Le sang de la Cité – Capitale du Sud (T.1) de Guillaume Chamanadjian

Quatrième de couverture : 

Enfermée derrière deux murailles immenses, la Cité est une mégalopole surpeuplée, constituée de multiples duchés. Commis d’épicerie sur le port, Nox est lié depuis son enfance à la maison de la Caouane, la tortue de mer. Il partage son temps entre livraisons de vins prestigieux et sessions de poésie avec ses amis. Suite à un coup d’éclat, il hérite d’un livre de poésie qui raconte l’origine de la Cité.
Très vite, Nox se rend compte que le texte fait écho à sa propre histoire. Malgré lui, il se retrouve emporté dans des enjeux politiques qui le dépassent, et confronté à la part sombre de sa ville, une cité-miroir peuplée de monstres.

Editeur : Aux forges de Vulcain

Nombre de pages : 416

Prix : 20,00€

Date de publication : 16 Avril 2021

Mon Avis : 

Lorsque j’avais vu la couverture de ce roman publiée sur les réseaux sociaux, j’avais tout de suite été attirée par la stylisation de la cité qui me faisait penser à une ville italienne. Et je ne me suis pas trompée car le synopsis alléchant me l’a confirmée. Après discussion avec plusieurs blogopotes (Célindanaé, Lune et Vanille), on a donc décidé de le lire en Lecture Commune et devinez quoi? J’ai adoré!

Gémina est une immense cité portuaire méridionale célèbre autant pour ses vignes que pour ses oliviers. Et Nox, commis à l’épicerie de Saint-Vivant dans le quartier du port, la connaît par coeur. Pour effectuer les livraisons de son patron Eustaine, il arpente quotidiennement chacune de ses ruelles, venelles, escaliers, ponts, recoins cachés et raccourcis. Une connaissance aiguë qui se révéle être un véritable atout pour le Duc de la Caouane, Servaint. En effet, ce dernier souhaite percer un canal qui lierait le sud de la cité au nord et faciliterait ainsi le commerce. Mais outre le fait que Nox puisse préciser les cartes de Gémina par ses connaissances, ce dernier est intimement lié à la maison de la Caouane. En effet, une dizaine d’années plus tôt alors que Servaint prenait d’assaut la maison du Moineau-du-Fou pour délivrer sa soeur séquestrée par le Duc Adelphes, il découvrit dans les tréfonds du bâtiment, deux enfants crasseux surnommés les Suceurs d’os : Nox et sa soeur Daphné…

La tour de garde, un projet de grande envergure

C’est le premier roman que je lis des Forges de Vulcain et en me documentant sur ce premier tome, je me suis rendue compte qu’il s’agissait d’un très gros projet éditoriale sur trois ans et écrit à quatre mains par Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier. En effet, dans une interview donnée au Point, les deux auteurs expliquent que La tour de garde est une hexalogie inspirée de leurs voyages : 

  • La capitale du Sud Gémina a été imaginée par Guillaume et s’inscrit dans un contexte médiéval. Il s’est inspiré de Marseille pour son activité portuaire et sa démographie élevée mais aussi de la ville de Sienne pour sa morphologie urbaine et son organisation sociale. Le sang de la cité, Capitale du Sud est son premier roman. Sa trilogie sera publiée d’avril 2021 à avril 2023. 
  • La capitale du Nord Dehaven a été développée par Claire et s’inscrit au contraire dans un contexte de l’époque moderne et du Siècle des Lumières. C’est la ville d’Amsterdam qui a inspiré cette seconde trilogie. Le sang de la cité, Capitale du Nord est son second roman publié chez Les forges de Vulcain et sa trilogie paraîtra d’octobre 2021 à octobre 2023. 

Un roman d’aventure et de Fantasy politique…

Dans l’interview du Point, Guillaume dit s’être inspiré des récits d’aventure d’Alexandre Dumas et des romans historiques d’Umberto Eco, Le roman de la Rose ou Le pendule de Foucault. 

  • Le premier quart du roman est une longue introduction à l’univers développé par Guillaume Chamanadjian. Effectivement, il prend bien le temps de décrire sa cité et les mœurs des habitants un peu à la manière d’Umberto Éco. La plume de l’auteur de ce point de vue est assez immersive et permet au lecteur de bien s’imprégner de l’ambiance méridionale et bouillonnante de Gemina. Toutefois, cet univers d’inspiration médiévale s’avère être aussi très classique et l’intrigue qui suit Nox à travers ses pérégrinations dans la cité, un peu répétitive.
  • En revanche, à partir du second quart du roman, je dois dire que j’ai été happée par le récit jusqu’à la fin. Le récit s’inscrit effectivement dans le roman d’aventure car Nox en rentrant au service du Duc Servaint, est aussi formé par Tyssant, son homme d’influence. Le jeune homme apprend autant l’art de la Négociation que le maniement des armes. Le sang de la cité devient également plus politique avec ses intrigues et ses jeux de dupe qui m’ont fait penser à Gagner la Guerre de Jean-Philippe Jaworski. Toutefois, le Duc Servaint m’est apparu moins charismatique que Leonide Ducatore et moins retors aussi. 

… dans lequel la cité de Gémina apparaît au premier plan.

La cité de Gémina possède une importance non négligeable dans le récit au point qu’elle apparaisse comme un personnage à part entière :

  • Gémina apparaît en tant que décor urbain puisque Nox arpente au quotidien ses rues et ses recoins pour effectuer les livraisons de son patron. Et elle se décline en deux versions : l’une réelle, vivante, dynamique et la seconde angoissante, silencieuse et dangereuse dont seul Nox en possède l’accès et qu’il connaît sous le nom de Nihilo (« rien » en latin). 
  • Gémina n’est pas seulement faite de pierres, elle existe aussi à travers ses habitants qui la peuplent. La cité qui possède plusieurs millions d’habitants est ainsi découpée en une cinquantaine de quartiers spécialisés dans une activité bien précise (la construction et l’urbanisme pour la Recluse ou le maintien de l’ordre pour la maison du Cerf) et dirigée par un Duc (Servaint pour la Caouane, Liber de la Jubarte par exemple). Ces derniers siègent alors au Conseil qui gère la Cité et prend toutes les décisions politiques qui lui incombent. Gémina possède également une identité culturelle très forte puisque la capitale du Sud est connue pour sa poésie et ses poètes de rue, son jeu de la Tour de garde, son tournoi de la Canopée et sa gastronomie (le vin, les beignets, les pâtisseries, les friands, etc…). 
  • Enfin, elle est également l’un des moteurs de l’intrigue puisque le grand projet d’urbanisme voulu par le Duc Servaint devrait se matérialiser par un grand Canal reliant le Sud au Nord de la cité. Or, si ce projet a essentiellement pour but de faciliter les déplacements des habitants et des denrées d’un bout à l’autre de la cité, tout le monde n’y trouve pas son compte. Certains habitants sont en effet expropriés de leur habitation (comme la poétesse Tussine) même s’ils sont relogés par ailleurs et les autres grandes Maisons de la cité s’y opposent pour des raisons politique et économique.  

En conclusion, ce premier roman particulièrement bien réussi de Guillaume Chamanadjian a tout pour me plaire! J’ai été sensible à l’univers urbain très détaillé que ce soit au niveau de l’architecture ou de la morphologie de Gémina que pour son aspect socio-culturel très développé (la structuration sociale de la cité et leurs interactions entre les différentes classes, la culture basée sur la poésie, la joute qu’elle soit intellectuelle (le jeu de la garde) ou physique (le tournoi de la Canopée) et la gastronomie). Évidemment, l’inspiration de l’Italie médiévale y est pour beaucoup et je me suis plusieurs fois surprise à imaginer Gémina sous les traits de Sienne, Bologne, Noli ou Cagliari (pas vraiment Marseille, en revanche). Mais surtout, j’ai particulièrement aimé que le récit évolue vers la Fantasy politique, l’un de mes genres préférées en Imaginaire. Bref, j’ai hâte de connaître la suite (même s’il va falloir attendre un an!) et je suis assez curieuse de découvrir la trilogie de Claire Duvivier sur la capitale du Nord, Dehaven. 

Autres avis : 

Asturn Blog

Célindanae

De livres en livres

Le Biblioscosme (Boudicca)

Le dragon galactique

Le nocher des livres

Les chroniques du chroniqueur

Lune

Sometimes a book

Vanille

Zoé prend la plume

25 commentaires

  1. Bon… j’ai un peu peur parce que je n’ai pas accroché au premier roman de Claire Duvivier l’an dernier et je crains de me lancer dans cette aventure assez grandiose. Mais comme c’est un autre auteur et que tu en parles si bien, je vais dépasser mes aprioris et tenter la découverte!

    Aimé par 2 personnes

  2. Je ne savais pas du tout qu’il faisait partie d’un grand projet éditoriale 😀 Tes explications détaillées dessus, me donne vraiment envie de tenter l’expérience !

    Aimé par 1 personne

  3. […] Ce premier roman particulièrement bien réussi de Guillaume Chamanadjian a tout pour me plaire! J’ai été sensible à l’univers urbain très détaillé que ce soit au niveau de l’architecture ou de la morphologie de Gémina que pour son aspect socio-culturel très développé (la structuration sociale de la cité et leurs interactions entre les différentes classes, la culture basée sur la poésie, la joute qu’elle soit intellectuelle (le jeu de la garde) ou physique (le tournoi de la Canopée) et la gastronomie). Évidemment, l’inspiration de l’Italie médiévale y est pour beaucoup et je me suis plusieurs fois surprise à imaginer Gémina sous les traits de Sienne, Bologne, Noli ou Cagliari (pas vraiment Marseille, en revanche). Mais surtout, j’ai particulièrement aimé que le récit évolue vers la Fantasy politique, l’un de mes genres préférées en Imaginaire. Bref, j’ai hâte de connaître la suite (même s’il va falloir attendre un an!) et je suis assez curieuse de découvrir la trilogie de Claire Duvivier sur la capitale du Nord, Dehaven. Vous pouvez retrouver ma chronique ici.  […]

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire