Vers Mars (Tome 2) de Mary Robinette Kowal

Quatrième de couverture : 

Alors qu’une sonde robotisée se pose sur Mars, prélude à une première mission habitée vers la planète rouge, Elma York embarque à bord de la navette qui la ramènera sur Terre après une affectation de trois mois sur la Lune. Mais le retour ne se passe pas comme prévu : un groupe de terroristes appartenant au mouvement Earth First profite de l’atterrissage en catastrophe du vaisseau pour prendre l’ensemble des passagers en otage.
Leurs revendications sont simples : l’arrêt de la conquête spatiale et la réaffectation du budget à la survie sur Terre. La Lady Astronaute parviendra-t-elle à leur faire entendre raison et, surtout, réalisera-t-elle son rêve : fouler, un jour, le sol martien ?

Editeur : Denoël – Collection Lune d’encre

Nombre de pages : 445

Prix : 24,00€

Date de publication : 6 octobre 2021

Mon Avis : 

Après mon coup de coeur pour le premier tome, Vers les étoiles, je ne pouvais décidément pas passer à côté de sa suite, Vers Mars. Raison pour laquelle je l’ai sélectionné lors de la Masse critique d’octobre et je remercie Babélio ainsi que les éditions Denoël pour me l’avoir envoyé. J’ai passé un très bon moment de lecture même si l’effet de surprise est passé et bien que je n’ai pas eu de second coup de coeur pour ce second opus. 

Le programme spatial sur la lune est un véritable succès : depuis le premier voyage en 1958, l’IAC (Coalition Aérospatiale Internationale) a établi une première base lunaire Lunetta, premier jalon de la colonisation de l’espace. Elma York devenue pilote sur les navettes de transport qui font la liaison entre la Terre et la Lune se demande si elle va poursuivre sa carrière ou se consacrer à son mariage et à sa famille. Alors qu’elle est de retour sur Terre en 1961, sa navette est prise en otage par des terroristes du Mouvement Earth First qui s’oppose au programme de colonisation de l’espace. Son sang froid lui permet de se sortir de cette situation épineuse et sa popularité s’en retrouve une nouvelle fois grandie. Son supérieur hiérarchique lui propose alors de faire partie du nouveau programme spatial vers la planète Mars. Après en avoir longuement discuté avec son mari Nathaniel, elle accepte…

Attention SPOILER : ma chronique qui suit, risque de dévoiler des éléments importants du premier tome Vers les étoiles. 

La suite d’une Uchronie…

Rappelez-vous dans le premier tome, une météorite est tombée en 1952 dans l’Océan Atlantique près de la côte Est des Etats-Unis : Washington est détruite et la nouvelle capitale s’établit à Kansas City. Si les effets à court terme sont spectaculaires et ont eu des conséquences désastreuses sur les Etats-Unis, ceux à long terme pourrait bien sonner le glas de toute l’Humanité. En effet, la catastrophe est en train de provoquer un réchauffement climatique sans précédent et les conséquences ne se font pas attendre : des épisodes climatiques violents s’accélèrent partout dans le monde provoquant tempêtes monstrueuses et crues de grande ampleur.  La course aux étoiles n’est donc plus un axe idéologique porté seulement par les Américains et les Russes dans le cadre d’une Guerre Froide écourtée mais bien un acte de survie pour toute l’Humanité menée par la coalition internationale IAC. Ainsi, les Hommes se sont rendus sur la Lune en 1958 (avec 11 ans d’avance par rapport à notre ligne temporelle) et ont développé une base lunaire Lunetta dont le développement technologique n’a pas d’équivalent dans notre Histoire. Mieux, après avoir envoyé des sondes sur la planète Mars, le premier vol habité constitué de trois navettes (La Pinta, La Nina et La Santa Maria du nom des trois navires de Christophe Colomb parti découvrir les Amériques en 1492) part en 1961. Le but : poser le premier jalon de la colonisation de la planète. 

… engagée…

Comme dans le premier tome Vers les étoiles, Mary Robinette Kowal aborde les thèmes :

  • Du sexisme : bien que des femmes fassent partie du programme spatial vers Mars, elles n’échappent pas aux différences de traitement vis à vis de leurs homologues masculins que ce soit à travers les tâches qui leurs sont confiées (notamment la cuisine et le linge car les hommes seraient « incompétents » dans ces domaines!), les attitudes des hommes à leur égard (Stetson Parker ne peut s’empêcher de faire des blagues sexistes et lorsqu’Elma le lui fait remarquer, il s’énerve lui reprochant son manque d’humour) et dans les médias (les articles de presse s’intéressent surtout à la teneur des discours des hommes et aux vêtements portés par les femmes!). 

Le premier homme sur Mars s’adresse aux Nations Unies

Aujourd’hui, le Dr Leonard Flannery a évoqué la future Seconde Expédition Martienne à la tribune des Nations Unies. Le Dr Flannery commandera cette mission qui vise à établir une colonie sur Mars. Dans son discours, il a a appelé les nations à travailler dans un esprit de concorde, pour offrir un nouveau foyer à l’Humanité sur notre planète. Il ne s’agit pas, a-t’il précisé, de remplacer la Terre, mais bien d’offrir aux Terriens de nouvelles frontières et de nouvelles opportunités. En tant que Noir, a-t’il conclu, il est la preuve vivante que tous les hommes sont égaux dans l’espace. Le Dr Flannery espère inspirer les générations futures.
Il a été rejoint à la tribune par son copilote, le Dr Elma York, la célèbre « Lady Astronaute » qui participe au programme spatial depuis ses débuts. Elma York portait un magnifique ensemble bleu, ainsi qu’un collier de perles. (P. 425)

  • Et le racisme : l’IAC est un programme international qui intègre des femmes et des hommes de toutes nationalités et de couleur. Là encore, ces dernier(e)s sont victimes de racisme : Helen Carmouche va être retirée de la première mission spatiale vers Mars au profit d’Elma York ; Vanderbilt DeBeer est Sud-Africain et un défenseur de l’Apartheid, il refuse d’être soigné par le Docteur Kamilah et a posé une affichette sur les toilettes du vaisseau pour interdire son accès aux Noire(s) du vaisseau. Les activistes du Mouvement Earth First qui ont pris en otage la navette d’Elma sont également à majorité de couleur : ils dénoncent le fait que si la colonisation de Mars réussit, les Noir(e)s ne seront jamais prioritaires pour partir ; c’est pourquoi, ils préfèreraient que les efforts des scientifiques et le budget national soient davantage consacrés à lutter contre le réchauffement climatique.  

… mais un peu en dessous du premier tome. 

Ma lecture a été agréable en raison de l’univers uchronique développé, le style d’écriture fluide et plaisant et sa documentation (dans les remerciements, l’autrice évoque toutes les personnes qui l’ont aidé à construire son récit pour le rendre le plus crédible possible). J’apprécie toujours autant le personnage d’Elma York : malgré son anxiété chronique et son manque de confiance en elle, ses compétences et son amour porté à Nathaniel vont lui permettre de surmonter les épreuves et d’acquérir le respect de ses collègues. J’ai également trouvé le personnage de Stetson Parker plus affiné que dans le premier tome, il apparaît moins manichéen et plus humain. 
Toutefois, quelques petits défauts m’auront fait passer à côté du coup de coeur : j’ai trouvé dommage par exemple que le roman ne débute que trois ans après le premier alunissage ; j’aurais voulu avoir plus de détails sur la construction de la base Lunetta. Il en est de même pour la mission pour Mars ; finalement, le lecteur assiste uniquement au voyage et très peu à la découverte de la planète rouge, j’ai eu une sensation de trop peu. Pour en revenir au trajet, l’autrice prend le parti de multiplier les rebondissements par la multiplication d’incidents techniques et de heurts entre les membres des équipages. Bien entendu, cela peut arriver, je pense mais j’avais le sentiment d’une surenchère. Dommage…

En conclusion, le second roman Vers Mars constitue une suite honorable à Vers les étoiles : bien qu’il soit émaillé de quelques défauts (manque de détails sur l’installation lunaire, surenchère des incidents techniques pendant le voyage vers Mars, personnages parfois un peu trop caricaturaux comme DeBeer, etc…), il n’en demeure pas moins intéressant par la qualité de son écriture, sa documentation technique, son engagement pour dénoncer le sexisme et le racisme ou le développement de son univers. Apophis dans sa chronique annonce que trois autres tomes sont prévus par la suite et je suis assez curieuse de poursuivre ma lecture. 

Autres avis : 

Apophis en VO 

Célindanae 

FeydRautha en VO

Le dragon galactique

Le Maki

9 commentaires

  1. J’ai beaucoup aimé aussi et comme toi j’attends le prochain roman du cycle qui se déroulera sur la Lune avec une nouvelle héroïne (ce qui permettra peut être de ne pas tomber dans une énième répétition !)

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  2. « finalement, le lecteur assiste uniquement au voyage et très peu à la découverte de la planète rouge » : peut-être que ce qui compte, ce n’est pas la destination mais le voyage ? (qui a dit ça déjà…?).
    Je vois ce que tu veux dire, et je comprends ton point de vue cela dit ! Je le garde en mémoire lors de la lecture future pour ne pas en attendre trop.
    Dommage aussi pour les personnages un peu trop clichés parfois et la surenchère de pb techniques… ça peut effectivement faire tiquer et casser un peu l’illusion.
    J’avais adoré vers les étoiles, que j’avais lu à Noël dernier, alors je pense bien faire pareil avec Vers Mars ^^

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  3. […] Le second roman Vers Mars constitue une suite honorable à Vers les étoiles : bien qu’il soit émaillé de quelques défauts (manque de détails sur l’installation lunaire, surenchère des incidents techniques pendant le voyage vers Mars, personnages parfois un peu trop caricaturaux comme DeBeer, etc…), il n’en demeure pas moins intéressant par la qualité de son écriture, sa documentation technique, son engagement pour dénoncer le sexisme et le racisme ou le développement de son univers. Apophis dans sa chronique annonce que trois autres tomes sont prévus par la suite et je suis assez curieuse de poursuivre ma lecture. Vous pouvez retrouver ma chronique entière ici.  […]

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