Léonard de Vinci : l’ombre de la conjuration de Giuseppe de Nardo & Antonio Lucchi

Quatrième de couverture : 

Un crime mystérieux et un détective exceptionnel… Dans les villes de Florence et de Milan, Léonard de Vinci enquête sur la mort d’un de ses amis. Derrière la main du criminel se dresse l’ombre d’un puissant et impitoyable seigneur : Laurent le Magnifique !

Editeur : Mosquito 

Nombre de pages : 136

Prix : 20,00€

Date de publication : 4 Septembre 2020

Mon Avis : 

Je bouscule un peu mon programme de lecture de décembre en incluant la bande dessinée sur Léonard de Vinci, l’ombre de la conjuration. Je l’ai reçu lors de la dernière Masse Critique et je remercie Babélio ainsi que les éditions Mosquito pour ce Service Presse. L’année dernière, de nombreuses publications sur Léonard de Vinci ont envahi le paysage éditorial français en raison de la célébration des 500 ans de la mort de l’artiste-peintre. Malheureusement, toutes n’ont pas été à la hauteur de mes espérances. Or, l’ouvrage de Nardo et Lucchi sort clairement du lot et j’ai même eu un énorme coup de coeur pour cette bande dessinée.

Le 26 avril 1478, le peintre Léonard de Vinci dort de manière indolente dans sa bottega (atelier) après avoir travaillé toute la nuit. Son ami Riccardo Montelupo vient le réveiller en plein après-midi lui apprenant que Florence est à feu et à sang. En effet, les Pazzi ont ourdi un complot contre la puissante famille des Médicis : Julien a été tué dans la cathédrale Santa Maria dei Fiore tandis que son frère Laurent a été blessé mais a réussi à se réfugier dans la sacristie. Ce dernier soutenu par les habitants de Florence traque un à un les meurtriers de son frère et les partisans des Pazzi. Parmi eux, la famille Delle Corde est dans le collimateur notamment leur héritier Jacopo qui a réussi à s’échapper mais demeure introuvable.
Quelques années plus tard, Léonard est parti travailler à Milan pour le compte de Ludovic Le Maure. Il apprend alors la mort d’un de ses anciens amis qui a été assassiné…

Un magnifique coup de crayon…

J’ai eu un énorme coup de coeur pour les dessins d’Antonio Lucchi. S’il arrive parfois que l’on soit très attiré par une couverture, un rapide coup d’œil à l’intérieur de l’ouvrage peut parfois s’avérer être décevant. Dans le cas de cette bande dessinée, il n’en est rien. La couverture prometteuse représentant Léonard de Vinci en train de noircir un de ces fameux codex est d’aussi bonne facture que les illustrations à l’intérieur.

Les dessins d’Antonio Lucchi se divisent en deux catégories :

  • Les dessins en couleur marquent les évènements du temps présent. Les tons sont pastels et les contours flous. J’ai beaucoup apprécié les esquisses fidèles des décors des rues de Florence, Milan ou du Château de Clos-Lucé à Amboise. On sent que le dessinateur s’est bien documenté. Il en est de même pour les représentations des personnages historiques et l’on reconnaît aisément Laurent le Magnifique (connu grâce à des portraits officiels) ou Francesco Melzi, (grâce à son autoportrait), l’apprenti de Léonard de Vinci. Quant à ce dernier, malheureusement, nous ne savons pas à quoi il ressemblait physiquement (il existe seulement un autoportrait supposé lorsqu’il était âgé) et Lucchi a dû faire jouer son imagination pour le figurer.
  • Les dessins sur fond sépia quant à eux révèlent plutôt les évènements du passé sous forme de flashbacks. Il s’agit de croquis rendus très dynamiques par des coups de crayons hachurés et séparés par des traînées d’encre noire. Ces dessins s’inscrivent dans l’action et rapportent éventuellement la violence d’une scène par l’ajout de rouge. Ils rappellent également les pages des codex de Léonard de Vinci.

qui sert une intrigue intelligente et bien documentée.

L’intrigue se divise en trois parties :

  • La conjuration des Pazzi en avril 1478 à Florence qui s’est soldée par la mort de Julien de Médicis et la vengeance de son frère Laurent à l’encontre de ses rivaux.
    Il s’agit d’une partie introductive d’une vingtaine de pages qui permet de présenter le contexte historique. J’ai trouvé que cela avait été fait finement car le fil des évènements a été rapporté à Léonard de Vinci par Riccardo Montelupo ce qui permet également au lecteur de le découvrir en même temps que le principal protagoniste. De plus, des astérisques renvoient à des notes qui permettent d’expliciter certains points des conversations entre les personnages sans alourdir le propos.
  • La présence de Léonard de Vinci à Milan (entre 1482 et 1499) : il avait été engagé par Ludovic le Maure pour édifier une statue équestre en bronze (projet qui n’a jamais abouti). Un de ses amis florentins a été retrouvé sauvagement assassiné et l’artiste-peintre mène l’enquête.
    Cette partie est la plus longue de la bande dessinée (70 pages) et s’inscrit davantage dans le genre du polar/policier. Là encore, le récit est assez subtil puisqu’il se base sur les travaux de Léonard de Vinci notamment sur l’anatomie mais aussi sur sa manière de travailler très novatrice à l’époque. En effet, l’artiste-peintre n’a pas reçu de formation académique : il a donc appris le latin très tardivement et n’a pas étudié les auteurs classiques de l’Antiquité sur lesquels se fondaient les principales connaissances de l’époque. Au contraire, Leonard de Vinci possède un savoir très empirique fondé essentiellement sur l’observation et les déductions faites à partir de cette dernière. Certes, Giuseppe de Nardo extrapole lorsqu’il fait faire à Léonard de Vinci l’autopsie de son ami et cela peut sembler anachronique ; mais cela n’est pas complètement dénuée de sens.

  • Enfin, cette seconde partie s’arrête de manière très abrupte car le lecteur se retrouve en France, au Château du Clos-Lucé à quelques jours de la mort de Léonard de Vinci, en avril 1519.
    Non seulement cette césure dans l’intrigue est très surprenante mais elle permet également de maintenir le suspense jusqu’au dénouement du récit.

En conclusion, j’ai eu un véritable coup de coeur pour cette bande dessinée Léonard de Vinci, l’ombre de la conjuration. L’intrigue intelligente de Giuseppe de Nardo est rythmée par les magnifiques dessins d’Antonio Lucchi et le tout forme un ensemble très cohérent et bien documenté. Bref, si vous vous intéressez à la période ou au fameux artiste-peintre, je ne peux que vous recommander la lecture de cette bande dessinée.

2 réflexions sur “Léonard de Vinci : l’ombre de la conjuration de Giuseppe de Nardo & Antonio Lucchi

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