Vilain chien de Morgane Caussarieu

Quatrième de couverture : 

Zachary, dix ans, vit seul avec sa mère au milieu de la forêt canadienne, au Québec. Son père est mort récemment dans un accident de chasse et le petit garçon ne peut accepter sa disparition. Il est persuadé que son papa est encore là, quelque part.Le soir d’Halloween, un homme inquiétant fait don à Zachary d’un adorable petit chien de chasse. Un chiot au regard plus que troublant. Un chiot au comportement étrange…

Editeur : Le chat noir – Collection des chatons hantés

Nombre de pages : 140

Prix : 10,00€

Date de publication : 14 Octobre 2020

Mon Avis : 

Vilain chien est le dernier titre de l’année à paraître dans la collection des Chatons Hantés, chez le Chat noir que je remercie au passage pour me l’avoir envoyé en Service Presse. J’avoue que j’étais assez curieuse de le découvrir car je ne connaissais pas le style d’écriture de Morgane Caussarieu malgré les chroniques positives sur ses autres romans (notamment Rouge Toxic) sur la blogosphère. J’avais entrecroisé l’autrice à la Convention de Science Fiction à Grenoble, en 2017 ou aux Grésimaginaires sans avoir oser franchir le pas. Aujourd’hui, c’est chose faite et je ne regrette pas de l’avoir lu, bien au contraire.

Au Québec, Zachary est un petit garçon de dix ans qui vit seul avec sa mère dans une ferme retirée à la lisière de la forêt. Son père, un chasseur aguerri, est mort il y a quelques mois et son fils ne pouvant se résoudre à sa disparition, a bien du mal à faire son deuil. Il est en effet persuadé que son père va revenir à la maison.
Le soir d’Halloween, Zachary décide de se déguiser en fantôme et de partir voir ses voisins pour leur demander des bonbons. Mais, Monsieur T. qui habite à trois cent mètres de chez lui, au lieu de lui offrir des friandises, va lui faire un bien étrange cadeau : un petit chiot! Si Zachary est un peu dubitatif, l’animal prénommé Halloween va pourtant bien trouver sa place au sein de son nouveau foyer…

Un roman fantastique, …

Vilain Chien s’inscrit dans le registre du Fantastique et pour cela, l’autrice reprend de manière subtile les codes du genre. Ainsi, le lecteur ne sait jamais si les éléments surnaturels sont ancrés dans la réalité ou s’ils sont issus de l’imagination du personnage principal.

  • Je citerais ainsi l’exemple de l’épouvantail. La famille de Zachary vivant essentiellement des fruits de leur jardin, ils doivent alors protéger leur récolte de la rapacité des oiseaux. Le père avait donc fabriquer un épouvantail avec ses vêtements et un sac de pomme de terre en guise de tête. Or, le soir d’Halloween, Zachary a vraiment le sentiment de voir son père perché à la place de l’épouvantail : l’a-t’il vraiment vu ou l’a-t’il imaginé? Quoiqu’il en soit, lorsqu’il revient paniqué dans le jardin avec sa mère, c’est bien un pantin qui est accroché.
  • Le second élément fantastique qui navigue entre imaginaire et réalité est le chien Halloween. Je n’en dirai pas plus pour ne pas dévoiler une partie de l’intrigue mais je trouve que la (très belle!) couverture de Mina M. en montre un peu trop. Étant adulte, j’ai deviné les tenants et aboutissants de l’histoire mais il est moins probable qu’un enfant de dix ans, cible de la collection, en fasse autant.

… de qualité …

Dès les premières pages du livre, j’ai immédiatement accroché au style d’écriture original de Morgane Caussarieu. Les phrases sont courtes, percutantes et imagées. De plus, les dialogues sont également émaillés d’expressions typiquement québécoises et sont mises en exergue en italique pour bien montrer au lecteur qu’il ne s’agit pas de fautes mais bien d’un autre langage. Pour ma part, hormis le chum (petit-ami) ou tabarnak (qui est un juron), je ne connaissais pas les autres expressions. J’ai trouvé que ce vocabulaire donnait une plus-value au texte et permettait au lecteur de s’immerger dans une ambiance que l’on pourrait qualifier d’exotique pour nous autres, Européens.

Enfin, que serait la collection des Chatons Hantés sans les magnifiques dessins de Mina M. qui accompagnent le texte de Morgane Caussarieu? Si un détail de la couverture en dévoile un peu trop à mon goût, les illustrations à l’intérieur du roman sont toujours très bien assorties à l’intrigue et participent à l’ambiance : mère endeuillée, voisin inquiétant, animaux exotiques (couguar, orignal, etc…).

… qui traite de nombreuses thématiques.

Enfin, le roman Vilain chien est également l’occasion d’aborder de nombreuses thématiques :

  • Zachary est marqué par l’éducation de son père et a reçu de sa part de nombreuses injonctions masculinistes notamment « un garçon ne doit pas pleurer », « il doit être fort », « il doit aimer la chasse et les armes », « il ne doit pas hésiter à donner la mort à un gibier», etc… Or, le petit garçon est sensible et n’a pas le goût pour la passion de son père. Il a donc le sentiment de le trahir et de l’avoir déçu juste quelques jours avant sa mort, en ne réussissant pas à abattre un orignal dans la forêt. Ce sont ces injonctions qui finalement l’empêchent de faire son deuil.
  • Or, parmi les principales étapes du deuil (Choc, déni, colère, tristesse, résignation, acceptation et reconstruction) Zachary en est resté au stade du déni tandis que sa mère en est à celui de la tristesse. Le petit garçon n’arrive pas à accepter la mort de son père et pense qu’il va revenir à la maison d’un jour à l’autre. Par exemple, il n’arrive pas à se séparer du fusil de son père alors même qu’il sait qu’il n’aime pas la chasse et ne l’utilisera pas. C’est à ce moment-là que l’arrivée du chiot Halloween va changer beaucoup de choses et va permettre à la famille d’avancer dans les étapes du deuil.
  • Autre figure paternel du roman, son voisin Monsieur T. qui finalement va lui inculquer de nouvelles valeurs moins toxiques comme le respect de la Nature et de toute Vie. Je ne développerai pas volontairement pour ne pas dévoiler une partie de l’intrigue.

En conclusion, Vilain Chien est un des meilleurs romans de la collection des Chatons Hantés du Chat noir avec ceux de Vincent Tassy et de Pascaline Nolot. S’inscrivant de manière subtile dans le registre du Fantastique, il possède un certain nombre de qualités dont un très beau style d’écriture très imagée, une ambiance exotique (pour nous Européens) et de très belles illustrations de Mina M. Surtout, le récit est intelligent et permet de traiter de belles thématiques comme le deuil, la masculinité toxique ou le respect de la Nature. Bref, je vous le conseille!

Autres avis : 

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9 commentaires

  1. Merci pour le lien 🙂 Personnellement je suis la carrière de l’autrice depuis un moment déjà et j’ai lu tous ses romans, que ce soit ceux de l’imaginaire ou de littérature blanche. J’aime énormément son travail mais j’étais sceptique de la voir arriver en jeunesse car jusqu’ici, clairement, elle écrivait de l’adulte. Je trouve le passage de l’un à l’autre hyper réussi ! Ce roman a été une très belle surprise pour moi.

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  2. bon, tu viens de me convaincre. J’ai uen question.
    Nous avons perdu cette année notre compagnon canin, et cela a laissé beaucoup de traces dans la famille et surtout pour ma fille. Je le pense idéal pour elle avec cette thématique deuil, alors?

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    • Je t’avoue que je suis bien embêtée car je ne sais pas si ma réponse sera adéquate. Le deuil dans le roman concerne un humain et le chien permet au fils et à sa mère de surmonter cette épreuve. L’animal joue donc un rôle positif même s’il n’est pas complètement accepté par le garçon au début du roman. Ce dernier n’est d’ailleurs pas forcément gentil avec le chien. Même si évidemment, la relation évolue. Bref, je ne sais pas si j’ai été claire.

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