Quatrième de couverture :
Automne 1957. Douze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Otto, le père d’Anne Frank, rend visite en Suisse à une étoile montante du cinéma, Audrey Hepburn. Il veut la persuader d’interpréter le rôle de sa fille dans un film qui va lui être consacré. Printemps 1929. Deux filles voient le jour, Audrey à Bruxelles, Anne à Francfort. Toutes les deux marqueront l’histoire. Les deux adolescentes partagent bien des points communs.
Toutes deux ont été contraintes de quitter très jeunes leur pays natal. Audrey, issue de la haute société européenne, est envoyée dans un pensionnat anglais. Juifs, Anne et sa famille fuient aux Pays-Bas. Toutes deux sont délaissées par leur mère et trouvent refuge dans la danse pour l’une, dans l’écriture pour l’autre. La demande d’Otto réveille en Audrey de douloureux souvenirs. Ses parents, sa mère en particulier, ne frayaient-ils pas avec de hauts dignitaires nazis ?
Editeur : L’Archipel
Nombre de pages : 344
Prix : 22,00€
Date de publication : 17 Octobre 2018
Mon Avis :
Lorsque les éditions de l’Archipel (que je remercie au passage) m’ont demandé de choisir un roman de leur catalogue, j’ai été très intriguée par le titre d’Audrey et Anne. En effet, je l’ai choisi car je ne connaissais pas le lien entre les deux femmes.
J’avais lu Le journal d’Anne Frank, il y a une dizaine d’années maintenant et j’avais été bouleversée par cette lecture pour deux raisons :
– l’évolution manifeste de l’écriture de la jeune fille. Si à treize ans, elle nous fait part des préoccupations de son âge, deux ans plus tard, son écriture atteint une telle maturité et une telle clairvoyance qu’elle m’avait laissé pantoise.
– son destin funeste puisque Anne est décédée du typhus dans le camp de Bergen-Belsen, en mars 1945.
En revanche, je ne connaissais pas du tout la vie d’Audrey Hepburn : je savais juste qu’elle était actrice et qu’elle était un symbole d’élégance après-guerre, grâce à son rôle dans le film Diamants sur canapé sorti en 1961.

A l’automne 1957, Otto Frank et sa nouvelle épouse se rendent en Suisse à Bürgenstock pour rencontrer Audrey Hepburn, dans son chalet. En effet, le père d’Anne Frank souhaite que l’actrice montante incarne le rôle de sa fille sur grand écran. Mais, Audrey hésite pour plusieurs raisons : non seulement, cela lui rappelle de mauvais souvenirs mais surtout elle est mal à l’aise car sa mère, la baronne Ella Van Heemstra a entretenu pendant la guerre des relations ambiguës avec l’occupant allemand. De plus, bien qu’elle soit née la même année qu’Anne, en 1929, elle a désormais 28 ans tandis que la vie de la jeune fille s’est arrêtée à l’âge de 15 ans. Pourtant, quand on y pense Audrey et Anne ne partageraient-elles pas des points communs? Un exil (Audrey en Angleterre et Anne en Belgique), des relations difficiles avec leur mère et un refuge à travers l’art (la danse pour Audrey et l’écriture pour Anne)?
J’avoue avoir cherché un moment pour savoir si cette entrevue entre Otto Frank et Audrey Hepburn avait bien eu lieu. Si je n’ai pas trouvé beaucoup d’éléments probants, il semblerait qu’une photographie réunissant Otto, sa seconde épouse et Audrey devant son chalet à Bürgenstock, en 1957, ait toutefois existé. Mais, l’un des mystères de ce roman résidant dans le fait de savoir si Audrey va accepter ou non le rôle, je ne vous dévoilerai évidemment pas sa décision!

Pour en revenir au roman, Jolien Janzing confronte les destins des deux petites filles de leur naissance, en 1929 jusqu’au printemps de 1945, à la mort d’Anne. Au début, j’ai été surprise que l’auteure insiste davantage sur la biographie d’Audrey Hepburn plutôt que sur celle d’Anne Frank. Mais, je pense en avoir trouvé la raison : la vie d’Anne est connue de tous (ou du moins, d’une grande majorité) grâce à la lecture de son Journal. Jolien Janzing n’aurait donc pas voulu faire de redites mais surtout, en insérant ça et là quelques évènements de la vie d’Anne Frank, cela rend le destin de la jeune fille encore plus tragique.

Dans les deux récits, j’ai trouvé très intéressant que l’auteure fasse intervenir plusieurs points de vue. Non seulement, cela évite un certain manichéisme mais cela permet aussi d’apporter un nouvel éclairage sur les personnages. Ainsi, dans les parties concernant Audrey Hepburn, si à première vue, la baronne Van Heemstra, n’est pas vraiment sympathique à cause de con côté frivole, de sa haute opinion d’elle-même, de son désintérêt pour sa fille ou de ses idées proches du régime nazi, elle évolue par la suite. Par exemple, à la fin de la guerre, elle ouvre sa maison aux réfugiés de la ville bombardée d’Arnheim : toutefois, le lecteur peut légitimement se demander si elle l’a fait par compassion, culpabilité ou simple calcul sentant le vent tourner. Quant à Audrey, j’ai ressenti de l’empathie pour elle, bien qu’elle soit d’un milieu privilégiée, elle a souffert de l’absence et du désintérêt de ses parents pour elle. Elle se réfugie très tôt dans la danse pour oublier les privations de la guerre et les malnutritions mais aussi pour attirer l’attention de sa mère. Elle aussi ressent de la culpabilité pour avoir survécu et ce sentiment a probablement dû jouer lors de sa prise de décision concernant le rôle proposé par Otto Frank.

Du côté d’Anne Frank, le lecteur est confronté aux points de vue de son père Otto (qui essaye de faire ce qu’il peut pour mettre sa famille à l’abri du danger) et de sa mère qui si je me rappelle bien, n’a pas le bon rôle dans le Journal d’Anne Frank! En effet, Edith a des relations conflictuelles avec sa fille et pourtant, le roman permet de mettre en exergue son amour porté à sa famille. Les épreuves que la famille Frank va devoir surmonter à partir de leur arrestation, en 1944, puis de leur séparation avec Otto Frank, leur incarcération dans des camps de concentration et leur condition de vie extrêmement difficiles vont considérablement rapprocher Anne et sa soeur Margot de leur mère Edith.
En conclusion, le roman Audrey et Anne a été une lecture bouleversante. L’écriture fluide et l’alternance des points de vue ont permis au lecteur de rentrer au coeur du récit et de ressentir de l’empathie pour les personnages. Bien que de l’aveu de Jolien Janzing, certains faits ont été remaniés et transformés en fiction, j’ai fait quelques recherches de mon côté mais je n’ai rien trouvé de vraiment choquant qui aurait pu être signalé. Du moins, dans les grandes lignes et surtout au niveau du contexte historique, il semblerait que les faits aient été respectés.
Autre avis : Juneandcie
Le titre avait déjà attiré mon regard, il m’intrigue beaucoup.
Je teouva que c’est une idee intéressante de mettre en parallèle 2 vies si différentes et leur trouver des points communs.
Ta chronique me donne envie de le lire en tout ca! Si j’en ai l’occasion, je m’y plongerai avec grand intérêt 😊
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Super! Je suis vraiment contente d’avoir donné envie de le lire car c’est un roman qui vaut le détour.
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