Le Fantastique au Moyen Age de Samuel Sadaune

Quatrième de couverture : 

L’imaginaire médiéval ne cesse d’alimenter le nôtre, à travers les personnages fabuleux des contes et de la littérature fantasy (Le Seigneur des Anneaux, Excalibur, Harry Potter…). Quels étaient les rêves et les peurs de ces hommes, qui n’ont cessé de peupler leurs récits de diables, de monstres, de fées et de Pays de Cocagne ? Ce livre, à l’iconographie somptueuse, part aux sources des forces créatrices de cette époque fascinante, à travers trois thèmes producteurs de « fantastique » – ou plutôt de Merveilleux : l’Au-delà terrifiant, l’Ailleurs inconnu et l’Autre monstrueux.

Editeur : Ouest France

Nombre de pages : 144

Prix : 15,50€

Date de publication : 25 Mars 2016

Mon Avis : 

Cela faisait un petit moment que j’avais Le Fantastique au Moyen Age dans ma PAL, quatre ans pour tout vous dire! En général, je trouve les ouvrages de la collection Histoire des éditions Ouest France dans les librairies des musées. Celui sur le Fantastique, je l’avais donc acheté au Palais des Papes en Avignon, en 2016. Et il était temps que je le sorte car je souhaiterais également lire dans l’année, Bestiaires du Moyen Age de Michel Pastoureau. Du coup, les deux pourraient formidablement bien se compléter.

Qu’est-ce que le « Fantastique » au Moyen Age?

Le Fantastique constitue un genre de la littérature de l’Imaginaire et ce concept tel qu’il apparaît aujourd’hui, a été inventé au XIXème siècle. Il désigne alors un récit qui se déroule dans notre monde réel et cartésien mais dans lequel survient un évènement surnaturel et caché au grand commun des mortels. Toutefois, cet évènement peut également être sujet à une double interprétation : soit il a réellement eu lieu, soit il est le fruit de l’imagination d’un personnage.

Au Moyen Age, cette notion est un peu différente : le terme « fantastique » n’existe pas encore, on parle plutôt de « merveille » ou de « merveilleux ». Il est utilisé pour combattre des peurs, expliquer quelque chose de surnaturel ou combler des lacunes liées à l’inconnu.

Le Merveilleux des médiévaux trouve ses origines dans plusieurs sources :

  • Dans la mythologie gréco-latine. Et quelques mythes vont particulièrement inspirer les médiévaux : Jason et les Argonautes avec la quête de la Toison d’or, Hercule et ses douze travaux, l’épopée mi-réelle, mi-mythique d’Alexandre le Grand qui aurait rencontré les Amazones et les Métamorphoses d’Ovide.
  • Dans la Bible.
  • Dans les traditions nordiques : notamment par la présence des Walkyries que les médiévaux rapprochent des Amazones ou les Elfes, les Nains et les Fées.

Une typologie du Merveilleux

L’Au-delà.

La mentalité et les croyances médiévales sont très fortement influencées par la religion et les textes de la Bible que ce soit l’Ancien Testament (Le livre de Job) ou le Nouveau Testament (L’Apocalypse). La vie sur Terre est alors considérée comme une étape à partir de laquelle le comportement et les actions d’un individu vont déterminer sa place après sa mort : soit il brûlera dans les flammes de l’Enfer s’il a commis des péchés, soit au contraire il atteindra le Salut au Paradis s’il a été vertueux. Entre les deux, le Purgatoire est un entre-deux dans laquelle son âme patientera en attendant que les prières du vivant veuillent bien intercéder en sa faveur.

Cette géographie de l’Au-delà est peuplée :

  • L’Enfer dirigé par le Diable, accueille les âmes des damnés qui seront soumis à des tourments éternels exécutés par des monstres et des démons.
  • Le Paradis revêtira l’aspect d’un jardin dans lequel les âmes ayant atteint le Salut, cohabiteront avec les anges et les Saints.
  • Les Fantômes ou comme leur nom l’indique, les Revenants échappent à cette géographie. Il s’agit d’âmes de défunts qui reviennent parmi les vivants pour plusieurs raisons : soit, ils sont morts prématurément et n’ont pas pu mettre leur vie en ordre avant de partir, soit ils n’ont pas reçu les derniers sacrements comme les suicidés.

L’Ailleurs.

Avant les Grandes Découvertes du XVème siècle, une grande partie du Monde demeure encore inconnue aux médiévaux (seuls l’Europe, une partie de l’Afrique et de l’Asie sont connues, ce que l’on appelle l’Oekoumène). Ils fantasment alors sur ces territoires inexplorés et comblent leur méconnaissance par la présence de créatures ou de royaumes imaginaires (tels que les Amazones, le Royaume du Prêtre Jean, le Pays de Cocagne, des îles enchantés comme Avalon, etc…).

Il est assez difficile de prouver que les médiévaux ont réellement cru à ces manifestations surnaturelles mais l’on sait que les voyageurs Ibn Battûta dans ses Voyages ou Marco Polo dans son Livre des Merveilles en ont incorporé dans leur texte.

Il peut y avoir deux explications à cela :

  • soit, ils ont été dépaysés par ce qu’ils ont vu et ont essayé de se raccrocher à ce qu’ils croyaient connaître déjà (Marco Polo dit avoir vu des licornes mais il pourrait s’agir de rhinocéros).
  • soit ils ont rajouté des éléments merveilleux afin de coller à l’imaginaire de leur contemporain et ainsi apparaître crédible à leurs yeux.

Étant donné l’idée que l’on se fait des territoires hors de l’oekoumène, le public attend de ces récits un catalogue de merveilles, des énumérations de monstres, de lieux insolites, de comportements transgressifs et de sociétés inversées. L’idée qu’il puisse en être autrement paraît si inconcevable que les « vrais » voyageurs vont se sentir obligés d’amplifier, d’exagérer des phénomènes dont ils ont été témoins, sous crainte qu’on les accuse de n’avoir jamais traversé ces pays. (P. 78-79)

L’Autre.

Ce dernier prend souvent l’aspect d’un monstre hybride ou anthropomorphique : il est celui qui ne correspond pas à la norme et il est considéré comme la preuve d’une manifestation divine (le mot « monstre » provient du latin monere qui signifie « avertir »). Il peut prendre différentes formes comme les sirènes, les géants, les gnomes, les lutins, les elfes, les fées ou les sorcières.

A cette même époque, apparaissent les fameux bestiaires dans lesquels des fables mettaient en scène des créatures imaginaires et à partir desquelles, on pouvait en tirer un enseignement ou une morale. Dans ces bestiaires, trois types de créatures dominent :

  • L’anthropomorphe comme le centaure (mi-homme, mi-cheval).
  • L’animal au nombre de membres élargi comme l’hydre (sorte de dragon à plusieurs têtes).
  • L’animal hybride comme la licorne mélange de cheval/chèvre/biche/gazelle avec une longue corne torsadée sur le front (je vous renvoye à l’ouvrage Les secrets de la licorne de Michel Pastoureau), le griffon (corps de lion, tête, aile et serre d’aigle) et le dragon (sorte de grand serpent doté de pattes et d’ailes, souvent associé au Diable).

Mon avis sur l’ouvrage Le fantastique au Moyen Age de Samuel Sadaune

J’adore cette collection Histoire chez Ouest France, tellement que je possède plusieurs ouvrages comme La vie des femmes au Moyen Age de Sophie Cassagnes-Brouquet déjà lu ou ceux sur La passion du livre au Moyen Age et Les métiers au Moyen Age de la même autrice ainsi que Inventions et découvertes au Moyen Age dans le monde de Samuel Sadaune, également dans ma PAL. Dans le cas de l’ouvrage Le fantastique au Moyen Age, les propos sont clairs et bien documentés (j’ai d’ailleurs suivi le plan de l’auteur pour vous résumer l’ouvrage dans les deux parties précédentes). L’iconographie médiévale imprimée en couleur sur papier glacé est également très riche et diversifiée. Seul petit bémol, la reliure est tellement serrée qu’il est parfois assez difficile de lire le texte près de la tranche ou d’appréhender en entier les dessins sur deux pages.

15 réflexions sur “Le Fantastique au Moyen Age de Samuel Sadaune

  1. Passionnante chronique ! Revenir aux sources est très intéressant, croiser des figures largement reexploitées ensuite. Intéressante aussi la signification du fantastique au MA.

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    1. Merci beaucoup ! Non, je ne prends aucune note pendant ma lecture. C’est la raison pour laquelle j’écris ma chronique quasiment juste après (grand maximum, une semaine). En revanche, quand j’ai fini ma lecture, j’ai tout de suite mon plan en trois parties.

      Aimé par 1 personne

  2. Merci pour cette chronique ! Cela me rappelle mes cours d’histoire et de littérature du Moyen Âge =D. Tu rédiges tes chroniques de manière claire et synthétique, c’est très agréable à lire.

    Aimé par 1 personne

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