
Quatrième de couverture :
« Gagner une guerre, c’est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand il s’agit de nobles pourris d’orgueil et d’ambition, on en vient à regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l’art militaire. Pour rafler la mise, c’est désormais an sein de la famille qu’on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c’est plutôt mon rayon… »
Editeur : Le Lombard
Nombre de pages : 56
Prix : 14,75€
Date de publication : 12 Février 2021
Mon Avis :
Après ma lecture du second tome (qui correspond en réalité au début du roman de Gagner la Guerre), j’avoue que j’avais beaucoup moins d’attente vis à vis de ce troisième opus. En effet, si j’avais beaucoup apprécié les choix narratifs, j’avais été en revanche plus déçue par les dessins (ceux du premier tome étaient de mon point de vue plus qualitatifs). Pour en revenir à ce troisième tome, je l’ai tout de même apprécié.
Avertissement : passé ce stade de lecture, ma chronique peut spoiler certains éléments du tome précédent.
Les mois passés dans les prisons ressiniennes n’ont pas été une sinécure pour Benvenuto Gesufal, loin de là et l’assassin a usé de manigances pour se sortir de cette situation délicate. Heureusement pour lui, le Podestat Leonide Ducatore a payé sa rançon et le voilà enfin de retour dans sa cité de Ciudalia. Mais à la descente du bateau, la famille Mastiggia vient l’accueillir et il n’est pas vraiment rassuré. En effet, il se trouve qu’il a hâté la fin d’un de leurs membres, Bucephale. Heureusement pour Benvenuto, les seuls témoins de son acte sont morts et à la vue de son visage ravagé par les tortures ressiniennes, le clan Mastiggia n’a aucun doute sur son innocence et l’accueille au contraire comme un héros…
Un tome dense et bien rythmé…
Gesufal a à peine le temps de rentrer dans sa ville natale et de se faire soigner par le médecin du Podestat que déjà, il se retrouve confronté aux intrigues machiavéliques de son patron et aux minauderies de sa fille, Donna Clarissima. Et je dois dire que l’on arrive au coeur du roman Gagner la Guerre et dans la partie la plus intéressante et la plus magistrale. J’ai trouvé que la bande dessinée retranscrivait bien les luttes de pouvoir entre les différentes familles patriciennes ciudaliennes et les moyens pour y parvenir que ce soit par des mesures radicales (l’élimination pure et simple d’un concurrent gênant), matrimoniale (pour créer des alliances et dans lesquelles Donna Clarissima rentre donc dans la partie d’échec du Podestat) ou la ruse politique (à l’instar de l’empereur Auguste, Leonide Ducatore veut feindre d’abandonner le pouvoir pour mieux le reprendre plus tard). Et je dois dire que l’on ne s’ennuie pas une seule seconde tant ce tome est prenant et la cadence rythmée par des retournements de situation. Car oui, vous vous doutez bien, un grain de sable va venir coincer la machine bien huilée du Podestat!
Des personnages toujours aussi forts…
Les deux personnages principaux Benvenuto Gesufal et Leonide Ducatore sont particulièrement bien écrits. Ils sont dépeints de manière humaine sans aucun manichéisme tout en ayant une profondeur remarquable.
- Si Benvenuto Gesufal a l’art de se retrouver dans des situations périlleuses, il possède aussi les ressources pour s’en sortir à chaque fois in extremis. Si cet instinct de survie surdéveloppé pourrait attirer la sympathie du lecteur, il convient de ne pas oublier qu’il est aussi une crapule de la pire espèce. Et Jean-Philippe Jaworski nous le rappelle très bien à deux reprises dans ce second tome : Benvenuto Gesufal est aussi un violeur et un meurtrier. Et je trouve ce personnage vraiment très réussi car le lecteur ne peut pas s’empêcher d’avoir un sentiment très ambivalent à son égard.
- Il en est de même pour le Podestat Leonide Ducatore que personnellement j’adore pour son machiavélisme et son intelligence politique (même si, je n’aimerais pas côtoyer ce genre de personnage en réalité!). D’un côté, il fait part de sa reconnaissance à Benvenuto Gesufal pour sa mission accomplie (le meurtre de Bucephale) en le faisant soigner à son retour à Ciudalia et en lui offrant des cadeaux somptueux et fort chers (comme le dentier en or). Mais d’un autre côté, le patricien s’en sert également comme pion. Tout est calculé chez lui et il suffit d’un rien pour que Ducatore ne lâche l’assassin pour servir ses propres intérêts.
… Mais des dessins auxquels je n’adhère toujours pas
Il est clair que la couverture représentant Benvenuto Gesufal assis dans une rue de Ciudalia, de nuit et toisant d’un air arrogant le lecteur est magistrale! Elle fourmille de détails, le personnage est très expressif et il y a un magnifique jeu de couleurs et de lumière avec le reflet de la lune.
Malheureusement, les dessins à l’intérieur de la bande dessinée ne sont pas du même acabit et je trouve cela vraiment dommage d’autant plus que le premier tome nous avait offert des planches d’une très belle qualité. Pour en revenir à ce troisième opus, j’ai le sentiment qu’il manque quelque chose, une finition peut-être. Je n’adhère pas vraiment à la colorisation qui reste très simple, quant aux décors, ils sont à peine esquissés et cela manque de détails à mon goût. Restent tout de même les personnages très expressifs et reconnaissables entre eux.
En conclusion, je n’avais pas particulièrement d’attente vis à vis de troisième tome après ma déception pour le second. Toutefois, l’intrigue du roman initiale est bien adaptée et j’ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dans les arcanes des intrigues machiavéliques des familles patriciennes de Ciudalia. Les personnages sont également bien croqués autant d’un point de vue visuel que psychologique et ne manquent pas d’intérêt. Malheureusement, je n’ai pas retrouvé dans ce troisième tome la beauté et la précision des planches du premier. Dommage…
Autres avis :
Je suis pressée de retrouver les personnages pour ce troisième tome. Je ne me rappelle pas que les dessins m’avait déplu dans les volumes précédents mais je vais faire plus attention dans celui-ci 😉
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Bonne lecture à toi ! 😊
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