Le peuple du grand chariot de William Lindsay Gresham #ProjetOmbre

Quatrième de couverture : 

En 1953, William Lindsay Gresham imagine un monde où les parias d’hier détiennent la clé de la survie de l’humanité.

Editeur : Le passager clandestin

Nombre de pages : 64

Prix : 5,00€

Date de publication : 4 Février 2021

Mon Avis : 

Cela faisait un petit moment que je n’étais pas allée dans ma librairie préférée mais en cherchant le premier tome du Sang de la cité de Guillaume Chamanadjian, je suis tombée sur cette petite nouvelle parfaite pour le Challenge d’Ombrebones! Et j’ai beaucoup apprécié ma lecture. 

Dans un monde post-apocalyptique, subsistent tant bien que mal les derniers survivants. Le Grand Peuple descendant des Roms installés aux Etats-Unis, poursuit sa vie itinérante sur les routes. Ils passent de villages en villages gadjé pour leur dispenser les connaissances du monde d’avant en échange de nourriture. Fedar, le fils du Roi Johnny Petulengro tombe alors amoureux d’une fille gadji et devra choisir entre elle et son peuple. 

Une nouvelle dystopique

Le peuple du grand chariot se déroule dans un monde post-apocalyptique dont l’effondrement a été provoqué par la « Grande Guerre incendiaire ». Le texte a été écrit au tout début des années 50 et le contexte de la Seconde Guerre Mondiale (notamment avec les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, au Japon, en 1945) puis celui de la Guerre Froide font craindre une escalade du conflit et une guerre nucléaire entre les Etats-Unis et l’URSS. 

76% des États-uniens la jugent probable, selon un sondage Gallup effectué en 1951. (P. 53)

Cela m’a d’ailleurs fait penser à une autre nouvelle de Ray Bradbury, They will come soft rains paru en 1950 dans laquelle une maison californienne continue de fonctionner grâce à sa technologie innovante alors même que la ville aux alentours a été éradiquée par une bombe nucléaire… 

Pour en revenir au Peuple du Grand chariot, William Lindsay Gresham décrit alors l’état de régression dans lequel les peuples sédentaires ont plongé. En effet, la majorité des connaissances du monde d’avant, « la Civilisation-telle-que-nous-la-connaissons », a été perdue à cause de sa complexité et de la fragmentation des savoirs. En raison de la destruction des infrastructures et de la mort d’un certain nombre d’individus dépositaires de ces connaissances, les survivants se retrouvent désormais incapables d’utiliser les technologies anciennes. Par exemple, ils ne savent plus à quoi servaient les vélos ou lorsque leur moissonneuse-batteuse tombe en panne, ils n’ont plus les capacités de la réparer. 

Une inversion sociale

La présence de la culture Rom ou des fêtes foraines est une thématique récurrente dans la bibliographie de William Lindsay Gresham

En 1937, Gresham est infirmier volontaire dans le camp républicain lors de la guerre d’Espagne. Il y fait la connaissance de Joseph Daniel « Doc » Hallyday, un marin, infirmier et ancien employé de spectacles itinérants, qui lui enseigne la culture et le langage des forains. (P. 48)

Ainsi, son roman Nightmare Alley paru en 1946 se déroule dans un univers dédié aux fêtes foraines. 

Une thématique reprise aussi dans Le Peuple du Grand chariot puisque le narrateur Fedar fait partie de cette communauté. Le « Grand Peuple » itinérant que l’on considérait comme des marginaux dans la civilisation d’avant, joue alors un rôle de premier plan dans le récit et devient essentiel. En effet, il passe de village en village pour dispenser des connaissances transmises de génération en génération ou acquises lors de ses pérégrinations. Il enseigne ainsi aux gadjè comment pêcher avec un hameçon ou comment moissonner le blé avec une faux en échange de nourriture (poule, cochon, etc…) ou de matériau (« Tissu ancien », pièces de métal rouillées, etc…).
L’auteur démontre alors que ces deux peuples séparés par leur mode de vie ont besoin l’un de l’autre pour survivre et doivent faire preuve de solidarité. Lorsque le village gadjè subit les affres d’un cyclone et que leur matériel agricole est détruit, Fedar intervient auprès de son Roi. Si le village meurt, le « Grand Peuple » ne survivra pas non plus. 

En conclusion, Le peuple du Grand chariot est un texte court représentatif du contexte des années 50 dans lequel il a été écrit (notamment à travers la peur de voir se reproduire les désastres d’Hiroshima et de Nagasaki ou la crainte d’une escalade vers une guerre nucléaire entre américains et russes). Toutefois, à l’instar de d’autres textes que j’ai pu lire de la même époque et bien que celui de William Lindsay Gresham soit sombre, il n’est pas sans espoir. En effet, les deux peuples itinérant et sédentaire arrivent à survivre grâce aux échanges, à la solidarité et à l’ouverture sur l’autre. 

Cette novella participe au #ProjetOmbre

6 commentaires

  1. […] Le peuple du Grand chariot est un texte court représentatif du contexte des années 50 dans lequel il a été écrit (notamment à travers la peur de voir se reproduire les désastres d’Hiroshima et de Nagasaki ou la crainte d’une escalade vers une guerre nucléaire entre américains et russes). Toutefois, à l’instar de d’autres textes que j’ai pu lire de la même époque et bien que celui de William Lindsay Gresham soit sombre, il n’est pas sans espoir. En effet, les deux peuples itinérant et sédentaire arrivent à survivre grâce aux échanges, à la solidarité et à l’ouverture sur l’autre. Vous pouvez retrouver ma chronique complète ici.  […]

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire