L’enterrement des étoiles de Christophe Guillemin

Quatrième de couverture : 

L’annonce de la fin est proche. A la cité des héritiers, le roi Jenophon reçoit la visite de l’oracle annonciateur. C’est le moment que choisit un cirque pour s’installer non loin et offrir un moment de joie. Cette compagnie de monstres de foire doit faire face à l’obscurité qui s’étend et découvrir la lumière intérieure, l’unité et l’harmonie comme derniers espoirs. Dans la nuit d’encre, les étoiles éphémères seront portées par ceux que la société rejette pour leurs différences.

Editeur : Mnémos 

Nombre de pages : 320

Prix : 20,00€

Date de publication : 25 février 2022

Mon Avis : 

J’avais repéré dès décembre la nouvelle Pépite de l’Imaginaire 2022 des éditions Mnémos (que je remercie au passage pour l’envoi de ce Service Presse) grâce à la magnifique couverture signée Abel Klaer. De plus, le titre poétique de l’ouvrage couplé à un synopsis mystérieux me donnaient très envie d’en savoir davantage. Malheureusement, le contenu du livre n’était pas vraiment ce à quoi je m’attendais et je dois dire que je suis sortie de ma lecture très partagée. 

Lorsque la troupe itinérante du Cabinet des Merveilles de Todestre arrive à Naacht, la cité des héritiers, le monde dans lequel ils vivent est en train de décliner inéluctablement. Depuis trois siècles, les étoiles ont disparu du ciel avalé par les ténèbres du firmament, des maladies étranges touchent les humains etc… Seul échappatoire : que la Prophétie s’accomplisse et permette aux humains comme aux anges déchus qui les gouvernent de fuir et de retrouver le chemin du Paradis d’Omorée perdu. Et si l’arrivée de la troupe de Todestre n’était pas due au hasard et avait un dernier rôle à jouer avant la fin du monde? 

L’enterrement des étoiles ou le mythe de la Fin du monde…

Les mythes de la Fin du Monde est un thème récurrent qui existe depuis très longtemps dans les civilisations anciennes et dans les religions. Je citerais ainsi deux exemples :

  • Dans la Bible et notamment l’Ancien Testament, la Terre est ainsi détruite par un Déluge auquel seul Noë qui a embarqué sur son Arche avec sa famille et des animaux survivent.
  • Dans les mythes nordiques, elle porte le nom de Ragnarok au cours duquel la majorité des dieux et des hommes sombrent. 

Mais si ces mythes ont la particularité de faire disparaître un monde, il s’agit avant tout d’un cycle car un nouveau naît sur les cendres de l’ancien.

Pour en revenir à L’enterrement des étoiles, le lecteur découvre au cours d’une pièce de théâtre (une sorte de mise en abyme) jouée par la troupe itinérante de Todestre, comment la Fin du Monde a commencé il y a trois cent ans. Le mortel Abracax a ainsi voulu sauver son peuple de la famine et des épidémies en se rebellant contre le dieu Oudath et en leur promettant le paradis. Si le rebelle en tuant la divinité, parvient à récupérer une partie du Verbe (c’est à dire d’avoir la capacité de créer des objets à partir d’illusions d’où la création de la caste des Mages), il a été puni pour son impertinence.
Résultat : le monde d’Abracax est en train de progressivement sombrer. Les étoiles ont disparu du ciel et le soleil lui-même va faiblir et s’éteindre. Les mortels ou « mal-nés » sont également frappés de maladies étranges. Ainsi, les deux enfants de la troupe Sébaste et Poppiela voient leur chair se transformer au fur et à mesure en écorce (cette maladie existe sous le nom de syndrome de l’homme-arbre).

… qui joue avec les codes de la Prophétie et de l’Elu…

Dans les mythes de la Fin du Monde, il est parfois question de prophéties qui l’annoncent et d’un Élu qui s’il ne parviendra pas toujours à arrêter la fin inéluctable, permettra tout de même à certain(e)s de survivre. La Fantasy a largement repris cette thématique au point qu’elle en est devenue aujourd’hui un cliché poussiéreux. Christophe Guillemin se joue de ces concepts de Prophétie et d’Elu. En effet, certains anges qui gardaient le paradis, se sont retrouvés coincés à Naacht après la mort du dieu Oudath. S’ils gouvernent désormais la cité des Héritiers, ils espèrent toutefois retrouver le chemin de leur paradis perdu d’Omorée. L’auteur montre ainsi comment les Prophéties peuvent être utilisées comme objet d’instrumentalisation par le pouvoir et l’Elu sous les traits d’Ylias, un des membres de la troupe itinérante, apparaît surtout comme un grand benêt manipulé malgré sa force phénoménale. 

… et des personnages peu attachants.

Si l’univers de Christophe Guillemin est intéressant et très développé, il n’empêche que je n’ai pas forcément adhéré à ses personnages. En effet, bien que les membres de la troupe soient tous représentés sous la forme de « monstres » : Sébaste et Poppiela qui ont la maladie de l’homme-arbre, Tristo atteint de nanisme et surnommé le Crabe en raison de sa main déformée, Ylias qui est muet, l’homme sauvage Joran, la magicienne Jyss, la déesse dorée Nypha, le vampire contorsionniste Matifas et le chef de la troupe Todestre, toutes et tous ne sont pas forcément très sympathiques dans leur caractère. Ainsi Todestre et Jyss sont de sacré(e)s manipulateur(ice)s tandis que Tristo est violent et jaloux (il forme d’ailleurs avec Ylias et Jyss, un triangle amoureux qui n’est pas franchement à mon goût). Pour en revenir aux personnages féminins, ils ne sont pas très positifs non plus et sont dépeints soit comme des victimes (Nypha) soit comme des manipulatrices (Jyss, Mether ou Izula). 

En conclusion, malgré un titre poétique et une couverture magnifique, L’enterrement des étoiles de Christophe Guillemin n’est pas vraiment le roman auquel je m’attendais. Si le côté mythe de Fin du monde est intéressant tout comme le fait que l’auteur joue avec les codes de la Prophétie et de l’Elu, je n’ai que peu apprécié les personnages. Surtout, ceux qui sont féminins ne sont pas très réussis et tombent dans le cliché victime/manipulatrice. Dommage…

Autres avis :

Célindanae

Fantasy à la Carte

Sometimes a book

Yuyine

Si quelqu’un souhaite découvrir le roman et se faire son propre avis, n’hésitez pas à me le dire en commentaire et j’organiserai un tirage au sort pour l’anniversaire des 6 ans du blog, dans une dizaine de jours.

17 commentaires

  1. En effet, nos avis se recoupent beaucoup. Le traitement des personnages, surtout féminins est le gros point noir du roman. C’est vraiment dommage parce que la promesse était très alléchante.

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  2. J’aime beaucoup la couverture de ce titre et le fait qu’il y ait une réinterprétation des prophéties et de l’élu me botte bien, ce malgré ce que tu dis sur les personnages. Et sauf si je confonds, une amie blogueuse l’a beaucoup aimé récemment en plus (j’attends son avis d’ailleurs^^). Je serais donc curieuse de me faire mon propre avis sur ce roman 😊

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  3. Bon, du coup pour apprécier ce livre, j’ai l’impression qu’il faut abaisser un peu ses attentes (en tout cas celles que la couverture a générées pendant de longues journées-semaines); ou sinon, ne pas en avoir, pour être ouvert à ce que l’auteur veut faire passer dans son livre (au-delà de la couverture donc).

    Par contre, je suis très embêtée par le traitement des personnages. Tout ceci me semble manquer de finesse et de nuance, et je pressens que ça va me faire grincer des dents. Mais l’avis de Fantasy à la carte est super aussi, et au contraire très positif quant aux personnages.

    Il va falloir que je me fasse mon propre avis… !

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  4. Trop de promesses dans le titre et la couv’… j’avoue que le roman ne m’attirait pas trop mais vu ton avis qui recoupe celui de Yuyine je vais passer mon tour.

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  5. […] Malgré un titre poétique et une couverture magnifique, L’enterrement des étoiles de Christophe Guillemin n’est pas vraiment le roman auquel je m’attendais. Si le côté mythe de Fin du monde est intéressant tout comme le fait que l’auteur joue avec les codes de la Prophétie et de l’Elu, je n’ai que peu apprécié les personnages. Surtout, ceux qui sont féminins ne sont pas très réussis et tombent dans le cliché victime/manipulatrice. Dommage… Retrouvez l’intégralité de ma chronique ici.  […]

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