Ex Dei de Damien Snyers

Quatrième de couverture : 

Dans un monde où se mêlent machines à vapeur, magie et trolls, une humaine et un elfe tentent de sauver leur peau. Elle, membre d’une organisation secrète en possession d’un artefact convoité, lui, gentleman cambrioleur aux yeux plus gros que le ventre. Mais que peut-on faire face à un homme qui ne veut pas mourir ?

Editeur : ActuSF

Nombre de pages : 426

Prix : 19,90€

Date de publication : 19 Février 2021

Mon Avis : 

J’avais eu un véritable coup de coeur pour le précédent opus La stratégie des as qui se déroulait dans le même univers qu’Ex DeiPlus qu’un coup de coeur, ce roman avait été l’un des premiers chroniqués sur mon blog en février 2016 et c’est celui qui m’avait fait découvrir les éditions ActuSF. Enfin, c’était cette chronique que j’avais envoyée à l’éditeur pour ma candidature au partenariat qui dure maintenant depuis plus de deux ans. Bref vous l’avez compris, j’ai un attachement tout particulier pour l’auteur et son univers. Aussi, lorsque Jérôme Vincent (que je remercie au passage) m’a proposée Ex Dei en Service presse, je n’ai pas hésité une seconde. Et pour ma part, j’ai beaucoup aimé ce roman mais sans ressentir le coup de coeur que j’avais eu pour La stratégie des as.

L’Elfe James coule des jours heureux dans la ville de Gobhandja, en Afrique en compagnie de son amie Mila. Ils y vivent comme des nababs, fréquentent les plus beaux palaces et mangent dans les meilleurs restaurants. Bref, une vie rêvée bien loin de leurs années de galère d’antan et de rapines. Mais, James est un voleur dans l’âme et le goût du risque qui a fait le sel de sa vie lui manque. Il voudrait donc reprendre du service au grand dam de Mila. Après l’avoir convaincue, il se fixe un objectif : braquer l’un de ces riches prétentieux et arrogants qui dépensent leur argent dans les casinos de la ville. Malheureusement, pour les deux compagnons, l’affaire va vite tourner au vinaigre.
Très loin de l’Afrique, dans la ville de Nowy-Krakow, Marion vient de larguer Nicolas avec qui elle était mariée depuis dix ans. Son immortalité fait qu’elle a horreur de la routine dans laquelle ils s’étaient installés tous les deux. Et le souvenir de James la hante au point qu’elle lui écrit des lettres qui restent sans réponse. Heureusement, elle peut compter sur son amie Sara avec qui elle se change les idées en fréquentant opéras et théâtres. C’est justement au cours d’une de ces représentations qu’elles font la rencontre d’un mystérieux Adam avec qui elles nouent une certaine complicité. Au point que le jeune homme est présenté quelque temps plus tard à leur Cercle des Historiens…

Un univers Steampunk ou Gaslamp Fantasy?

Au premier abord, il serait tentant d’inscrire Ex Dei dans le registre du Steampunk. En effet, la présence de certaines machines comme les araignées mécaniques utilisées pour porter de lourdes charges ou transporter des personnes, s’inscrivent à n’en point douter dans l’esthétisme de ce courant. Et les araignées m’ont fait penser à celle que j’avais pu voir à la Halle à la machine de Toulouse.
Toutefois, la technologie de l’univers développé par Damien Snyers ne semble pas s’appuyer sur la vapeur ni posséder de dimension uchronique par rapport à notre société. Aussi, j’opterais plutôt pour le registre de Gaslamp Fantasy et pour cela, je vous renvoye à la définition d’Apophis :

Fantasy à cadre victorien ou d’inspiration victorienne, mais sans les éléments de science rétrofuturiste (ou disons beaucoup moins présents) ou l’aspect uchronique du steampunk, et avec éventuellement des éléments surnaturels en plus. 

Ex Dei s’inspire effectivement de notre XIXème siècle et le développement technologique de la société a pour origine, l’utilisation de la magie pratiquée par la caste des Mages. Ces derniers font partie de l’élite et en contrepartie de leurs inventions qui permettent d’améliorer les conditions de vie des non-initiés (transport, éclairage, communication à distance, etc…), personne n’intervient dans leurs activités parfois peu reluisantes et qu’ils gardent jalousement secrètes.

Deux arcs narratifs inégaux

En lisant mon synopsis « maison », vous l’aurez compris, le récit d’Ex Dei s’alterne entre deux arcs narratifs : le premier consacré à l’Elfe James et son amie Mila en Afrique et le second dédié à Marion en Europe et au Cercle d’Historiens. Pour tout vous dire, j’ai trouvé qu’il y avait une différence entre les deux :

  • En effet, celui de Marion m’a semblé beaucoup plus abouti et intéressant à suivre. J’ai adoré l’idée de ce Cercle d’Historiens composés d’immortels qui avait pour but de collecter des données « objectives » d’évènements historiques et de les archiver. D’ailleurs, je lance un appel aux membres de ce Cercle : si vous existez, n’hésitez pas à me contacter via mon formulaire car je suis disponible pour passer un entretien d’embauche!
  • En revanche, l’arc de James était davantage émaillé d’incohérences, de précipitations et de Deus ex machina qui à mon sens, ont nui au récit. Je peux citer plusieurs exemples : l’intervention du Polonais qui règle les problèmes de James d’un coup de baguette magique, la scène de torture à la manière du film Volte-Face qui jure avec le reste du récit et expédie trop rapidement la mort d’un personnage important ou enfin, la fameuse scène finale qui est abrupte et en incohérence totale avec le reste du roman.
    Attention spoiler : je remercie d’ailleurs Célinedanaë pour sa réflexion pertinente. Comment James a t’il pu être envouté par Adam sachant qu’il avait été protégé par Marion quelques chapitres avant? Fin du spoiler. 
    Pour finir, cela m’a fait plaisir de retrouver les personnages présents dans la Stratégie des as comme la demie-Elfe Élise ou le troll Jorg avec lesquels, James vit de beaux moments de complicité.

Et des thématiques actuelles

Enfin, Ex Dei reprend des thématiques de La Stratégie des as et met en avant des valeurs qui me tiennent à coeur :

  • La présence d’un personnage homosexuel comme Mila.
  • La dénonciation du harcèlement de rue et des agressions vis à vis des femmes : Marion en se promenant dans un parc se fait agresser par un elfe alcoolique.
  • La dénonciation du racisme et de la discrimination vis à vis des minorités ethniques notamment à l’encontre des Elfes et des Trolls. Ceux-ci sont considérés comme des citoyens de seconde zone.

Nous étions encore l’une des seules villes où les trolls pouvaient être abattus sans justification valable. Où le racisme était vicieux. Il était presque impossible de voir un elfe accéder à des fonctions élevées. Elles leurs étaient refusées – mais avec politesse et sourire. Rien n’est dit ouvertement dans les hautes classes. (p. 109).

En conclusion, bien qu’Ex dei présente quelques petits défauts de narration (incohérences, Deus ex Machina, précipitations de certains évènements et chute peu convaincante), pour ma part, j’ai beaucoup apprécié cette lecture. Le style est encore une fois très fluide et permet de se plonger facilement dans l’univers visuel de Damien Snyers. L’arc narratif de Marion est passionnant (et moi aussi, je veux faire partie du Cercle!) et les valeurs présentes dans ce roman correspondent aux miennes. Bref, à vous de vous faire votre propre opinion maintenant!

Autres avis : 

Célinedanaë

L’ours inculte 

17 réflexions sur “Ex Dei de Damien Snyers

  1. Ah, décidément le débat steampunk-gaslamp fantasy n’en finit plus ^^
    Intéressante chronique pour un roman qui semble original. Pour l’instant, les quelques ouvrages que j’ai lus de chez ActuSF ne m’ont pas emballée, néanmoins le pitch de celui-ci et ce que tu en dis attirent mon attention, mais bon, il ne semble pas exempt de petits défauts malgré tout. Comme ma PaL est bien alimentée, je ne vais pas me précipiter dessus !

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  2. Comme dit Zoé décidément ce débat steampunk / gaslamp fantasy n’en finit pas chez actusf en ce début d’année 😁 ce roman sera une de mes prochaines lectures je pense. C’est bien d’être prévenue pour les petites incohérences et les parties inégales au moins je sais à quoi m’attendre !
    Merci pour ta chronique 🙂

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  3. On en a parlé ensemble, tu sais ce que j’en ai pensé. C’est vraiment dommage que certains passages n’aient pas été améliorés. Je te comprends pour les historiens, d’ailleurs j’ai pensé à toi en le lisant.

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  4. Grâce à toi je vais pouvoir le découvrir prochainement. Par contre j’ai peur que ce soit comme avec le dernier Estelle Faye, un roman présenté indépendant du précédent mais qui marche pas vraiment si on n’a pas lu le premier. Je n’ai jamais lu La stratégie des as donc je m’inquiète mais on verra…

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