuta a 21 ans lorsqu’il décide de quitter sa ville natale de Tanger pour effectuer un pèlerinage à la Mecque, une obligation selon les cinq piliers de l’Islam. Il part donc en 1325 en se joignant à une caravane de commerçants. S’il arrive bien à destination, le jeune homme ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : au terme d’un voyage de 24 ans et au bout duquel il rentrera chez lui, il aura effectué plus de 120000 kilomètres sur trois continents, dépassant largement les frontières du monde musulman du XIVème siècle.

Carte des Voyages d’Ibn Battûta (p. 8-9)
  • De 1325 à 1327 : Il part de Tanger, parcourt l’Afrique du Nord jusqu’en Arabie pour se rendre à La Mecque.
  • De 1330 à 1332 : Il se dirige vers le sud de l’Arabie et prend la mer pour atteindre les côtes est de l’Afrique et descend jusqu’à Kilwa, en actuelle Tanzanie.
  • De 1332 à 1346 : Il effectue son plus long voyage en partant de Constantinople pour se rendre en Asie en passant par l’Inde, les îles de Sumatra et atteindre son objectif en Chine.
  • De 1349 à 1353 : Il retourne dans son pays d’origine et poursuit plus au sud du continent africain, au Mali actuel. (Tombouctou, Bamako)

… controversés…

La Rihla d’Ibn Battûta m’a beaucoup fait penser à d’autres récits de voyage contemporains comme le Devisement du monde de Marco Polo (1254-1324) ou Le livre des merveilles du monde de Jean de Mandeville (1300-1372) sur lesquels des historiens ont également eu des doutes quant à la véracité du témoignage et au fait que les auteurs aient réellement effectué ces voyages. Ibn Battûta n’échappe donc pas à la règle.
En effet, ces trois voyageurs ont intégré dans leur récit des anecdotes de nature fantastique soit « vues de leurs yeux », soit rapportées par d’autres personnes rencontrées au cours du périple. Dans la bande dessinée, ce sont le poète Ibn Juzayy al-Kalbi et le prince Abou Inân qui mettent en doute la véracité du récit d’Ibn Battûta. Et les anecdotes un peu farfelues sont signalées dans la bande dessinée par un code de couleur différent (sable/noir/blanc) par rapport aux autres dessins aux couleurs plus chatoyantes (Rouge/bleu/vert/sépia).

Anecdote « controversée » retranscrite avec un code couleur différent (p. 38-39)

mais retranscrits par de magnifiques dessins

Il a fallu sept ans à Joël Alessandra pour effectuer des recherches et finaliser tous les dessins de cette bande dessinée de 233 pages. Honnêtement, je ne peux pas vraiment dire s’ils correspondent à la réalité du monde musulman du XIVème siècle ne connaissant pas assez le sujet. En revanche, tout ce que je peux dire, c’est que j’ai été séduite par toutes les aquarelles qui invitent non seulement au voyage mais aussi à la contemplation. Un vrai plaisir des yeux!

Dessin de Joël Alessandra (p. 88-89)

En conclusion, l’adaptation en bande dessinée de la Rihla d’Ibn Battûta elle-même retranscrite en une version plus moderne par Lofti Akalay au XXème siècle est une véritable réussite. Les dessins, fruits de sept années de travail de la part de Joël Alessandra, sont magnifiques et invitent au voyage et à la contemplation. Quant au récit proprement dit, s’il peut parfois être répétitif, il n’en demeure pas moins intéressant. J’ai beaucoup apprécié aussi que les auteurs prennent du recul par rapport au récit du voyageur en mettant en exergue ses anecdotes plus « controversées ». Bref, Noël arrive bientôt et cette bande dessinée peut être un joli cadeau à offrir ou se faire offrir.

6 réflexions sur “Les voyages d’Ibn Battûta d’Alessandra et Akalay

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