Les Maîtres enlumineurs (Tome 2) de Robert Jackson Bennett

Quatrième de couverture : 

Une des quatre maisons marchandes de Tevanne est tombée. Sancia Grado et ses associés ont non seulement changé l’histoire de la cité, mais ils ont aussi créé Interfonderies dans le but de démocratiser l’art magique de l’enluminure. Mais la jeune entreprise a beau accomplir des prouesses, celles-ci ne suffisent pas à la maintenir à flots. Non seulement la concurrence est rude, mais les grandes maisons marchandes de Tevanne sont prêtes à tout pour écraser Sancia et l’idéal qu’elle représente.
Alors que la situation est déjà bien précaire, une ancienne puissance vogue en direction de Tevanne : un hiérophante. Un adversaire qui connaît et maîtrise l’enluminure mieux que personne, qui est en outre très intéressé par Sancia et ses pouvoirs. Pour survivre à cette menace qui la dépasse et sauver ceux qu’elle aime, la jeune femme devra percer le secret le mieux gardé de l’univers, celui des origines de l’enluminure.

Editeur : Albin Michel Imaginaire

Nombre de pages : 624

Prix : 24,90€

Date de publication : 29 Septembre 2021

Mon Avis : 

Après mon coup de coeur pour le premier tome, j’attendais avec impatience la sortie du second. Et à ce titre, je remercie les éditions Albin Michel Imaginaire et Gilles Dumay pour me l’avoir envoyé (je confirme, sa réception m’a fait très plaisir!). Si le premier quart m’avait beaucoup plu, je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais j’ai eu beaucoup de mal à poursuivre par la suite mettant plus de trois semaines à le finir (ce qui est plutôt rare dans mes expériences de lecture). Finalement, je sors de ma lecture avec un sentiment mitigé. 

Le récit reprend trois ans après les faits du premier tome. Sancia, Orso et Bérénice ont crée Interfonderies dans un but utopique : mettre à disposition de tout le monde la technologie de l’enluminure. Pour rappel, cette dernière consiste à graver sur l’objet en question une écriture spécifique et de les animer pour qu’ils obéissent aux ordres qu’on leur a donnés. Or jusqu’ici, les quatre grandes familles aristocratiques de Tévanne avaient la mainmise et détenaient le monopole de cette technologie. Autant dire qu’ils ont vu d’un mauvais œil le projet de démocratisation de Sancia. Pire que cela, Valéria la prévient qu’un hiérophante pluri-millénaire et très puissant dans sa maîtrise de l’enluminure et dénommé Crasedes risque de débarquer d’un moment à l’autre pour semer le chaos! Et il semblerait qu’il soit très intéressé par les capacités de Sancia…

Une déception par rapport au premier tome

Comme je l’ai dit en introduction, j’avais beaucoup d’attente vis à vis du Retour du Hiérophante. Jusqu’à présent, Robert Jackson Bennett ne m’avait jamais déçu car mes précédentes lectures s’étaient toutes soldées par un coup de coeur que ce soit le premier tome des Maîtres Enlumineurs ou la novella Vigilance. Pourtant, les cent premières pages s’étaient plutôt bien passées et je les avais lues d’une seule traite : cette partie était dans la parfaite lignée du premier tome : 
– J’ai ainsi beaucoup aimé l’idée de la création d’Interfonderies dans un but humaniste : donner au plus grand nombre la possibilité de maîtriser la technologie de l’enluminure. Cela correspond bien aux personnages de Sancia, d’Orso et Bérénice, je trouve. 
– Et j’ai également apprécié le « casse » de Sancia dans la Maison des Michiel.

Mais à partir du moment où la jeune femme prend la mer pour stopper Crasedes sur son navire, les choses se sont gâtées : je n’ai pas beaucoup aimé ce personnage. Je l’ai trouvé assez caricatural dans son rôle de « méchant » et peu nuancé. Par moment, les scènes se sont révélées être trop manichéennes à mon goût sans véritable nuance. Et certains dialogues m’ont paru peu naturels : le « méchant » parlant sans cesse laissant le champ libre aux « gentils » pour agir. 

Un récit plus sombre…

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le ton s’est encore assombri dans ce second tome. Déjà, dans le premier, ce n’était pas très joyeux entre les gens miséreux qui tentaient de survivre comme ils pouvaient dans les Communes et la traite des esclaves dans les plantations détenues par les grandes familles aristocratiques de Tévanne. Et sachez que dans le second, c’est encore pire! 
– Le Campo des Candiano a bien du mal à se remettre par exemple de la destruction de la Montagne en son sein et trois ans après, les ruines n’ont pas été réparées laissant une profonde cicatrice dans la Cité de Tévanne. 
– Les trois familles aristocratiques restantes font pression sur Interfonderies car cette idée utopiste menace directement leurs intérêts. Aussi, les petites gens ont peur de passer par l’entreprise de Sancia, d’Orso et de Bérénice. 
SPOILER : Crasedes orchestre quelques tueries de masse que ce soit sur le bateau qui le conduit jusqu’à Tévanne ou dans la cité elle-même occasionnant encore quelques destructions de plus. 
– Enfin, Crasedes et Valéria possèdent tous les deux une vision terriblement pessimiste de l’Humanité : l’un veut retirer le libre-arbitre aux Humains tandis que l’autre souhaite supprimer complètement la technologie de l’enluminure les renvoyant à l’âge de pierre. Ils considèrent que l’Homme est mauvais par nature et que tous les moyens utilisés seront bons pour tuer, violer, piller et asservir son prochain.  FIN DU SPOILER

… mais qui s’achève de manière intéressante

En effet, j’ai davantage apprécié la fin qui s’est avérée être beaucoup plus dynamique et moins verbeuse. Elle contient aussi plus de rebondissements et des révélations. J’ai ainsi particulièrement aimé celles sur l’accident survenu lorsque Grégor était enfant et qui a coûté la vie à son père et à son frère ou celle sur le lien entre Crasedes et Clef, elle est particulièrement surprenante. La fin du récit est également ouverte et donne envie d’en savoir plus. Aussi, je lirai probablement le troisième tome. 

En conclusion, je dois bien avouer que j’ai été déçue par ce second opus malgré un début plutôt réussi et prometteur. La faute en incombe à une partie centrale beaucoup trop longue (une coupe aurait peut-être été nécessaire), un personnage de « méchant » caricatural et des dialogues pas toujours très intéressants. Heureusement, la fin plus réussie donne envie de poursuivre avec le dernier tome et je me suis posée la question si Robert Jackson Bennett n’avait pas écrit le début et la fin en premier lieu puis avait complété son récit par la partie centrale? Bref, vivement la suite mais j’aurai probablement moins d’attente. 

Autres avis : 

Apophis (en VO)

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19 commentaires

  1. Je l’ai terminé hier. Je suis globalement d’accord avec toi.J’ai eu du mal aussi avec Crasedes un peu trop « gros bills », trop caricatural, trop puissant, trop tout en somme.
    J’ai beaucoup aimé Sancia et Bérénice, Gregor. Les autres sont nettement en retrait.
    Je suis d’accord aussi sur le fait qu’il aurait fallu élaguer aussi un peu, parce que ça donne l’impression de surenchères par moments. Bref je lirai la suite mais je suis un peu déçue par rapport au premier qui était vraiment excellent.

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  2. Je suis en plein milieu du roman et je partage ton ressenti 🙂 J’ai un peu de mal avec le méchant super super puissant capable de tout faire… Les autres personnages restent chouettes alors ça passe, et puis si tu dis que la dernière partie vaut le coup…

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